Lu dans Minute du 11 août :
"Les routes européennes bloquées pour cause de ramadan, vous y croyez ? Non ? Eh bien vous avez tort. Les musulmans résidant en Europe, notamment en Espagne et en France, ont aggravé les embouteillages le week-end dernier pour cause de début de ramadan. Car ils sont massivement « rentrés » pour faire ramadan ici plutôt que là-bas. […]
Le problème, c’est que le ramadan « au bled », en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, ça ressemble un peu à Guéret (Creuse, France) sous le régime du couvre-feu. Le Maghreb vit au rythme du jeûne, soit dans une lente pesanteur juste troublée par les coups d’oeil inquisiteurs des gardiens du Coran veillant à ce que chacun respecte la divine prescription. Autant dire que pour nos jeunes banlieusards, qui ne peuvent plus s’« éclater » sur les plages du sud de la Méditerranée ou de la côte atlantique marocaine, c’est l’enfer (pardon pour le blasphème). Quelque chose comme Guéret (Creuse), vous disait-on, à l’heure du couvre feu et coincé dans la maison d’arrêt, et sans même la partie de foot dans la cour ni TF1 dans la cellule. Aussi ont-ils pris l’habitude, avec un sens de la prévoyance qui n’est pas incompatible avec le respect des prescriptions religieuses mahométanes, de partir en vacances « au bled » avant le ramadan et de revenir en France pour le ramadan, organisation qui touche tout autant les « trabendistes » (ceux qui « tiennent les murs », autrement dit les glandeurs) que ceux qui travaillent et reprennent donc le labeur… avec des horaires aménagés, puisque la France, fille aînée de l’Eglise, juge conforme tant à son identité qu’à ses valeurs républicaines d’accorder aux jeûneurs du ramadan de travailler moins en gagnant autant et d’enchaîner congés payés et ramadan qui l’est tout autant. Alors que, faut-il le rappeler, le ramadan consiste à s’abstenir de manger, de boire, de fumer et de faire du boogie woogie entre l’aube et le crépuscule, lequel n’est pas fixé par l’apparition de la lune mais par le moment où, comme l’édicte le Coran, « il n’est plus possible de distinguer le fil blanc du fil noir ». Précisons pour les mécréants que le Coran a été rédigé avant l’invention de l’électricité.
Qu’ils soient Tunisiens, Algériens ou Marocains, les musulmans résidant en France – et que l’on a un peu trop tendance à appeler les « musulmans français » – voulaient donc être rentrés à temps, quitte à décaler leurs vacances et à faire commencer leur séjour « au bled » dès le mois de juin. En tout cas, le pic des retours était bien fixé à la période du 6 au 8 août selon Aigle Azur, voyagiste qui gère le déplacement de 800 000 voyageurs annuels entre la France et le Maghreb (aller-retour, hélas)."