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Immigration

Y a-t-il encore un avantage à être Français ?

Dans Causeur, Jacques de Guillebon écrit :

C "S’il y a d’évidents et de forts avantages à vivre en France, y en a-t-il encore à être français ? Avoir ses papiers en règle ici, à moins d’être très riche, c’est s’exposer à payer ses impôts comme un imbécile et le ticket modérateur comme un larbin. C’est s’exposer à devoir défendre sans cesse, par esprit imbécilement patriote et filial, l’histoire de France, sa culture, ses cathédrales, sa révolution, son Panthéon, son régime de liberté. C’est souffrir jour après jour du poids insoutenable de la mémoire de l’esclavage, de la colonisation, de la collaboration, des croisades et autres fariboles notoirement commises par les Français de toutes les époques. Perdre fortuitement ses papiers, se faire rayer de l’état-civil, c’est au contraire gagner le juste statut d’apatride. Devenir clandestin, c’est le début de la vraie vie. […]

Le statut d’apatride ou de clandestin vous confère des droits inaliénables : l’aide médicale d’Etat, par exemple, vous délivre définitivement de tout souci pour les soins médicaux. La France qui a bien à se faire pardonner vis-à-vis de vous vous offre tout, jusqu’à la chirurgie plastique si vous estimez devoir en bénéficier absolument. Et pensez ! Fini l’impôt sur le revenu, fini le loyer hors de prix : on se doit de vous reloger décemment, c’est votre droit opposable, et ne doutez pas qu’on mettra le paquet. Evidemment, le plus intéressant pour vous est de travailler au noir : pas de charges sociales, pas de revenu déclaré, à vous les allocs. Si vous êtes une femme, n’hésitez pas à ne pas vous marier ou à faire disparaître avec le reste de votre état-civil votre acte marital. Déclarez vivre seule avec quelques enfants, par mesure de justice élémentaire vous toucherez l’API, qui n’est pas d’un montant négligeable. Pour trouver du travail, rien de plus simple : vous êtes assez doué et irremplaçable pour venir pourvoir un poste en manque de personnel qualifié. Votre patron sera sans doute décoré in fine pour avoir pris le risque de faire travailler un clandestin qu’autrement l’inique système aurait réduit à la mendicité."

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13 commentaires

  1. Pourquoi une telle morosité ? N’a-t-on pas des portables autant qu’on veut pour envoyer des messages à des tonnes d’amis toute la journée ? N’a-t-on pas les Bleus pour permettre au bon peuple de se défouler dans les stades et devant les indispensables écrans plats ? N’a-t-on pas des émissions TV instructives et désopilantes à la fois ? N’a-t-on pas… tout ce qu’il faut pour être HEU-REUX ?

  2. Il ne reste plus qu’une chose à faire : cesser d’être citoyen de la république française ! C’est ce que je fais. Je n’ai pas de carte d’identité, je ne vote pas, je me contrefous allègrement de ce club privé auquel je n’appartiens pas, les fonctionnaires sont pour moi une troupe d’occupation.
    Ce faisant, je suis et je me sens bien plus français qu’auparavant : je suis français par le sang, par la langue etc. etc. etc. Et pour cela je n’ai pas besoin d’un papelard qui me le prouve.
    En outre, mon identité, je la tiens de moi-même, de ma filiation, de ce que je suis : ce n’est pas l’Etat, son état-civil et ses fonctionnaires de sous-préfecture, qui me disent qui je suis.
    Avoir besoin d’un papelard, c’est manquer de vie intérieure.
    Avoir besoin d’une carte d’identité, c’est douter de son identité propre.
    Donc : je refuse d’avoir une “carte d’identité”. J’ai un passeport, cela suffit pour toutes les formalités.
    Et sur le fond d’avoir la nationalité française (= la citoyenneté républicaine), je m’en fous de chez m’en fous ! Il paraît d’ailleurs, dixit le fonctionnaire de base que j’ai été voir (ainsi que je ne sais plus quel juge de province), que je ne suis pas français. Ce qui me réjouit fort, étant suffisamment français en moi-même pour n’être pas troublé par l’opinion d’une république éphémère.

  3. Il y a fort à parier d’ailleurs que , dans un avenir plus ou moins proche , la nationalité française sera considérée comme discriminatoire

  4. Bravo à Jacques de G.
    @Bergstein, votre posture romantique est plaisante mais ne pas avoir de carte d’identité pour avoir…un passeport je ne vois pas très bien la différence!

  5. Jacques de G oublie : en cas de guerre (on ne sait jamais…) pas de risque de mobilisation, contrairement aux Français.
    Et même bientôt le droit de vote !

  6. @ Benoît :
    Une carte d’identité, c’est un document administratif pour vous fliquer, vous encadrer, vous contrôler.
    Un passeport, c’est un document souverain qui dit aux autres Etats de vous laisser passer, circuler et séjourner. C’est bien plus chic !
    En outre, l’obtention d’un passeport n’est pas strictement liée à la nationalité. La preuve : mon cas ! Je n’arrive pas à obtenir un certificat de nationalité française (on me dit même que je ne suis pas français !), mais j’ai un passeport depuis 20 ans.

  7. Aujourd’hui, certains français louent, en longue durée, des voitures immatriculées en Belgique ou au Luxembourg.Ceci, dans le but d’échapper [théoriquement]aux radars.
    Compte tenu de l’ambiance actuelle, le pays limitrophe à la France, qui délivrerait des passeports de complaisance serait sur d’avoir du succès !

  8. quel est le lien pour devenir sans papier en France ?

  9. Merci à Jacques de Guillebon pour sa lucidité. Mais quand la majorité des Français comprendra-t-elle?
    Les “dys-tractions” qu’évoque ironiquement @Denis Crouan (auquel il faudrait ajouter le sexe omniprésent)constituent effectivement un faisceau de pesanteurs jouissives qui nous empêchent de regarder l’essentiel qui conditionne l’avenir. La majorité des Français a perdu le sens de ce qui est au-delà du principe du plaisir immédiat.

  10. CAILLO : il suffit de les perdre après avoir passé une frontière !

  11. L’article est du second degré ,voyons !

  12. Etre français ce n’est qu’avoir des devoirs ! Alors jeune (et quand je dis jeune, je veux dire très jeune) il m’était dit et répété souvent “occupe toi de tes devoirs ; pour tes droits, tu verras plus tard”.

  13. Qu’il y ait des abus à dénoncer dans certains avantages réservés aux clandestins comme l’AME, certainement.
    Qu’il faille pour autant prétendre que le sort du “sans-papier” moyen est préférable au statut de citoyen français, non. C’est de l’ordre du fantasme. Ces personnes fuient la misère de leur pays d’origine pour venir dans un pays ou, de fait, ils bénéficieront de certains avantages sociaux, sans pour autant devenir, que je sache, des nantis.
    J de G n’a d’ailleurs pas, semble-t-il, voulu dire cela.
    Le drame est que les clandestins aussi bien que les citoyens sont victimes du même système néolibéral mortifère.

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