D’Aurelio Porfiri, éditeur et écrivain catholique italien, pour le Salon beige:
Parmi les nombreux chants de Noël à notre disposition, il en est un qui n’est pas très populaire, mais qui mérite d’être considéré avec plus d’attention. Comme Puer Natus in Bethlehem, il résume le sens du temps de Noël en utilisant un texte et une mélodie d’un impact immédiat.
Il s’agit de In Natali Domini, un hymne avec refrain probablement composé au XIVe siècle, époque où la création d’hymnes, de séquences et de tropes était particulièrement florissante. Il existe de nombreuses similitudes entre ce chant et Puer Natus in Bethlehem, non seulement dans le caractère modal et syllabique de la composition, mais aussi dans la structure du texte. Ce texte établit un lien indissoluble entre le Fils et la Mère, notamment dans le refrain qui ponctue chaque strophe : Virgo Deum Genuit, Virgo Christum Peperit, Virgo Semper Intacta (La Vierge a engendré Dieu, la Vierge a enfanté le Christ, la Vierge est toujours restée intacte).
Vittorio Messori, dans son ouvrage Hypothèses sur Marie, observe :
“La Mère, comme on l’a noté, et comme je l’ai moi-même expérimenté, se découvre plus tard, lorsque l’on entre dans l’intimité avec le Fils et que celui-ci vous fait pénétrer « à l’intérieur de la maison ».”
Ainsi, en approfondissant le mystère du Fils, on entre également dans l’étreinte de la Mère, la Virgo Semper Intacta.
Dans le premier verset, il nous est signifié que la Nativité du Seigneur est aussi une raison de chanter : il est dit que les anges se réjouissent et, avec allégresse, chantent Gloria au Dieu unique. Saint Jean-Paul II, dans sa première homélie de Noël en tant que Pape (24 décembre 1978), déclarait :
“Nous nous trouvons dans la Basilique Saint-Pierre à cette heure inhabituelle. Nous avons pour toile de fond l’architecture dans laquelle des générations entières, au fil des siècles, ont exprimé leur foi dans le Dieu incarné, suivant le message apporté ici, à Rome, par les apôtres Pierre et Paul. Tout ce qui nous entoure nous fait entendre la voix des deux millénaires qui nous séparent de la naissance du Christ. Le deuxième millénaire avance rapidement vers son terme. Permettez que, tels que nous sommes, dans ces circonstances de temps et de lieu, j’aille avec vous vers cette grotte des environs de Bethléem, au sud de Jérusalem. Faisons en sorte d’être tous ensemble plutôt là-bas qu’ici : là où, ‘dans le silence de la nuit’, se sont fait entendre les vagissements du nouveau-né, expression perpétuelle des enfants de la terre. Et, en même temps, s’est fait entendre le ciel, ce ‘monde’ de Dieu qui habite dans le tabernacle inaccessible de la Gloire. Entre la majesté du Dieu éternel et la terre-mère qui se manifeste avec le cri de l’Enfant nouveau-né, s’entrevoit la perspective d’une nouvelle Paix, d’une Réconciliation, d’une Alliance : ‘Voici que le Sauveur du monde est né pour nous’. ‘Les extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu’.”
Ainsi, nous entendons le ciel dans cette joie angélique, nous la percevons et désirons y participer, tout en prenant soin de ne pas bâtir de faux « paradis » sur terre, qui se révèlent toujours des enfers.
Dans le deuxième verset, cette tension entre le ciel et la terre, résolue dans une nouvelle harmonie grâce à l’Incarnation, est rappelée par l’annonce de l’Ange et la préfiguration des Prophètes, ici Ézéchiel, de ce Fils que le Père nous envoie pour rétablir l’harmonie blessée par le péché. Cela ne nous empêche pas d’être des pécheurs : nous sommes toujours sur le point de chuter et chutons souvent, mais nous portons toujours dans notre cœur cette harmonie, cette orientation fondamentale vers laquelle nous pouvons nous diriger et revenir.
Le Père Paolo Scquizzato, dans son Éloge de la vie imparfaite, écrit :
“Le Dieu de la Révélation entre dans les histoires blessées et ratées pour faire avancer « son » histoire de salut. Une histoire de salut qui utilise des matériaux que les hommes considèrent toujours comme du rebut, mais qui, à ses yeux, sont précieux et indispensables, même s’ils sont malades (cf. 1 Co 1,28).”
En effet, Dieu entre dans nos histoires blessées pour ramener l’harmonie. Sa miséricorde est « harmonique », rappelant aussi ce qui est juste.
Dans notre chant, la joie que l’événement de Noël apporte aux hommes, représentés par les bergers, est également réitérée. Cette synergie entre le ciel et la terre ne peut être qu’un don gratuit venant d’en haut. Dans l’une des dernières strophes, le chant fait allusion à l’Épiphanie, où les mages rendent hommage à la royauté du Seigneur avec de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
Réfléchissons à tant de « pauvreté liturgique » aujourd’hui. Pourtant, à Dieu, les plus hauts honneurs et l’art le plus élevé sont dus. Les mages adorent Dieu, offrant de l’or, de l’encens et de la myrrhe. C’est ce que proclame ce verset. À travers nos efforts, même esthétiques (mais non « esthétisants »), nous nous rapprochons toujours davantage, avec la médiation de la Bienheureuse Vierge Marie, de Celui qui a réconcilié le Ciel et la terre.