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Il y a un an, Monsieur Jean Marc Sauvé rendait public le rapport de la CIASE

Il y a un an, Monsieur Jean Marc Sauvé rendait public le rapport de la CIASE

Comme il fallait s’y attendre, différents médias ont célébré à leur manière cet événement que les autorités de l’Eglise ne souhaitaient pas, apparemment, mettre en valeur aujourd’hui . Monsieur Jean Marc Sauvé président de la CIASE, a donc dû affronter la presse, ce qui est bien normal,  et  répondre aux questions des journalistes, notamment, celles très actuelles concernant les problèmes d’indemnisation des victimes d’abus. Je maintiens plus que jamais ce que Yohan Picquart et moi même avons écrit dans «  Le rapport Sauvé, une manipulation ? » paru cette année aux Éditions Via Romana, très exactement de la page 141 à 154. Le principe même d’indemnisation par une structure privée nous paraissait à plus d’un titre aventuré. Mais je ne reviens pas sur ce point, qu’on nous lise! En attendant, cette caisse d’indemnisation existe et fonctionne.

Mais voilà, pas assez vite pour certains, et même très mal pour d’autres ! Sur cette question, interviewé par France Info, le président Sauvé a fort bien répondu. Cette commission manque d’habitude (et heureusement dans un sens) et aussi de bras  et je crois sincèrement, comme Monsieur Sauvé, que les organisateurs vont y remédier. L’on doit croire le président Sauvé, je redis sa bonne foi, comme je l’ai toujours fait lors de nos échanges oraux, ainsi que dans le livre que j’ai co-signé avec Yohan Picquart.

Je répète que je n’ai jamais nié la réalité des abus. Je ne me suis attaqué qu’à la méthode des sondages utilisée par la CIASE et aux chiffres irréels auxquels elle est parvenue. Car, par ce moyen, elle s’autorisait à proposer des réformes complètement inacceptables par l’Eglise catholique, du moins pour certaines d’entre elles ! (voir notre livre)

Je crois en effet que c’est seulement à partir d’une évaluation objective de la réalité qu’il est possible de demander dans la justice, pardon pour les erreurs du passé et d’opérer une nécessaire conversion des cœurs, des mentalités et des comportements. Il nous a paru à Yohan Picquart, comme à moi-même, que les conditions de travail de la CIASE, tout comme ses méthodes ne répondaient pas à l’exigence que je viens d’exposer.

Nous sommes-nous crus autorisés pour cela à accuser personnellement le président Sauvé de quoi que ce soit ? Absolument pas !

Or ce vendredi 30 septembre, pour expliquer pourquoi il n’avait pas été reçu par le Saint Père, avec son équipe, le président Sauvé n’a pas hésité à se dire victime de «  coups tordus », qu’il connaissait d’expérience, venant de ceux qui l’avaient contesté. Aucun nom cité. Mais chacun sait qu’il s’agit des huit membres de l’Académie catholique et des deux auteurs du livre ! Pire, il les a accusés d’être « des anti François » !

C’est absolument faux pour les deux auteurs du livres, comme pour les membres de l’Académie catholique que je connais. Il est par exemple de notoriété publique, qu’au club des Hommes en noir, auquel je participe quelquefois, et qui pose souvent des questions souvent critiques, mais constructives, aux décisions du Saint Père, je prends systématiquement son parti, et dans mes écrits, je ne cesse de défendre la doctrine du Magistère depuis que je suis revenu au catholicisme,  quels qu’aient été les Papes  régnants !

Pourquoi alors, Monsieur le président Sauvé nous attribue-t-il le refus d’audiences dont il se dit victime de la part du Saint Père ? Nous ne croyons mériter «  ni cet excès d’honneur, ni cette indignité » – et le Pape non plus !  N’étant guère influençable, le Saint Père se fie à la prière et aux vertus du discernement, si chères aux Jésuites, ce que le président devrait savoir d’expérience.

Ne rappelait-il pas par ailleurs, dans le même registre de l’expérience, le 25 janvier 2017,  aux membres d’honneur de l’Académie des sciences et techniques comptables et financières que «  depuis sa création en 1799 par la Constitution de l’an VIII, le Conseil d’Etat (dont il fut vice-président) s’est employé à exercer avec rigueur et engagement ses fonctions, consultatives et juridictionnelles, celles-ci s’épaulant et se renforçant mutuellement dans le respect du principe d’impartialité ». Et c’est exact ! Le Conseil d’Etat est une école d’impartialité. Léon Blum l’incarna à merveille et eut le génie d’opérer la transposition dans le domaine politique, permettant des échanges et écoutes véritables , sans lesquels la vie parlementaire est inexistante, comme on le voit tristement aujourd’hui ! Ainsi Blum put-il dire à la Chambre: «  Chacun de nous, en écoutant un collègue, peut être frappé de la vérité d’un argument ou d’un raisonnement ; c’est d’ailleurs notre rôle et notre devoir ici. »

