De Marion Duvauchel à propos des voeux du Président de la République :
Il faut avouer que les nègres de Monsieur Macron travaillent bien. Ses vœux étaient impeccables, et même remarquables. La rhétorique était digne d’un André Malraux, le vibrato en moins.
L’ennui, c’est que cette rhétorique admirable ne trompe personne et que, dans la bouche d’un escroc, elle est même assez insupportable.
L’exégèse journalistique étaient à l’œuvre dés le lendemain de ce discours mémorable: « mais qu’à t-il bien voulu dire ? » Et les inamovibles de l’interprétation de nous chanter cocotte, grille herméneutique de la réforme à l’appui.
Moi j’ai entendu comme tout le monde qu’il maintenait sa réforme. L’ennui, c’est que nous savons que déjà, un petit nombre significatif de catégories professionnelles ont obtenu le maintien de … Mais de quoi au juste ? De leurs privilèges ? De leurs droits imprescriptibles ? Donc, on maintient le cap, mais on n’est déjà plus dans l’universalité de l’affaire.
A propos d’universalité, il conviendrait d’ouvrir une parenthèse philosophique : l’universalité est un fantasme de la gauche, peut-être un peu des Lumières, qui ont dit bien des bêtises et ont fait peu de salutaire philosophie. Les révolutionnaires étaient des juristes. Comme on sait, ça ne fait pas beaucoup de philosophie, les juges et les avocats. Ça se saurait. Ce qui existe, ce n’est pas l’universel, c’est le général. La loi n’est pas faite pour tous, si l’on en croit Aristote, qui pensait déjà, la loi est faite pour le grand nombre. La loi est générale. Ensuite, il y a les cas. Tout le monde fait du sport, mais les handicapés en sont dispensés. L’école inclusive est une folie pure, basée sur une idée folle, celle de l’universalité. Il existe d’ailleurs une science dans laquelle les Jésuites sont passés maîtres : la casuistique. La loi, dont le principe est universel : toutes les sociétés ont des lois et toutes ont l’idée de la loi, qui se décline ensuite en des droits coutumiers. La loi est faite donc pour le plus grand nombre et ensuite, il y a son adaptation aux cas. C’est en général là que les affaires se compliquent. Et le gouvernement est en train de traiter les cas, autrement dit de bafouer la première phrase prononcée par Édouard Philippe lorsqu’il a présenté sa réforme sur le principe de l’universalité.
Alors je veux bien admettre que les pilotes qui ont la responsabilité de conduire de gros avions pleins de gens peuvent aspirer à soixante ans à ne plus voir peser pareille charge sur leurs vieillissantes épaules. Mais enfin, ils vivent vieux je crois. Ils gagnent beaucoup d’argent, ils ont de belles maisons. Les ouvriers du bâtiment qui travaillent dans le froid, sur les échafaudages, qui n’ont pas le salaire d’un pilote de ligne, et qui, tous les sociologues le disent, ont une espérance de vie inférieure, n’ont-ils pas droit aussi à une retraite un peu précoce ? Ils construisent nos maisons : les pilotes ne font que nous transporter dans des destinations diverses pour y couler ces vacances de rêve que la presse s’emploie à nous faire miroiter.
Car avez-vous noté que cette presse si empressée à nous ressasser les droits imprescriptibles de la planète et des générations futures, Oracle de Greta, est aussi la première à nous faire découvrir des destinations de rêve nouvelles, dont elle souligne le danger écologique du tourisme de masse qui va faire de ces îles de nouvelles Baléares ou des succursales de Disney.
A propos, à quel âge partent-ils à la retraite les présentateurs du journal télévisé ? Moi, j’aimerais bien savoir.
Présenter une réforme aussi délicate à la veille de Noël, c’était déjà d’une imprudence inouïe pour ne pas dire une sidérante sottise. S’imaginait-on, alors que depuis des années les cheminots bloquent l’économie dés qu’on touche à leurs privilèges, que cette fois-ci, ils allaient attendre le nouvel an pour s’énerver ? Alors que la population française, le phénomène gilets jaunes en témoigne, est exaspérée de son président, comme d’ailleurs de son Premier ministre et des ministres en général, s’imaginait-on qu’elle allait s’empresser de faire bloc contre les cheminots en colère autour d’un gouvernement qui ne cesse de se discréditer.
Ce texte de haute tenue, il faut bien l’avouer, dans la bouche de ce faussaire prétentieux, était tout simplement indécent.