Le député-maire Jean-Christophe Fromantin est invité à venir témoigner dans la paroisse de Neuilly. L'opposition (y compris UMP) crie à la violation de la laïcité. JC Fromantin réplique :
"J’ai accepté de venir témoigner dans ma paroisse de Neuilly de mon engagement politique et de le croiser avec le message du Pape François sur la politique – cf. « La joie de l’Evangile » publiée en novembre 2013 –. Une polémique a été lancée dans les médias sur le sens de cette intervention et sur l’expression d’un élu sur sa foi.
Cette polémique me touche, à deux titres : d’abord sur la forme, parce que cette intervention est purement privée, car elle se déroule dans une salle paroissiale et parce que la communication n’est faite qu’au travers des supports de la paroisse ; j’interviens comme n’importe quel paroissien qui témoigne de ses convictions et de son engagement. Mais elle me touche surtout sur le fond. Quand au nom du principe de laïcité on s’indigne sur ce qui relève justement des convictions. Pourquoi s’indigner quand un élu témoigne de sa foi dans un contexte privé, qui plus est au sein même de sa propre église ? Comment peut-on imaginer un monde au sein duquel les acteurs politiques seraient à ce point dévitalisés qu’ils ne pourraient plus témoigner de ce qui les anime ? Comment interpréter le bien commun s’il n’est relié à aucune valeur ? Comment faire confiance à un homme politique s’il ne témoigne pas clairement de ses convictions et des valeurs auxquelles il croit ? Ces questions sont essentielles et méritent d’être clairement posées.
Au contraire de ceux qui m’accusent, je ne m’inscris pas dans cette laïcité anesthésiante que la « bien pensance » actuelle tente de nous inoculer. Je m’inscris au contraire dans une laïcité protectrice des religions et de ceux qui les pratiquent ; dans une laïcité qui laisse chacun totalement libre de témoigner de ce dont il croit au sein de sa propre église ; mais aussi dans une laïcité respectueuse des libertés ; dans une laïcité dont les valeurs mêmes sont issues d’un héritage chrétien qui se veut avant tout attentif, tolérant et ouvert.
Il me semble aujourd’hui essentiel de réaffirmer clairement nos convictions, de les assumer pleinement, et de rappeler qu’elles donnent son véritable sens à notre engagement politique. Comment prétendre avoir le courage de réformer si nous n’avons pas celui de défendre ce en quoi nous croyons ? Les enjeux auxquels nous devons faire face appellent de notre part plus de cohérence car la crise que nous traversons se révèle être d’abord une crise de sens.
Faire d’un témoignage de sa foi, dans sa propre paroisse, un motif d’indignation en est la preuve vivante et inquiétante. Réagissons !"