Benoît et moi a traduit une conférence tenue en novembre dernier par Massimo Introvigne à Rome sur le thème de l'immigration face à la DSE. En 1997, le cardinal Ratzinger s'était exprimé sur l'accueil des immigrants :
"Notre devoir est d'aider ces gens à rentrer chez eux et à y construire une vie digne. Cela doit être la perspective. Mais aujourd'hui, en attendant ce retour, nous devons leur offrir l'hospitalité".
Plus récemment, à Malte, et en particulier dans l'avion, Benoît XVI a abordé cette question, disant aux journalistes :
"Malte est le lieu où les réfugiés arrivent d'Afrique et frappent à la porte de l'Europe. C'est un grand problème de notre époque qui ne peut malheureusement pas être résolu par l'île de Malte. Nous devons tous répondre à ce défi, travailler pour que chacun puisse, sur sa terre, vivre dignement. D'autre part, nous devons faire notre possible pour que ces réfugiés trouvent tous, ici où ils arrivent, un espace de vie convenable. Une réponse à un grand défi de notre temps: Malte nous rappelle ces problèmes et nous rappelle aussi que la foi est la force qui donne la charité, et donc aussi l'imagination pour bien répondre à ces défis."
Massimo Introvigne part de la doctrine sociale de l'Eglise, et notamment l'encyclique Caritas in Veritate pour traiter ce sujet qui divise les catholiques.
"Dans la Magna Carta de la doctrine sociale de l'Eglise pour le XXIe siècle, l'encyclique Caritas in veritate, Benoît XVI établit trois principes de base relatifs à l'immigration, qui – souligne-t-il – est "difficile à gérer", comporte des "défis dramatiques" (n°62) et ne tolère pas de solutions expéditives.
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Le premier est l'affirmation des "droits des individus et des familles qui ont émigré" (ibid.). Une fois arrivés dans le pays de destination, le migrant doit se voir reconnus des «droits fondamentaux et inaliénables» (ibid.) et doit toujours être traité comme une personne, jamais "comme une marchandise" (ibid.).
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Le deuxième principe est qu'on doit également sauvegarder les droits "des sociétés d'accueil de ces migrants" (ibid.): Non seulement droits à la sécurité mais aussi à la défense de leur intégrité et de leur propre identité.
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Le troisième principe concerne les droits de la société de provenance des migrants, qu'il convient de veiller à ne pas vider de ressources et d'énergie, les privant par l'émigration de populations qui seraient utiles et nécessaires dans le pays d'origine. Il faut toujours porter attention à «l’amélioration des conditions de vie des personnes concrètes d’une région donnée, afin qu’elles puissent accomplir ces tâches qu’actuellement leur indigence ne leur permet pas de remplir.» (n ° 47): avant tout, là où ils sont nés, et sans être induites ou forcées à émigrer.
Pendant le voyage de 2008 aux États-Unis, Benoît XVI avait précisé:
«La solution fondamentale est qu'il n'y ait plus besoin d'émigrer parce qu'il y a au pays suffisamment d'emplois, un tissu social suffisant, de sorte que plus personne n'ait besoin d'émigrer. Donc, nous devons tous travailler pour atteindre cet objectif de développement social qui permettrait aux citoyens de travailler, et d'avoir un avenir dans leur pays d'origine» (Interview du Saint-Père pendant le vol vers les États-Unis, 15 avril 2008). la suite.
Pimousse
Merci pour cet article qui permet un peu mieux de comprendre certaines interpellations de notre Saint Père.
Marie
Toute l’opposition est là. Mais pour l’Ennemi, favoriser l’immigration = favoriser le déracinement = favoriser l’absence d’identité, religieuse notamment. Et en particulier la religion chrétienne qui est la seule à atteindre un tel niveau d’inculturation.
SD - Vintage
pour cela, l’Occident devra s’asseoir sur le principe de « souveraineté nationale » pour contourner les potentats et la corruption. Mais après tout, ce principe n’est pas gravé dans le marbre. Reste à nos dirigeants d’en avoir la volonté
Exupéry
Le Saint-Père dit bien ce qu’il dit, et il ne doit et ne peut dire autre chose.
Au demeurant, le problème c’est quand les “droits des individus et des familles qui ont émigré”, empiètent, de fait, sur les droits “des sociétés d’accueil de ces migrants”.
Le chrétien doit partager, certes, mais est-ce légitime que d’autres instrumentalisent ce devoir, devenu habitus des sociétés que les chrétiens ont fondées, en s’invitant par millions?
Quadrature du cercle…
gm
D’accord avec le commentaire d’Exupéry.
Il faut se fixer des limites et savoir dire que trop c’est trop… sinon nous sommes submergés et empéchés de vivre selon notre propre culture. C’est un droit essentiel que l’on consteste âprement à l’accueillant !
Il faut aussi considérer que nous avons besoin de NOS richesses d’abord pour éduquer et former nos enfants et pouvoir vivre convenablement.
Or tout ceci n’est plus pris en compte depuis longtemps par les “politiques” qui décident SEULS de la gestion du bien commun et même de notre façon de penser.
En d’autres époques, pour arrêter l’envahisseur, les peuples envahis se seraient défendus en prenant les armes, c’est ce que veulent les “politiques” ?
Benoit
C’est tout de même, avec toute l’admiration et le respect que j’ai pour notre Saint Pere, c’est tout de même un peu “bisounours” comme discours.
Oui il faudrait aider les pays à se developper mais cest pays ne VEULENT PAS qu’on les aide et la communauté internationale non plus. Oui il faut accueillir dignement les étrangers mais nous n’avons plus. Je ne souhaite pas lancer un débat mais parfois on peut se dire que le discours est un peu en décalage avec la réalité. J’imagine que ce discours est inaudible et insupportable aux Serbes du Kosovo ou aux Français de Roubaix ou du Vaucluse.
Ne s’agissant ni de foi, ni de moeurs il me semble qu’il peut être discuté, voir critiqué négativement.
alain21
Je vous invite à lire ce dossier publié sur le site d’ichtus “les chrétiens face à l’immigration” qui fait le point sur la question .
http://www.ichtus.fr/ichtus_article_pdf.php3?id_article=326
pg
@benoît
Pas certain que ces pays ne veulent pas être aidés : ce sont leurs fausses élites qui empêchent ou détournent toutes les aides internationales, d’où ensuite la réticence des organisations internationales qui ont constaté l’échec de l’aide au développement.
Les peuples des PVD aspirent à être aidés : il suffit de voir ce que réussissent les congrégations religieuses en matière d’enseignement, de conseil agricole, d’aides aux femmes et aux familles, de santé, etc…. avec des moyens dérisoires par rapport à l’aide ”internationale” publique. C’est sur ce point que le St Père aurait peut-être pu préciser : ce qui manque le plus, c’est du conseil et de la formation des hommes, une moralité, l’apprentissage du respect de la personne et de l’engagement, plus que de l’argent, des routes, des barrages, etc…..
K
Bravo, Très Saint Père.
Voilà qui est conforme au plan de Dieu.
” La solution fondamentale est qu’il n’y ait plus besoin d’émigrer parce qu’il y a au pays suffisamment d’emplois, un tissu social suffisant, de sorte que plus personne n’ait besoin d’émigrer.”