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Pays : Israël

Israël face à Gaza

Israël face à Gaza

D’Annie Laurent dans La Petite Feuille verte :

Pour compléter l’examen des rôles respectifs du mouvement palestinien Hamas et du parti libanais Hezbollah dans le conflit qui a débuté à Gaza le 7 octobre 2023 (cf. PFV n° 100 et 101), il est évidemment nécessaire d’en présenter le troisième acteur, à savoir l’État d’Israël.Ce qui permettra d’élargir le regard sur l’ensemble de la question palestinienne puis sur les perspectives d’avenir concernant les relations libano-israéliennes. Compte tenu de la com-plexité du sujet, nous vous proposons d’y consacrer deux PFV distinctes (n° 102 puis 103).

UN TOURNANT HISTORIQUE À GAZA 

« La guerre de Gaza, lancée par le Hamas non pas pour obtenir une solution à deux États mais au contraire pour l’empêcher, a ramené l’ensemble de la lutte israélo-palestinienne à la situation de 1947. C’est-à-dire au noyau primordial du conflit sur l’ensemble du territoire situé entre la mer Méditerranée et le Jourdain, dont la question n’est pas de savoir comment celui-ci sera partagé, mais plutôt qui en sera “l’occupant” ».

Cette remarque du journaliste américain Thomas Friedman, pour introduire son livre De Beyrouth à Jérusalem (éd. Saint-Simon, 2024, p. 17), permet de porter un regard élargi sur l’offensive déclenchée par Tsahal (l’armée israélienne) le 8 octobre 2023 contre la bande de Gaza d’où étaient sortis les djihadistes palestiniens affiliés au Hamas pour attaquer la veille plusieurs kibboutz limitrophes de ce territoire (bilan : 1 200 tués, 251 otages). Israël agissait certes en vertu du droit à la légitime défense mais la perpétuation du conflit montre que le problème de fond, particulièrement complexe il est vrai, est loin d’être résolu.

En mentionnant la date de 1947, Friedman se réfère à la situation qui prévalait dans cette partie du Levant lors du vote du partage de la Palestine par l’ONU, donc juste avant l’émergence de l’État d’Israël, proclamé en 1948 au terme d’une guerre judéo-arabe qui avait entraîné l’exode de milliers de Palestiniens contraints de fuir leurs terres d’origine.

L’ÉTAT DES LIEUX

Le Hamas est très affaibli en raison de la destruction méthodique de l’enclave palesti-nienne (80 % des habitations ont été détruites, sans compter les hôpitaux, cimetières, uni-versités et monuments historiques), de la perte de 22 bataillons sur 24, de la dégradation de son arsenal militaire, de l’anéantissement des deux tiers des 700 kms de tunnels et de l’assassinat de son chef, Yahya Sinouar, tué par Tsahal le 16 octobre 2024 (cf. PFV n° 100). Selon un décompte établi fin mars 2025, sur une population de 2, 2 millions de personnes, le nombre des victimes, incluant civils et combattants gazaouis, s’élève à plus de 50 000 morts et 113 000 blessés, sans compter les disparus.

Mais, contrairement à la volonté énoncée par Israël d’éradiquer le Hamas pour ven-ger l’attaque du 7-Octobre, ce dernier demeure dans ce territoire où il s’était imposé en 2007, après en avoir chassé par les armes l’Autorité palestinienne (AP), l’organisation cen-sée préfigurer le futur État de Palestine envisagé par les accords d’Oslo (1993) et dont le siège est à Ramallah (Cisjordanie).

Gaza reste donc sous l’emprise du Hamas malgré des protestations populaires de Ga-zaouis qui, depuis le 24 mars, réclament son renversement. « Pour l’amour de Dieu, Hamas dehors ! », lit-on sur leurs pancartes. Cette option, également souhaitée le 9 avril par le mi-nistre israélien de la Défense, Israel Katz, demeure pour l’heure improbable. À la mi-avril 2025, des responsables de la défense israélienne estimaient que le Hamas avait reconstitué ses rangs militaires et compte désormais environ 40 000 combattants.

Désormais représenté par Mohammed Sinouar, frère de l’ancien dirigeant, le mouve-ment s’obstine à demeurer sur ce territoire; il refuse aussi de déposer ses armes et d’expatrier ses dirigeants comme l’exige Israël.

Par ailleurs, n’ayant pas révisé son idéologie islamiste et anti-juive fondée sur celle des Frères musulmans, le Hamas maintient son opposition à la légitimité d’un État israélien (Cf. PFV n° 100).

Enfin, la trêve, entrée en vigueur le 19 janvier 2025, a été rompue par Israël le 18 mars,et depuis lors Tsahal, qui continue d’occuper une partie de Gaza, y a repris ses at-taques, officiellement pour forcer le Hamas à libérer les 58 otages qu’il détient encore.

