Lu sur le journal de campagne de la Manif Pour Tous :
"La sociologue Irène Théry sonne la charge dans une tribune publiée dans Libération contre François Fillon qui veut réécrire la loi Taubira. Il souhaite que chaque enfant connaisse ses origines, c'est-à-dire que son père et sa mère figure sur son acte de naissance. La conséquence est que les "couples" de même sexe ne pourront plus procéder à une adoption plénière qui supprime la mention des parents biologiques sur le livret de famille. En revanche, « les parents de même sexe pourront toujours recourir aux adoptions simples », qui fait figurer cette mention.
Cela révolte notre sociologue. Elle accuse pêle-mêle le candidat de la droite, La Manif Pour Tous et Sens commun d’être « traditionnalistes ». Lisons-la : « il s’agit de revenir, pour tous, au modèle traditionaliste de la famille PME (père, mère, enfant) fondée sur la complémentarité hiérarchique des rôles masculin et féminin, les liens du sang et le mariage stable. »
Que lui répondre ? Plus de 75% des enfants vivent avec leurs parents ; 98% des enfants ont un lien de sang avec leurs parents ; le mariage stable s’apparente à la famille durable ; la complémentarité des rôles masculin et féminin n’est en rien hiérarchique – pourquoi le serait-elle ? Où vit Irène Théry pour tenir un tel propos ? Voit-elle encore cette hiérarchie dans la société française ?
Pour avoir lu, entendu et vu Irène Théry, vous le sentez, les bras nous en tombent. Alors nous avons cherché : de quoi est-elle le symptôme ? Y-a-t-il eu des précédents d’un tel aveuglement dans l’histoire ?
Oui. Trofim Lyssenko. Ce scientifique soviétique fut à l'origine d'une théorie génétique pseudo-scientifique en Union soviétique reconnue officiellement par Staline car opposée à une « science bourgeoise », fausse par essence. Irène Théry est notre Lyssenko des sciences sociales. La preuve ? Elle écrit que la loi du 17 mai 2013 (dite loi Taubira) « consiste en l’accomplissement très simple d’une métamorphose de notre système commun de parenté. […] Pour la première fois dans l’histoire, un enfant pouvait désormais avoir pour parents deux pères ou deux mères. » Faut-il en rire ou en pleurer ?
Prenons simplement le parti d’en sourire, tant son propos est tragique. Demandons à Irène Théry d’aller plus loin, de ne pas s‘arrêter en si bon chemin. Par exemple, elle pourrait faire proclamer que les déserts sont des terres fertiles, le réchauffement climatique est un refroidissement, les fleurs sont des arbres, le loup est un agneau, l’eau est du vin, 2 + 2 = 5, l’homme est une femme – aïe ! Idiot que nous sommes, oui nous sommes indéterminés selon la théorie du genre, non, selon l’idéologie du genre. Nous y voilà.
Irène Théry est une idéologue pour qui le réel n’existe pas, victime d’une « éclipse de la raison ». Elle est aveuglée par son combat, ses besoins de régler des comptes avec la société, les hommes, les femmes, tout le monde. Pour disqualifier ses adversaires, elle leur fait dire des mots qu’ils n’ont jamais dits, elle invente des slogans qu’ils n’ont jamais clamés, elle les traite encore et toujours d’homophobes, d’oppresseurs.
Elle ne cesse de dénoncer l’hypocrisie des « valeurs familiales » du code Napoléon dont la conséquence aurait été l’enfermement de l’enfant dans le « mensonge » quand « les parents n’étaient pas les géniteurs » dans les cas de l’adoption plénière ou de la PMA. Mais que défend-elle à son tour si ce n’est un mensonge ?
Et d’ailleurs pourquoi seulement deux ? Pourquoi pas trois ou quatre parents ? Dites-le lui : elle est ringarde, « traditionnaliste ». La revendication aujourd’hui est à la multiparentalité.
A ce stade, la question n’est même pas de défendre des valeurs. Simplement un fait incontestable : un enfant nait toujours d’un père et d’une mère. C’est scientifique. Et son intérêt supérieur commande « dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux »*, n’en déplaise à Irène Théry dont les propos montrent un aveuglement qui fait d’elle une héritière de Lyssenko. Est-ce raisonnable ?
*Article 7 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant"