Le sanctuaire de Tabgha, haut lieu du christianisme catholique en Israël, a été touché dans la nuit de mercredi à jeudi, par un incendie. La police israélienne soupçonne qu'il soit d'origine criminelle. Cette église, aussi appelée l'église de la multiplication des pains et des poissons car construite sur les rives du lac de Tibériade, en Galilée où Jésus a nourri cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons, a été endommagée mais les dégâts sont limités à deux pièces du complexe entourant le bâtiment.
Selon le père Matthias, de l'ordre des Bénédictins allemands qui administre le site de Tabgha, ces pièces ont été «totalement détruites».
«L'église, Dieu merci, est en bon état. Nous sommes heureux que l'église n'ait rien eu».
Des graffitis, en hébreu biblique, appellent à l'élimination d'Israël des dieux païens et sont tirés d'une prière juive prononcée trois fois par jour. Seize jeunes colons israéliens ont été interpellés et ont été vite été relâchés sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre eux, après avoir été interrogés et avoir livré leur déposition. Leur remise en liberté ne dissipe néanmoins pas les soupçons d'un acte de haine religieuse.
L’Assemblée des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte acondamné :
"Ce matin 18 juin, en écoutant la radio israélienne qui diffusait la nouvelle de l’incendie de Tabgha, les Chrétiens de Terre Sainte, Evêques et fidèles, ont été profondément choqués en apprenant qu’un incendie avait été intentionnellement provoqué dans le sanctuaire de la Multiplication des Pains pendant la nuit, et qu’un moine et une bénévole allemande, intoxiqués par les fumées, avaient été transportés à l’hôpital.
C’est encore un acte violent perpétré par des individus intolérants et sans scrupules qui nuisent à l’image de la Terre Sainte en offensant les chrétiens de ce pays et l’Eglise catholique dans son ensemble, et qui nuisent aussi à l’idée d’un Etat qui se définit démocrate, tolérant et sécurisé.
Nous partageons le désarroi des Pères Bénédictins, gardiens du sanctuaire et nous leur exprimons notre solidarité.
C’est la troisième fois que la communauté bénédictine de Terre Sainte est touchée par des attaques criminelles similaires: l’année dernière déjà à Tabgah, le 27 avril 2014, de jeunes juifs extrémistes s’en étaient pris à des croix et à des religieux. Dans l’abbaye bénédictine de la Dormition, située sur le mont Sion à deux pas du Cénacle, un incendie avait été déclenché le 26 mai 2014, quelques minutes seulement après le départ du Pape François. Les Bénédictins du mont Sion sont aussi incessamment soumis à des actes de mépris et de violence.
Un tel acte criminel nuit gravement à la coexistence des communautés religieuses du pays : Juifs, Chrétiens et Musulmans, ensemble, doivent lutter contre de telles manifestations de violence et d’extrémisme. L’éducation des jeunes dans les écoles religieuses doit être faite en faveur de la tolérance et de la coexistence.
Ces derniers mois d’autres attaques ont été perpétrées à l’encontre de mosquées ou de lieux chrétiens. Des faits classés sans suite. Nous exigeons, vu la gravité des faits, que l’enquête soit rapide et que soient traduits en justice les auteurs de ce vandalisme.
Nous remercions les politiciens et les chefs religieux qui ont condamné cet acte et manifesté leur solidarité.
Notre société a besoin de notre témoignage en faveur du respect de la dignité de tout homme et de toute femme, du respect de leur foi, et de la sauvegarde de la sacralité de tous les lieux saints et de leur libre accès pour les croyants."