CALCULS OU AVEUGLEMENTS ISRAÉLIENS 

Comme nous l’avons montré dans la PFV n° 100, certains milieux israéliens ont porté au départ un regard positif sur la naissance du Hamas, d’autant plus que ce mouvement ve-nait concurrencer l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) considérée comme la principale représentante des Palestiniens (cf. aussi Thomas Snégaroff et Vincent Lemire, israël/Palestine. Anatomie d’un conflit, éd. Les Arènes, 2024). Les dirigeants de l’État hébreu s’étaient-ils pour autant aveuglés sur les menaces du Hamas ? Ignoraient-ils les préparatifs du massacre que ce dernier allait commettre le 7 octobre 2023 ?

En janvier 2025, le chef d’état-major de Tsahal, Herzl Halevi, a adressé une lettre de démission au Premier ministre, Benyamin Netanyahou. Tout en reconnaissant les défail-lances sécuritaires de l’État, il ne propose pas la mise en place d’une commission d’enquête. Déjà réclamée par l’opposition, cette requête avait été renvoyée à « l’après-guerre » par Netanyahou. Mais le général écrit aussi : « Ma responsabilité dans ce terrible échec m’accompagne chaque jour, chaque heure et me suivra jusqu’à la fin de ma vie » (Le Figaro, 24 janvier 2025).

Halevi a assumé ses torts dans son discours d’adieu, prononcé en mars, au moment où l’armée israélienne publiait les résultats d’une série d’enquêtes internes. Celles-ci font ressortir trois manquements en son sein : absence de préparation, relâchement des troupes, confusion totale le jour de l’attaque. Un rapport aux conclusions similaires, qui insiste sur l’absence de prise en compte des informations alarmantes, a également été publié par le Shin Beth (les services de renseignements intérieurs). Cette indifférence a été présentée en ces termes par un haut gradé israélien : « Nous savions, mais nous n’étions pas conscients » (Le Figaro, 10 mars 2025).

Ces propos rejoignent le constat d’Amir Tibon, journaliste israélien au quotidien Haaretz, qui résidait dans le kibboutz Nahal Oz attaqué par le Hamas. « Le matin du 7 octobre 2023, il y avait près de trente bataillons de combat israéliens en Cisjordanie et moins de quatre – moins de 600 soldats – le long de la frontière avec Gaza » (cf. le chapitre 3 : “L’armée est infor-mée”, Les portes de Gaza, éd. Christian Bourgois, 2024, p. 64).

La décision de reprendre la guerre a été contestée sous la forme de pétitions signées par des centaines de militaires israéliens. Pour eux, deux motifs auraient poussé Netanyahou à cette relance : complaire aux partis d’extrême-droite de sa majorité qui exigent l’éradication complète du Hamas et empêcher la nomination d’une commission d’enquête présidée par un juge de la Cour suprême (cf. Le Figaro, 14 avril 2025).

Dans un livre très documenté reposant sur une enquête fouillée, le journaliste is-raélien Richard Darmon, expert en géopolitique et rédacteur en chef de l’édition française du Jerusalem Post, où il apporte de nombreuses et précieuses informations sur le Hamas, décrit les aveuglements des dirigeants politiques et militaires d’Israël concernant l’identité, l’idéologie et le projet du mouvement djihadiste. Pour eux, « le régime tyrannique de cette sorte d’ “État-califat” […] régi par les dispositions religieuses de la charia, se bornerait à gérer la Bande en tentant de subvenir aux besoins socio-économiques de ses habitants » (La seconde guerre d’indépendance d’Israël, éd. Les provinciales, 2024, p. 12).

D’où l’engagement des décideurs israéliens à autoriser, et même à favoriser, l’importation de milliards de dollars acheminés du Qatar (id., p. 13). Sur ce sujet, cf. aussi PFV n° 100.

Le philosophe franco-israélien Shmuel Trigano, cité par Darmon, met lui aussi l’accent sur « l’erreur de conception stratégique » de l’État hébreu. « Celle-ci a consisté à croire qu’en nourrissant Gaza grâce à l’argent du Qatar, à l’ouverture de ses portes aux travailleurs palesti-niens et à d’autres avantages économiques, Israël maintiendrait le calme et obtiendrait la paix. Mais ce fut là une erreur fondamentale car la guerre que mène le Hamas est en tous points une guerre de religion ». Trigano précise ce jugement : les terroristes « sont venus pour tuer des Juifs et pour mourir afin d’accéder à leur “paradis” » […]. En s’illusionnant de maintenir ainsi le calme, Israël a commis l’erreur fatale de préserver et de renforcer le Hamas » (op. cit., p. 18).

