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Pays : Irak

Irak : face au terrorisme, la foi des chrétiens se fortifie

Le père Amir Jaje, 42 ans, nouveau supérieur des Dominicains de Bagdad, vicaire provincial du monde arabe (deux couvents en Irak, un au Caire, un autre à Alger, ainsi qu’un frère au Liban), a failli mourir lors de l'attentat du 31 octobre à Bagdad. En France pour des études, il est rentré en Irak le 22 octobre 2010, une semaine avant les attentats à Notre-Dame du Perpétuel Secours. Le 31 octobre, il devait célébrer la messe dans la cathédrale. Fatigué, il a été remplacé au dernier moment. Il déclare à l'AED :

J "Au moment de la prise d’otage, j’étais au nord du pays. Ils m’ont appelé depuis l’église pour me dire que des terroristes étaient à l’intérieur. Quand j’ai appris que 58 personnes étaient mortes, j’étais effondré. Je me suis dit qu’il n’y avait plus d’espérance en Irak, que nous devions partir. Je n’en pouvais plus. Une fois sur place, je suis entré dans l’église, jonchée de cadavres. C’était horrible. J’étais très ami avec les deux prêtres qui sont morts. Wasim, le plus jeune, était mon cousin, il avait 27 ans. Nous avons passé les jours suivants à aider les blessés, à rendre visite aux familles dans les hôpitaux. Il fallait être présent. Quand j’ai vu les besoins, j’ai compris que je n’avais pas le droit de désespérer, que les gens avaient besoin de mon espérance pour être soutenus dans la leur. C’est ce qui m’a sauvé de l’enfermement et du désespoir.

Vous auriez dû mourir ce jour là…
Je me suis dit que si je n’étais pas mort, si je ne faisais pas partie de ces martyrs, c’est que Dieu voulait faire de ma vie quelque chose, qu’il avait besoin de moi et que je n’avais pas le droit de tomber dans la désespérance. J’avais l’impression d’être à bord d’un avion qui chute mais qui remonte à la dernière minute, parce qu’il a une mission. Ma mission est d’être aux côtés des chrétiens qui ne peuvent pas quitter Bagdad. Aujourd’hui, ceux qui restent sont ceux qui n’ont pas les moyens de partir. Notre présence est leur seul bien, ils nous le disent.

A quoi ressemble votre quotidien ?
On nous demande d’enseigner et de prêcher des retraites. Les besoins sont immenses. On comptait plus de trente prêtres chaldéens il y a 6 ou 7 ans. Aujourd’hui, ils sont seulement 8.Tous les jours quand je sors du couvent, je ne sais pas si je vais rentrer ou non. Mais je sors quand même et je fais mon devoir. Il ne faut pas que la peur nous immobilise. Malgré la peur, il faut vivre, il faut croire en l’avenir.

« Le sang des martyrs est semence de chrétiens », disait Tertullien. Ce que vivent les chrétiens d’Irak aujourd’hui peut-il présager d’une fécondité à venir ?
Cette phrase est une réalité que nous vivons aujourd’hui. Les terroristes veulent nous faire fuir. Mais je pense que les gens sont de plus en plus solides dans leur foi. Ils font une rencontre personnelle avec Dieu. J’ai prêché Vendredi Saint dernier à la cathédrale Notre Dame du Perpétuel Secours. J’ai parlé de la souffrance : « Où est Dieu quand je souffre ?». Je pensais qu’il y aurait peu de monde. J’ai été surpris de voir l’église bondée."

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