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Europe : politique

“Ils veulent sauver l’euro jusqu’au dernier Grec vivant”

L'expression, employée en… 2011 par l'économiste Marc de Scitivaux, l'un des premiers à avoir anticipé les conséquences financières de la crise du subprime, peut s'appliquer à l'accord européen conclu avec la Grèce – un accord qui non seulement ne rend pas sa dette plus soutenable, mais lui fait perdre une partie de sa souveraineté :

"La Grèce a jusqu'à mercredi soir pour légiférer sur une liste d'«actions prioritaires» qui bouscule toutes les lignes rouges dressées par Athènes depuis cinq mois. Généralisation d'une TVA alourdie et refonte du coûteux système de retraite, bien sûr. Mais aussi limitation de la souveraineté budgétaire: il s'agit, précisent les dix-neuf, «d'introduire des réductions quasi automatiques des dépenses en cas de dérapage» par rapport aux objectifs d'excédent.

Une fois ces lois passées à la Vouli et le feu vert impératif donné par le Bundestag et cinq autres parlements (Autriche, Estonie, Finlande, Pays-Bas et Slovaquie), la discussion effective du plan de sauvetage pourra débuter. Alexis Tsipras, figure de proue de l'extrême gauche européenne, devra alors avaler d'autres couleuvres: la poursuite du mandat du FMI au-delà du printemps 2016, l'introduction de procédures de licenciement collectif inédites en Grèce, le «réexamen rigoureux» du pouvoir syndical et des négociations collectives [ndlt : et la légalisation du travail le dimanche].

Politiquement, les mains du premier ministre, ou de son successeur, seraient liées pour trois ans. Le gouvernement «devra consulter les institutions (créancières) et convenir avec elles de tout projet législatif» lié au plan de redressement, et ce «avant de le soumettre à la consultation publique ou au Parlement», insistent les dix-neuf. Plus de référendum, donc. La Grèce perd une partie de sa souveraineté. La troïka, officiellement réinstallée d'un même trait à Athènes, obtient des pouvoirs qui s'apparentent à ceux d'un régent."

La mesure censée apporter de l'oxygène à la Grèce ne règlera rien. Athènes devra en effet mettre en place un fonds de privatisation dont l'objectif sera d'engranger 50 milliards d'euros : la moitié ira aux banques, et seulement un quart au service de la dette et un quart aux investissements. En attendant, la Grèce continuera d'être rachetée morceau par morceau par des intérêts étrangers, dans des proportions bien plus importantes que par le passé. Voilà ce qu'elle a déjà perdu (pour 7,7 milliards €, une paille à côté des 50 milliards qu'elle doit maintenant trouver) :

"Après la victoire de Syriza en janvier, plusieurs ministres avaient annoncé l’arrêt de certaines privatisations, notamment celle du Port du Pirée au grand dam des Chinois qui gèrent déjà l’un des ports de marchandises. Mais Alexis Tsipras a tranché en faveur des privatisations, à l’exclusion de celles concernant les sociétés de l’eau ou de l’énergie.

Les principales privatisations en cours sont celles de la compagnie de chemin de fer, Trainose, des ports du Pirée et de Salonique, ainsi que plusieurs marinas.

Depuis 2011, Taiped a mené à bien une vingtaine d’opérations. La plus importante est celle de la concession de quatorze aéroports régionaux accordée en novembre 2014 à une entreprise allemande, Fraport, associée à une société grecque, pour un montant total de 1,2 milliard d’euros. C’est la plus grosse privatisation réalisée à ce jour.

La vente du site de l’ancien aéroport d’Athènes, Hellenikon, un immense terrain laissé à l’abandon depuis 2004, en bord de mer, a été confié à l’une des principales grandes familles grecques, les Latsis, associée à un fonds chinois et un fonds d’Abou Dhabi, pour 900 millions d’euros. L’affaire a suscité des polémiques car le bien avait été évalué à plus de 3 milliards d’euros.

La société de jeux, l’OPAP, a été cédée à un consortium gréco-tchèque, Emma Delta."