Comme Monsieur Sauvé me semblait loin de cette impartialité de la haute instance qu’il contribua à diriger jusque récemment. Sa présidence de la CIASE semblait l’avoir fait entrer dans l’arène politique, mais bien différemment de Léon Blum. Certes, il a écouté les victimes des abus sexuels dans l’Eglise et il a bien fait. Mais il apparaît qu’il a épuisé ses capacités d’écoute et ne voit plus maintenant, dans ce qui peut lui être objecté,  que mensonges ou «  coups tordus » au point de perdre son  calme, et d’affirmer qu’il ne se  rendrait pas à une invitation pontificale, si d’aventure elle advenait. Il serait trop tard et cela pourrait porter préjudice à l’épiscopat français …. Soit ! Bien que je ne comprenne pas très bien !

Ce qui m’apparaît évident, en revanche, à propos de nuisance vis-à-vis de notre épiscopat, c’est l’aventure financière dans laquelle le rapport de la CIASE l’a conduit ! Je  le dis avec la force tranquille de celui que Jean-Marc Sauvé servit avec brio en 1981, et que je combattis à la même époque avec moins de chance que lui ! Aveu de lucidité que Dieu ne m’a pas encore ôtée. Aussi puis-je voir avec tristesse, en ce premier anniversaire de la remise du rapport de la CIASE. Une personne mécontente de n’être pas reconnue comme ayant été abusée, il y a trente ans, ou mal reconnue. Estimant que les 20000 ou 60000 € proposés par la commission d’indemnisation étaient trop peu pour le préjudice subi, se tourner, avec un avocat vers un tribunal civil pour demander à un diocèse et à un ordre religieux, une somme qui peut atteindre 450000 €. Et il y a quelques 1300 personnes, en attente qui peuvent avoir la même réaction !

Les associations de victimes vont se réunir. Je comprends leur rancoeur, je n’ai jamais nié l’horreur de ce qu’elles ont endurée ! Elles ont souffert du silence des instances ecclésiastiques, qu’elles ont estimé complice de leurs maux. Elles souffrent maintenant de ce qu’elles ressentent comme un décalage manipulateur, relevant d’un jeu d’influence et de stratégie, entre le discours qu’on leur a tenu pendant l’enquête, et les résultats qu’elles en attendaient. Elles risquent fort d’allonger la liste de leurs griefs. Et il faudra les entendre !

Père Michel Viot, Paris ce 5 octobre 2022

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4 commentaires

  1. ” qui suis je pour juger un homosexuel “?
    a dit le protecteur de Mc Carrick.
    il fut un temps où l’ Eglise était très stricte sur cette question damnable.
    l’ aggiornamento et la pastorale de Vatican II ont détruit les interdits.
    une puanteur a suivi.

  2. Mon Père,
    Vous y allez gaiement de l’objectivité magistrale du Conseil d’Etat et de sa grande indépendance …
    Je pense tout le contraire vis à vis de cet instrument de pouvoir fondé sur le mélange des genres et tombé dans la confusion totale des pouvoirs.
    Tout n’est sans doute pas à jeter mais considérer M. Sauvé comme un chantre de l’indépendance et de la rigueur sur sa seule légitimité d’ancien Vice-Président du CE me semble relever d’un exercice totalement convenu pour ne pas accabler un homme qui d’évidence aura pêché soit par candeur, soit par cynisme.
    La vérité est qu’il a déroulé jusqu’au sommet une carrière de serviteur zélé d’une république maçonnique fondamentalement anticléricale.
    Qu’il fasse la tête de ne pas avoir été reçu par le Pape témoigne à l’évidence d’une dévotion pathologique et narcissique envers tout ce qui le dépasse.
    Imposture, mascarade et escroquerie cette fois encore et dont M. Sauvé est et reste soit l’idiot utile soit le complice. C’est lui qui a la réponse … et sans doute le Pape également, ceci expliquant cela peut-être.

  3. on ne me sortira pas de l’idée que d’attendre 20, 30 ou 40 ans pour se pleindre est “un peu” exagéré, et on retrouve les mêmes dérives dans les abus sexuels, de pouvoir, de”cuissage”, etc, que la classe politique connait actuellement, sans qu’une commission ou autre “machin” ne soit mis sur pieds pour enquêter .
    La mise en place d’instances pour dédommager les victimes, où trouveront-elles l’argent ? dans le denier du culte ? se sera alors sans moi ; dans les biens de l’Eglise ? de quel droit ? est-ce que cette dernière instance est responsable des actions de ses membres ? c’est contraire à notre droit, où chacun est responsable de ses actes ; alors où veut-on en venir ? la fin de l’Eglise se profile….

  4. Tout est bon pour salir l’Eglise , n’est-ce pas monsieur Sauvé ?………….. Tant de haine … Je vous plains !…..

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