Dans Le Figaro d’hier, Nicolas Sarkozy plaidait pour son concept d’ "immigration choisie".
Comme souvent dans les tribunes du président de l’UMP (on pense à la discrimination positive), le raisonnement est parcouru de failles logiques béantes.
M. Sarkozy rappelle certes l’injustice que représenterait pour les pays pauvres une immigration "choisie" définitive, qui les priverait, et les prive déjà, de leurs élites :
[L]a fuite des cerveaux est bien une réalité, massive, comme le souligne un rapport de la Banque mondiale «Migrations internationales, transferts de fonds et fuite des cerveaux», publié en novembre 2005. D’après ce document, certains pays d’Asie, d’Afrique et des Caraïbes ont perdu 60% de leurs travailleurs qualifiés. […] [S]elon une étude de la revue médicale The Lancet de novembre 2004, il manque 4 millions de professionnels médicaux dans les pays les plus pauvres, en particulier en Afrique. Seuls 50 des 600 médecins formés en Zambie depuis 1964 n’ont pas quitté ce pays. La ville de Manchester compte plus de médecins malawites que tout le Malawi.
M. Sarkozy veut que cette immigration ne soit que temporaire (il parle de trois ans), avec à la clef un retour dans le pays d’origine.
Mais la faille essentielle du discours de M. Sarkozy est d’appeler "immigration" un dispositif qui s’apparenterait alors à un stage de longue durée. C’est une ambiguïté qui ou bien suscitera de faux espoirs chez les bénéficiaires, ou bien présage du fait qu’on n’a aucune intention de faire appliquer le volet "retour au pays." Le résultat serait alors bien la "fuite des cerveaux" que décrit M. Sarkozy.
Ici, la présentation du projet sur le site de l’UMP. Ici, la réaction du FN et ici celle du MPF.