Voilà quelques jours, Nigel Farage conseillait à Alexis Tsipras de quitter, la tête haute, la zone euro :

 

Marc Scitivaux, doué pour les prédictions donc, ne disait rien d'autre en 2011, face au chef économiste de Goldman Sachs (la banque qui a non seulement aidé la Grèce à camoufler sa dette, mais a spéculé sur son dos par la suite) :

 

Le ministre grec des Finances était prêt à prendre le contrôle de la banque de Grèce et appliquer une décote sur les obligations grecques pour obtenir un accord plus favorable, quitte à diriger le pays vers une sortie de la zone euro. Avec Angela Merkel et François Hollande, Alexis Tsipras a choisi l'euro. Pour combien de temps ? Le terme "Europe" nous vient certes de la Grèce, mais aussi celui de "chaos".

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9 commentaires

  1. le fond du problème n’est pas changé : la Grèce n’aura jamais les moyens de rembourser sa dette, et on n’a fait que reporter à plus tard l’échéance de la vérité

  2. Je ne comprends pas pourquoi Goldman Sachs n’est pas trainée en justice; les Américains traînent bien en justice des banques françaises. Qui pourra m’expliquer?

  3. La Providence est avare de grands hommes.M.Tsipras n’a pas franchi le Rubicon.

  4. les mondialistes et le grand capital ont gagné une bataille, la guerre n’est pas finie !
    les peuples doivent récupérer leurs indépendances, cela ne peut se faire qu’avec une reconstruction économique saine avec valorisation du travail et de l’entreprenariat! Trop de PME disparaissent car elles doivent s’aligner sur les devis de groupes nationaux et la concurrence déloyale d’entreprise extra nationale!
    l’hégémonie de l’Allemagne doit être combattue, mais à la condition qu’on s’en donne les moyens!
    La Grece n’est pas maitre de son destin, cela doit nous servir de leçon.
    l’avenir se prépare!

  5. Je suis étonné que Nigel FARAGE, indifférent aux question de bio éthique, ait la préférence du Salon BEIGE pour l’expression d’une position rationnelle sur la nécessité pour la Grèce de quitter l’Euro.
    Marine LE PEN a dit cela bien mieux que M. FARAGE qui lui est étrangement silencieux sur le TAFTA le fameux traité transatlantique dont il ne conteste pas l’ensemble du projet. Elle a rappelé que les GRECS vivent ce qu’ont vécu les Français avec Nicolas SARKOZY avec le référendum démocratique avorté sur l’Europe : cela gêne beaucoup de gens de droite, tjrs crédules sur l’UMP et les REPS, et on dirait que c’est en cela que Marine LE PEn doit être excamotée. https://youtu.be/4uAlu4abNRU
    Car tout ceci se tient : €urope de Bruxelles, ou Europe des Nations, Europe indépendante des blocs ou Europe vassalisée.
    Nigel FARAGE est du côté de la vassalisation US.
    C’est un faux défenseur de la liberté : il ne défend que le monde anglo saxon, étant issu lui-même des milieux financiers londoniens.

  6. Nolger,
    parce qu’il existe des entreprises qui comme certains corsaires des temps anciens, sont devenues plus riches que bien des états, et que entre autre, la federal reserve américaine n’est pas une institution nationale publique, mais une chose de droit privé.
    Avec les accords transatlantiques prochains, ces même entreprises internationales de finance ou d’industrie, auront un droit de justice vis à vis des états d’europe.
    C’est une véritable féodalisation, et c’est la conséquence des doctrines et des pratiques ultra-libérales, comme celle de “l’état veilleur-de-nuit” ( on ne laisse à l’état que le devoir de garantir la propriété des bien, tout le reste est à privatiser).

  7. Tsipras ou le synonyme de capitulation en rase campagne sans combattre.
    Gamelin, le Hollande version militaire, calamiteux, a fait la même chose en mai 1940, on a vu la suite …

  8. l euro dictature est bien vivante ce sont les grecs qui sont morts si ils se laissent faire

  9. Monsieur Farage a tout à fait raison de conseiller à la Grèce de sortir de l’euro.
    La Grèce est enserrée par une des tentacules de la pieuvre et il est grand temps de la couper s’ils veulent se libérer.

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