De Marion Cocquet, membre de l'équipe de modération du Point, suite aux nombreux commentateurs indignés par l'actualité récente :
"Il y a des juxtapositions de faits divers malheureuses. Un septuagénaire mis en détention après avoir blessé les femmes qui s'apprêtaient à le voler, les agresseurs de policiers à Corbeil-Essonnes condamnés à de la prison ferme sans mandat de dépôt, donc laissés libres : vous ne comprenez pas, et vous le dites. Depuis le retour de la sécurité au-devant de la scène médiatique, vous êtes nombreux à critiquer le travail de la justice, supposée laxiste, partiale, défendant la délinquance des banlieues de meilleur gré que toute autre. De ces derniers faits divers émerge une interrogation plus angoissée que jamais sur le fonctionnement de l'institution, et sur la légitimité de ses avis. Vous le dites d'emblée, les conséquences pour le fonctionnement démocratique peuvent être terribles.
Il y a d'abord vos reproches, cinglants. L'indignation est massive, violente, devant la mise en détention de René Galinier. On s'identifie facilement à lui. […] Vous poussez alors les magistrats dans leurs retranchements. "Si je comprends bien, l'honnête citoyen n'a aucun moyen de se défendre… On peut le tuer, le voler, le torturer, l'insulter, tout le monde s'en f… . La police manque d'effectifs et de moyens : quand on l'appelle et qu'elle arrive, tout est fini" (Linou30). "Il est recommandé de se laisser torturer, battre, blesser, violer, voler, humilier et séquestrer sans broncher, car les bandits sont les rois et la victime n'a aucun droit, surtout pas de se défendre" (Shaman). […]
Des propos emportés, sans doute, mais qui disent une incompréhension de fond : la justice est-elle toujours rendue au nom des citoyens ? C'est là l'essence même de l'institution qui est interrogée. "Les magistrats sont les seuls, en France, à n'avoir jamais de comptes à rendre dans l'exercice de leur profession, seraient-ils donc irresponsables au sens légal du terme ? Il va falloir que cela change" (Georges). "Faudra-t-il en arriver au système américain et élire les magistrats pour éviter de tels détournements de la loi ?" (JPL). […]
la défiance envers la justice est présente dans l'opinion, signe, sans doute, d'un dangereux "malaise" envers les institutions, qui pourrait s'étendre au fonctionnement démocratique lui-même."