Répondre à l'inculture des journalistes (comme Moreira) ou des politiques, ce n'est pas surréagir, c'est instruire. Par amour pour la vérité. Généralement, les chrétiens qui refusent de réagir le font, non pas par charité, mais par ignorance. Ainsi, le père Matthieu Rougé, curé de Saint-Ferdinand-des-Ternes à Paris répond sur le Figarovox à Daniel Cohn-Bendit, qui a osé déclarer :
«Les États-Unis c'est, dans beaucoup d'États, la peine de mort. C'est, si vous voulez, la civilisation judéo-chrétienne, c'est l'idée de la vengeance: ‘œil pour œil, dent pour dent'».
Pour le père Rougé, «Dany le rouge» fait, un contre-sens majeur sur la portée de la loi du talion dans l'histoire des civilisations et des religions :
"Le commandement «œil pour œil, dent pour dent» se trouve bel et bien dans les Écritures (Exode 21, 24) mais il y constitue une injonction à limiter la violence et non pas à la laisser se développer. La sensibilité humaine, livrée à elle-même, est toujours tentée de réagir plus violemment que l'agression subie. Les conflits individuels et collectifs ne cessent de le manifester. La première étape de la pédagogie biblique consiste donc à prescrire la proportionnalité de la riposte.
Il ne s'agit que d'une première étape puisque Jésus, dans son «Discours sur la Montagne», universalise la Loi de Moïse en l'approfondissant: «Vous avez appris qu'il a été dit: Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien, moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant». Et le Christ d'ajouter: «si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l'autre» (Matthieu 5, 38-39). Cette consigne est le plus souvent mal interprétée: Jésus ne demande pas à ceux qui ont été frappés de s'anéantir devant leurs agresseurs mais bien plutôt de tenir paisiblement leur position, sans riposter à la violence par la violence mais sans succomber pour autant à une quelconque lâcheté.
Ainsi la culture judéo-chrétienne est-elle une culture de la paix et du pardon, dont l'assimilation de la loi du talion a constitué une étape significative. Aujourd'hui encore, la proportionnalité de la riposte, dans les conflits armés comme dans les joutes oratoires, est parfois une première étape nécessaire et bienfaisante en vue de la désescalade de la violence. La marche suivante réside dans la fermeté paisible ou la forte douceur dont le ton est donné par la deuxième béatitude: «Heureux les doux, ils obtiendront la terre» (Matthieu 5, 5). […]"