Aujourd’hui, Netanyahou est confronté à un scandale dit du « Qatargate » qui a conduit à l’arrestation de deux de ses proches conseillers (L’Orient-Le Jour, 2 avril 2025).

Diverses révélations font en outre ressortir les négligences des officiers de Rensei-gnements de Tsahal « qui ont minimisé, des mois durant, les rapports autant alarmants que répétitifs » présentés par les jeunes soldates placées au sommet des tours d’observation ré-parties le long de la frontière de Gaza pour y surveiller les activités des groupes armés du Hamas (Darmon, op. cit., p. 12).

Amir Tibon fournit la même information. 

« Selon les signalements des “guetteuses”, le Hamas avait construit des modèles à grande échelle de kibboutz israéliens, qui avaient ensuite été pris d’assaut par des militants lourdement armés – ce qui constituait manifestement une répétition générale en vue d’une invasion. Mais leurs avertissements ont été ignorés. Ce matin-là, nombre d’entre elles ont perdu la vie » (op. cit., p. 74).

Richard Darmon poursuit :

« Ces conceptions occultant les aspirations guerrières géno-cidaires du Hamas et du Djihad islamique, fondamentalement enracinées dans leur idéologie religieuse islamiste radicale, étaient à ce point ancrées dans l’esprit de la plupart des dirigeants politiques et sécuritaires israéliens qu’un rapport de prospective très documenté et minutieux élaboré par un service régional des Renseignements de Tsahal ne fut jamais examiné, faute de temps et en raison “d’autres priorités”, par le gouvernement Netanyahou : intitulé, en forme de limpide signal d’alarme, “La Muraille de Jéricho”, ce rapport jugeait très haute – simulations palestiniennes filmées à l’appui – la probabilité d’une prochaine attaque des milices du Hamas par une incursion terroriste massive dans les localités et villages israéliens du pourtour de Gaza ; il avait été officiellement déposé dès le début de l’été 2023 sur les bureaux de chacun des membres du cabinet » (op. cit., p. 13).

GAZA-CISJORDANIE, MÊME COMBAT ? 

« Netanyahou et ses alliés étaient persuadés qu’il valait mieux épargner le Hamas pour affaiblir l’Autorité palestinienne afin de favoriser les projets d’annexion des extrémistes juifs en Cisjordanie », assure Yair Golan, ancien chef d’état-major de Tsahal (Benoît Christal et Gal-lagher Fenwick, 7 octobre 2023 Israël Gaza, l’affrontement des tragédies, éd. du Rocher, 2024, p. 129).

Cet officier rejoint le constat dressé par Alain Dieckhoff, directeur de recherche au CNRS, dans un entretien sur le thème « 1993-2024. Oslo, la paix en échec ». Depuis son retour au pouvoir (2009), « Netanyahou a consciencieusement ignoré le président de l’AP (Mahmoud Abbas) parce qu’il a de facto écarté la solution à deux États, tout en poursuivant la colonisation de la Cisjordanie. L’arrivée au gouvernement, en décembre 2022, de religieux sionistes extré-mistes, comme le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben-Gvur, n’a fait qu’accentuer ce mouvement de colonisation à outrance. Ce courant prône l’annexion pure et simple de la Cisjor-danie par Israël, ce qui signifierait la fin de toute perspective d’État palestinien » (L’Histoire, n° 106, janvier-mars 2025).

La guerre de Gaza a d’ailleurs entraîné une accélération de la colonisation juive en Cisjordanie, occupée depuis 1967 où les Israéliens ont déjà une présence exclusive sur 70 % du territoire. Le vocabulaire israélien s’adapte à cette situation : « implantations » remplace « colonies » ; « souveraineté » efface « occupation » ou « annexion ».

Israël affirme que l’enceinte était utilisée comme base opérationnelle par le Hamas et le Jihad islamique

Selon l’ONU, plus de 700 000 colons juifs résidant dans ce territoire, Jérusalem-Est compris, s’y trouvent illégalement au regard du droit international et le gouvernement israé-lien multiplie les mesures destinées à en attirer de nouveaux, recourant pour cela à des me-sures destinées à pousser les Palestiniens à l’exode (spoliation de leurs terres agricoles, évacuation forcée de camps de réfugiés, etc.).

Cette situation inquiète la Jordanie voisine, comme l’a reconnu le vice-Premier ministre de ce pays, Marwan Muasher, en rappelant l’affirmation du ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, pour qui « 2025 serait l’annexion de la Cisjordanie » (L’Orient-Le Jour, 9 mars 2025).

