Lu dans Les 4 Vérités :
Les médias ne bruissent que de cela: Nicolas Sarkozy a reçu Jordan Bardella le 1er juillet dernier. Mais ce qui est troublant, c’est précisément qu’une telle rencontre trouble.
On pourrait commenter si nous savions de quoi les deux hommes avaient parlé, s’ils avaient échangé des opinions dont nous aurions ignoré qu’ils les partageaient. Mais rien de cela: nous ne savons pas ce qu’ils se sont dit. Simplement qu’ils se sont vus. Autant dire que la seule raison d’en faire des gorges chaudes consiste à laisser entendre que Nicolas Sarkozy a rompu le sacro-saint « cordon sanitaire ». Or, c’est précisément ce « cordon sanitaire » qui devrait choquer les commentateurs de bonne foi: comment comprendre que des électeurs de Bruno Retailleau et de Jean-Luc Mélenchon s’entendent pour « faire barrage » à ceux de Jordan Bardella – alors que chacun sait que les électeurs de Bruno Retailleau et de Jordan Bardella ont des préoccupations très proches sur de nombreux sujets ?
Cependant, la disparition du « front républicain » n’est (hélas) pas à l’ordre du jour. Ni du côté de Nicolas Sarkozy, dont l’entourage a déclaré: « C’est surtout une discussion sur les relations humaines plutôt qu’un rendez-vous politique. » Ni du côté de Jordan Bardella, dont le parti vient de mettre un coup d’arrêt à la timide dynamique d’union des droites qui se mettait en place depuis les dernières législatives. Pour les municipales de 2026, le RN a effectivement fait savoir qu’il n’y aurait pas d’alliance avec IDL, le parti de Marion Maréchal. Plus exactement, IDL peut présenter des candidats, mais à la condition que ces derniers soient investis par le RN et ne mettent pas le logo d’IDL sur leurs tracts.
Le RN veut bien des candidats alliés … à condition qu’ils soient RN! Intéressante conception de l’alliance. Il paraît que cette décision sanctionnerait l’abstention des 3 députés IDL sur un texte RN relatif aux retraites. C’est possible, mais cela serait consternant. D’autant que l’on dit aussi que les dirigeants du RN avaient refusé que les élus IDL se rattachent au groupe UDR d’Éric Ciotti – qui, lui, a pu s’abstenir sans déclencher la foudre. UDR reste donc le seul parti à être en mesure de s’allier avec le RN. Pour combien de temps ? On voit mal pourquoi les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets et pourquoi le sectarisme ambiant n’aurait pas, à son tour, raison de cette alliance naissante.