C'est la question que posent Pierre-Olivier Arduin directeur de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon, et Cécile Edel, présidente de Choisir la vie dans une tribune publiée par Valeurs Actuelles :
"(…) Nous pensons en effet qu’un faisceau d’éléments concourt à reposer le débat sur l’IVG et milite en faveur de l’organisation d’une large discussion dans les mois à venir.
Premier constat. Rien n’y fait, les chiffres sont accablants pour les pouvoirs publics français (…) Plus de 210000 avortements annuels, c’est un pour cinq grossesses, ce sont 40 % des Françaises qui en subiront un dans leur vie.L’inquiétude est d’autant plus grande que l’on note une augmentation régulière du recours à l’IVG chez les moins de 20ans (…)
Deuxième point qui doit nous amener à réfléchir: la mise en évidence du syndrome postavortement. Il est rigoureusement observé quels que soient les pays, les cultures, l’âge, les milieux sociaux ou les confessions religieuses. Pouvant se révéler quelques mois ou plusieurs années après le geste, l’ensemble des signes décrits est à présent parfaitement étudié et fait l’objet de publications médicales dans les plus prestigieuses revues. Les spécialistes parlent des “traumatismes à retardement de l’avor- tement” pour désigner un ensemble de symptômes où une souffrance chronique à tonalité dépressive, parfois sévère, domine (…)
Troisième élément qui doit être pris en compte : il existe aujourd’hui en France un phénomène de résistance du corps médical dont les responsables politiques ne doivent pas sous-estimer l’ampleur. Les jeunes générations de professionnels de santé font de plus en plus valoir leur clause de conscience, soit par conviction morale, soit par indifférence vis-à-vis d’un acte qui leur semble peu gratifiant après tant d’années d’études. Certains d’entre eux n’hésitent plus à dénoncer publiquement les dérives actuelles de la “consommation de l’IVG” (…)
Autant de réflexions qui nous poussent à ne pas nous satisfaire d’un statu quo, ou pis, d’une fuite en avant qui jouerait sur un hypothétique sens de l’histoire, un quelconque progrès moral ou un acquis sociétal irréversible. Autant d’expressions qui ne signifient rien mais visent à donner bonne conscience à ceux qui manipulent les termes de l’équation (…) La société française en général et les femmes en particulier ont tout à gagner à ce que cette question de l’IVG soit reprise en main avec intelligence et sans faux-semblant."
pg
Enfin, c’est dit avec argumentation et intelligence : l’avortement n’est pas un ”droit acquis”, c’est un échec et un drame individuel, tant autant que collectif, et la loi Veil a échoué.
On attend maintenant l’engagement de l’épiscopat français : il rattraperait ainsi sa passivité collective de 1974. Et entraînerait aussi le réveil d’une partie de l’opinion catholique, assoupie et inactive.