Yves Meaudre, président d’Enfants du Mékong, analyse la réalité de l’immigration, loin des clichés :
"Aujourd’hui, le mythe est européen. Mais la France a dit non. (…) Un examen exigeant découvre que nos compatriotes ont voulu préserver l’être de leur nation et récusé l’abandon de leur liberté politique. (…) Dans le même esprit, de façon presque unanime (80% !), ce même peuple français plébiscite la loi sur l’immigration présentée par le ministre de l’Intérieur. (…)
Car le Français qui est père projette l’avenir de son enfant à travers l’avenir de son pays. Sans doute un théoricien désintéressé peut-il invoquer les droits de l’homme. Multiplier les discours sociaux, s’épuiser même dans l’assistance sociale des miséreux. Mais pas sans assimiler ce que des parents vivent dans leur chair — pour leurs enfants.
"Je ne veux pas que mon enfant soit géré par la charia" me confesse avec ses mots la mère de Priscilla, d’origine sri-lankaise. Elle n’hésite pas à me dire qu’elle a fait un choix "incorrect" aux élections présidentielles. On est assez loin des propos de Vincent Cassel (…). L’homme qui s’est enrichi grâce à La Haine habite-t-il Villeneuve-la-Garenne dans la barre de l’avenue Saint-Exupéry ? J’en doute.
Car telle est la profonde question qui se profile derrière le problème de l’immigration. "L’immigration issue des pays musulmans mérite une réflexion spécifique, vient de dire Benoît XVI, non seulement en raison de l’importance quantitative du phénomène, mais surtout parce que l’islam a une identité caractéristique, aussi bien d’un point de vue religieux que d’un point de vue culturel." (…)
La dhimitude existe de fait. Pourquoi ? Parce que le droit n’existe plus. Une autre société où la relation se fonde sur des rapports de force prédomine et définit les hiérarchies. Les jeunes de banlieue le savent et s’organisent dans une société de type féodal dans le meilleur des cas, de type mafieux pour être plus proche de la vérité. "Si je ne suis pas le plus méchant en classe, je serai méprisé et serai le souffre-douleur" me confie Ibrahim. (…)
Très honnêtement, la longue expérience d’Enfants du Mékong dans les banlieues dites “sensibles” et en vertu de la légitimité acquise par les services rendus de nombreuses associations amies en prise avec des problèmes concrets, nous ne pouvons qu’être d’accord avec le projet de loi Sarkozy, un projet d’ailleurs timide sur bien des points. Nous avons, nous mêmes, imposé une discipline aux candidats qui veulent étudier ou travailler en France. Des auditions dans les pays d’origine, des examens pour évaluer leur capacité à s’insérer dans un système éducatif sont devenus systématiques. Et l’obligation de rentrer au pays pour redonner ce qu’ils ont reçu fait l’objet d’un contrat. (…)
S’il s’agit de faire de l’aide sociale, faisons-la sur place. (…) Proposons une coopération privilégiée entre un pays du Nord et un pays du Sud sur la durée d’une génération (vingt-cinq ans) et sur la base d’un cahier des charges cosigné par les deux partenaires."