Un projet de « judaïsation » de la bande de Gaza se manifeste également depuis 2024. Il est inspiré par le mouvement Nahala dont la fondatrice, Daniella Weiss, figure éminente de la mouvance messianiste, est soutenue par plusieurs membres de la coalition au pouvoir. Sa motivation repose sur la nécessité de réparer l’évacuation forcée de 8 500 colons ordonnée en 2005 par Ariel Sharon, alors Premier ministre. 800 familles seraient prêtes à participer à ce repeuplement malgré le rappel de l’insécurité à laquelle leurs prédécesseurs étaient con-frontés en raison du voisinage palestinien (Le Figaro, 11-12 janvier 2025).

Début mars, Daniella Weiss a expliqué son projet devant la Knesset. « Il faut une guerre de conquête immédiate pour que Gaza redevienne juive, comme elle l’a toujours été », a-t-elle précisé. Pour elle, il s’agit de reconstituer « Eretz Israël » (« la terre d’Israël »), englobant Gaza et la Judée-Samarie (nom donné par les Juifs à la Cisjordanie) (La Croix, 18 mars 2025). De cette situation, le chroniqueur libanais Anthony Samrani tire cette réflexion : « Voilà des décennies qu’Israël cherche à effacer les Palestiniens sur le plan politique. Il veut désormais le faire au sens littéral. Nettoyer le territoire de ce peuple qui conteste son droit divin à dominer chaque recoin de cette terre » (L’Orient-Le Jour, 21 mars 2025).

Ce projet rejoint la proposition du président américain Donald Trump préconisant le déplacement des Palestiniens hors de Gaza et la transformation de l’enclave reconstruite en une « Riviera du Moyen-Orient » (cf. PFV n° 100). Mais elle est rejetée par le plan de la Ligue arabe dont « un élément-clé est qu’il ne se limite pas à la reconstruction de Gaza », souligne Marwan Muasher. Ce plan « insiste également sur la nécessité d’une solution politique, qui passe par la fin de l’occupation israélienne et la création d’un État palestinien », mais celui-ci contredit l’option des dirigeants israéliens actuels qui consiste à « anéantir la cause palestinienne » (L’Orient-Le Jour, 9 mars 2025).

« Netanyahou s’est toujours opposé à tout accord avec les Palestiniens […]. C’est un belliciste extrémiste qui mène une politique d’extermination à Gaza, soutenu par l’extrême-droite religieuse, qui poursuit la colonisation illégale en Cisjordanie » (Pierre Conesa, Les religions font-elles plus de bien que de mal ? », éd. Desclée de Brouwer, 2025, p. 103).

Cette politique fait cependant l’objet de contestations croissantes au sein de la popula-tion israélienne et chez certains opposants politiques à Netanyahou, comme l’ancien Premier ministre Ehoud Olmert qui plaide pour la reconnaissance d’un État palestinien (Le Figaro, 5 mars 2025).

Le régime se heurte aussi à l’opposition d’une branche juive ultra-orthodoxe, les Neturei Karta (littéralement « les gardiens de la ville »). Ces derniers, environ 50 000 membres, regroupés dans le quartier de Méa Shéarim, à Jérusalem, se définissent comme « Juifs mais pas sionistes », ainsi que l’exprime son chef religieux, le rabbin Meir Hirsch : « Nous avons la même position depuis la création de l’Etat israéliens : c’est de vivre en paix avec le peuple palestinien qui habite ici. Les sionistes n’ont aucun droit sur cette terre » (La Croix, 2 avril 2025).

Il reste que la judéité de l’État hébreu est une donnée fondamentale pour ce pays. Elle a été spécifiée dans la déclaration d’indépendance proclamée par David Ben Gourion en 1948, qui reprenait ainsi les termes de la résolution 181 votée l’année précédente par l’ONU. Celle-ci prévoyait un plan de partage de la Palestine en deux États, un juif et un arabe. Ce-pendant, depuis lors, Israël, qui s’est volontairement privé de Constitution, s’arrangeait pour entretenir le flou sur certains aspects essentiels tels que la nature de son État, le tracé des frontières, la nationalité et la citoyenneté.

Bien qu’ayant réussi à se faire reconnaître comme une démocratie libérale dans les instances internationales, Israël n’a pas reconnu et garanti l’égalité des droits et des devoirs à tous ses ressortissants, distinguant juifs et non-juifs (loi de 1952). Son identité confession-nelle a été définie par une « loi fondamentale » (donc intouchable) votée par le Parlement (Knesset) le 19 juillet 2018. « Israël est l’État-nation du peuple juif, où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique », tout en réservant aux citoyens juifs un « droit exclusif » en matière d’ « autodétermination nationale ». Elle déclare aussi l’hébreu seule langue officielle, concédant à l’arabe un « statut spécial ».

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