Luc. 19, 41-47. In illo témpore : Cum appropinquáret Jesus Jerúsalem, videns civitátem, flevit super illam…
En ce temps-là, Jésus s’étant approché de Jérusalem, voyant la ville, il pleura sur elle…
Quia domus mea domus oratiónis est. Vos autem fecístis illam speluncam latrónum. Et erat docens cotídie in templo.
Ma maison est une maison de prière ; mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Et il enseignait tous les jours dans le temple.
Les premières représentations (manuscrits enluminés) datent du début du VIe siècle environ. Au Moyen Âge, les artistes se sont surtout inspirés du récit de saint Marc et de certains éléments empruntés à l’Évangile de saint Jean (le fouet de corde, notamment). L’accent est mis sur l’éviction des marchands. Le nombre des œuvres illustrant cet épisode est limité (Giotto, chapelle de l’Arena à Padoue, 1304-1306 ; reliefs sculptés de la porte en bronze de l’église San Zeno à Vérone, début XIIesiècle). Repris par Dürer (Petite Passion, 1507-1513), le thème connaît une grande fortune aux XVIIe et XVIIIe siècles, mis en rapport avec la Passion et la Résurrection du Christ. Rembrandt rend toute la violence de la scène : armé de son fouet, Jésus renverse une table de changeur et les pièces de monnaie roulent sur le sol (eau-forte, 1635). Jordaens la traite comme un joyeux tohu-bohu de personnages et d’animaux (XVIIesiècle, Paris, Louvre).
Les chants du propre de la messe de ce neuvième dimanche après la Pentecôte sont encore extraits des psaumes, à l’exception cette fois de la Communion. A l’inverse des chants du dimanche précédent, c’est le Graduel qui nous fera entendre une acclamation triomphale à la majesté divine, alors que l’Introït et l’Alléluia sont des prières suppliantes.
Le texte de l’Introït est tiré du psaume 53, composé par David alors qu’il était poursuivi par des ennemis implacables. Mais cet appel au secours est comme toujours plein de confiance dans la protection divine. Ce psaume est utilisé pendant la semaine sainte, où il est mis dans la bouche du Christ. L’Introït de ce jour commence par un verset exprimant la confiance dans le secours du Seigneur, avant d’implorer sa protection.
Ecce Deus adjuvat me, et Dominus susceptor est animæ meæ : averte mala inimicis meis, in veritate tua disperde illos, protector meus Domine.
Voici que Dieu vient à mon secours, le Seigneur est le soutien de mon âme : détournez les maux sur mes ennemis, dans votre fidélité dispersez-les, Seigneur, notre protecteur.
On voit que la première phrase est une affirmation à la troisième personne de notre confiance en Dieu, exprimée par une mélodie joyeuse et pleine d’allant, tandis que la deuxième phrase passe à la deuxième personne, et devient une prière suppliante, marquée par une mélodie plus tourmentée, surtout la cadence en demi-ton de inimicis meis. Mais on retrouve la confiance à la fin avec une belle courbe calme mais pleine d’assurance sur les mots protector meus. Cet Introït est accompagné bien entendu par le premier verset du psaume 53 :
Deus in nomine tuo salvum me fac : et in virtute tua judica me.
Mon Dieu par votre nom sauvez-moi, et par votre puissance faites-moi justice.