Dans Le Figaro, Jean-Marie Guénois évoque la clameur qui monte des fidèles catholiques, blessés par le texte du pape. Avec quelques témoignages de prêtres et de fidèles :
À Besançon, l’abbé Jean-Baptiste Moreau ajoute: «Je crois qu’il n’y a pas plus grande souffrance pour un enfant que d’entendre son père lui dire: “Je préférerais que tu n’existes pas”»
[…] «Pourquoi le pape nous déclare la guerre?» se demande Jean-François, laïc père de famille de neuf enfants établi à Reims, venu sur le tard à la messe traditionnelle: «J’éprouve une sainte colère devant une attaque frontale contre une partie de l’Église en plein développement alors que la plupart des églises sont vides, que les séminaires sont fermés, que le nombre de prêtres est toujours en baisse! Nos églises sont remplies, les jeunes foyers y sont légion. À Reims, je fais partie des plus anciens de l’église… à 48 ans!» déclare-t-il .
À Bordeaux, Éric Bonnouvrier, laïc, est visiblement écœuré, car il connaissait «une cohabitation amicale et fructueuse» entre les deux rites dans la même paroisse. «Ma patience et mon travail pour arriver à une situation pacifiée n’auraient servi à rien, puisque demain, on pourra me demander de quitter l’église où je vais tous les dimanches à la messe, avec 100 km aller-retour! En 40 ans, ma communauté “tradi” de Bordeaux a engendré environ 25 vocations, toutes sensibilités confondues.» Comment? «Parce que nombre de chrétiens ont redécouvert le chemin de l’Église et de l’église grâce à la messe dite de “saint Pie V” où ils y ont trouvé ce qui leur manquait: un sens du sacré, une verticalité les élevant vers Dieu, une doctrine clairement exposée», explique-t-il. Et de lancer, comme un cri du cœur: «Est-ce comme cela que sont remerciés les catholiques qui n’ont pas voulu suivre Mgr Lefebvre dans son acte de consécration d’évêques? Est-ce que la Fraternité saint Pie X aurait eu raison de ne pas obéir à Rome et veut-on que nous les rejoignions? Le pape veut-il relancer la guerre liturgique à un moment où la paix et la concorde régnaient dans de très nombreux diocèses?»
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«Ce qui nous rend triste, ce n’est pas de subir l’opprobre. Ce qui nous rend infiniment triste, c’est le pathétique de la situation: nous ne voulons qu’offrir nos mains pour travailler, à notre place et avec le charisme qui est le nôtre, au service de l’Église. Et le chef visible de l’Église souhaite marquer nos mains au fer rouge, sans guère de manières. C’est consternant», témoigne anonymement un prêtre du centre de la France. Et de confier: «Cela va bientôt faire dix ans que je suis prêtre que j’essaie de travailler à l’unité, en créant des ponts avec mes confrères des diocèses, où je concélèbre aux messes diocésaines, où je suis présent à toutes les réunions diocésaines. Après tout cela, que reste-t-il? Le Saint-Père actuel m’invite à une pieuse mort. Je voulais construire des ponts, créer du lien, il m’invite finalement à me retirer sur une île avec mes ouailles, en exil, dans une réserve d’Indiens dont il ne feint même plus d’avoir pitié. Donner sa vie au Christ en répondant à son appel et avoir le sentiment d’être rejeté ainsi par son vicaire m’est très pénible.»