Erwann Gaucher est journaliste. Il tient un blog sur lequel il décrypte l'actualité des médias et des formations des journalistes. Il déclare sur Atlantico, à propos du rapport entre les politiques et le web (Martine Aubry a déclaré avoir horreur de Facebook et Twitter) :
"Une écrasante majorité de responsables politiques français n'ont, au mieux, qu'une vision technique du web, une conception "télécommunications" plus proche du minitel que de Twitter, apprise sur le papier des grandes écoles. Ils ne se rendent absolument pas compte que sur le web, et sur les réseaux, une vie sociale, économique, culturelle se développe. […]
Nous sommes dans des organisations politiques, médiatiques ou d'entreprises dans lesquelles l'information représente souvent le pouvoir. Or, le web et les réseaux changent complètement la donne en accélérant et démocratisant la diffusion de l'information. Du coup, cette méfiance se manifeste par des déclarations qui n'ont pas de sens. Lorsque ce week-end des responsables politiques, et des journalistes, expliquent que les rumeurs naissent sur Internet, je ne peux que leur conseiller la lecture du billet de Guy Birenbaum dans lequel il montre que les dernières "rumeurs" ont toutes été diffusées dans de bons vieux médias classiques avant d'arriver sur le web."
Par ailleurs, Erwann Gaucher se demandait récemment si les radios allaient perdre face à internet, concernant l'information en temps réel :
"La radio reste le seul média permettant une diffusion en direct intégral avec très peu de moyens. Depuis mai 68, on sait qu'il suffit d'un téléphone à un journaliste radio pour décrire en direct les événements. Mais l'info en ligne sort aujourd'hui une carte qui pourrait se révéler dévastatrice pour la radio : la mobilité. Désormais équipé, le public peut aller dans l’instant chercher l’info où elle se trouve grâce aux mobiles et aux tablettes et les smartphones, où qu'il se trouve. La radio risque de perdre son monopole, non sur l’instantanéité et la gratuité de l’information, mais sur son accessibilité. Au moment où le format du live explose dans les rédactions web grâce à des outils comme Twitter, la bataille se déplace donc sur le terrain de l'accessibilité : quand je veux, mais aussi et surtout où je veux. Et sur les mobiles et tablettes, les sites d'infos en ligne ont pris une longueur d'avance sur les radios encore assez timides en la matière.
PG
Le seul problème de l’internet est que le travail de collecte journalistique qui existe encore, particulièrement sur les sujets qui demandent un travail quotidien et constant, est mis sur le même plan que la circulation de rumeurs reprises en miroir sur les sites de l’internet.
Un bloggueur peut ”bidonner” sans risquer grand chose alors qu’un média écrit ou radio professionnels peuvent le faire également, certes, et c’est hélas fréquent, mais c’est signé, et ouvert à la critique publique, ne serait que par les blogs et sites de l’internet.
Il y a là une dissymétrie évidente, en l’état actuel des circuits de l’information : des milliers de sites ”informatifs” qui font circuler l’info, sans avoir les moyens de s’engager sur sa véracité, et qq dizaines de médias professionnels dont les erreurs et mensonges sont plus faciles à déceler et dénoncer. Cela pose la question de la possibilité de comprendre et d’authentifier les sources : en ce sens internet est moins transparent.
[Mmm pas vraiment :
les posts sur le net sont sourcés par des liens hypertextes, qui permettent aux lecteurs de se faire une idée par eux-mêmes, pas sur la presse papier ou radio…
Internet est méprisé, voire diabolisé, par les médias traditionnels.
Internet permet ainsi au lecteur intelligent de réfléchir par soi-même, alors que face à la radio/TV/papier, le risque est de rester passif.
MJ]