Jean Le Jeune a ensuite interrogé le Professeur Roberto de Mattei :
Q./Bonjour Professeur de Mattei ? Vous êtes aujourd’hui au Family Day. Pourquoi est-ce important d’être ici ?
R./ C’est important car c’est une protestation massive. En France vous avez au La Manif pour tous, mais en Italie c’est peut-être la première grande manifestation contre la législation, contre la possibilité que soit légalisé le mariage homosexuel qui est en discussion au Parlement. Donc à mon avis cette manifestation publique est très importante.
Q./ Dans ce texte on ne parle pas à proprement parler de mariage. Est-ce qu’il y a quand même des similitudes avec le mariage ?
R./ Ce texte est divisé en deux parties. La 1ère Partie est consacrée à la légalisation des unions homosexuelles. Mais dans la 2onde Partie on parle explicitement d’adoptions homosexuelles. Et on fait la légalisation des unions homosexuelles en les rendant égales au mariage, même si on ne parle pas spécifiquement du mariage. Mais vous avez eu en France l’expérience du PACS. Cette loi chez nous est pire que le PACS. Elle ouvre la voie, comme le PACS, à la légalisation du mariage homosexuel.
Q./ On voit aujourd’hui une foule immense, mobilisée. Est-ce qu’il y a pour autant une chance que ce texte ne passe pas ?
R./ Le Premier Ministre italien Renzi se dit catholique. Donc il ne peut pas ignorer complètement cette manifestation. Je souhaiterais souligner un aspect : c’est que si l’on fait la comparaison avec une autre grande manifestation que nous avons eue en Italie en 2007. A l’époque, pour arrêter le DICO, qui était plus ou moins le PACS italien, la manifestation était promue par le cardinal Ruini et non pas par la Conférence Episcopale. C’est-à-dire : pas par les évêques italiens. Cette fois-là la manifestation a été pour ainsi dire « imposée » aux évêques italiens par le nombre des manifestants, pas la base catholique. Donc à mon avis c’est ce qui est très intéressant. C’est-à-dire que c’est le peuple catholique est devenu le protagoniste et en Italie les évêques ont été obligés de suivre, d’adhérer.
Q./ Et aujourd’hui, y a-t-il une mobilisation de l’Episcopat, des évêques ?
R./ Il y a eu des différences entre les évêques, c’est-à-dire que certains évêques, tels le cardinal Bagnasco, Président de la Conférence Episcopale, ont encouragé la manifestation. Mais on sait bien que le cardinal, Monseigneur Galantino, qui est le secrétaire de la Conférence Episcopale, a au contraire tout fait pour empêcher la manifestation. C’est-à-dire qu’il y a deux lignes qui s’opposent : l’une favorable, l’autre contraire.
Q./ Merci infiniment, Professeur de Mattei.
Roberto de Mattei est un historien et universitaire italien né à Rome le 21 février 1948. Catholique traditionaliste, il est connu pour ses positions anti-évolutionnistes et pour sa critique du relativisme et des orientations de l'Eglise catholique depuis le Concile Vatican II. Il est président de la Fondation Lépante et professeur à l'Université européenne de Rome (it). De 2004 à 2007, puis de 2008 à 2011, il a été vice-président du Consiglio Nazionale delle Ricerche (CNR, le CNRS italien), avec une délégation pour la section des sciences humaines. Il est responsable de Corrispondenza Romana, un hebdomadaire d’actualité en ligne. Il est marié et père de cinq enfants. Ses œuvres sont traduites en français, espagnol, anglais, allemand, portugais et polonais. Titres traduits en français : La souveraineté nécessaire. Réflexions sur la déconstruction de l’Etat et ses conséquences pour la société, Paris, Editions François-Xavier de Guibert, 2000 (Prix Renaissance 2001). La dictature du relativisme, Muller, 2011. Vatican II, une histoire à écrire, Muller, 2013. Apologie de la Tradition, Éditions de Chiré, 2015.