Extraits de l'intéressant portrait de Jean-Frédéric Poisson, réalisé par Le Point :
"Jean-Frédéric Poisson se distingue nettement de tous les autres candidats à la primaire de la droite sur au moins huit points : président du PCD (Parti chrétien-démocrate) et à ce titre qualifié d'office, il n'a pas eu besoin de faire la course aux parrainages ; il est le seul représentant du courant souverainiste ; il est le seul à avoir travaillé en entreprise (consultant en relations humaines et cadre dans la métallurgie) ; il est le seul à ne pas être libéral ; il est le seul à avoir obtenu un doctorat en philosophie ; il est le seul à ne pas promettre 50, 80 ou 100 milliards d'économies sur les dépenses publiques ; il est le seul à être "un fils de chômeur" ; il est aussi le seul à être totalement inconnu du grand public… […]
Dans sa vie, il a fait deux rencontres décisives : Dieu et Christine Boutin. "Je n'ai pas toujours été chrétien, je suis un converti, prévient-il. Les discours sur le mode la religion est contraire à la liberté, empêche de vivre, d'aimer... je les ai tenus, moi aussi." Et puis, un jour de janvier 1982, alors qu'il est en terminale, en classe de philosophie, la flèche du Tout-Puissant se plante dans son cœur : "Est venu à ma conscience qu'aussi petit que l'on soit, on est toujours aimé par le bon Dieu", lâche-t-il.
La rencontre avec Christine Boutin viendra plus tard, à l'occasion d'une conférence sur la bioéthique et le statut de l'embryon. Un thème sur lequel Poisson a produit une thèse de doctorat en philosophie. "J'ai mis mes connaissances à son service, précise-t-il. Ça ne devait être qu'une collaboration informelle et courte. C'est devenu une collaboration très formelle et longue." Pendant 10 ans, il sera en effet son directeur de cabinet, son alter ego. Une expérience dont il conserve de très bons souvenirs mais aussi le sentiment que le machisme de la vie politique française est immense. […]
De tous les candidats à la primaire, c'est de Nathalie Kosciusko-Morizet dont il se sent le moins proche. Leur divergence sur le mariage gay (qu'il veut abolir purement et simplement) est, à ses yeux, rédhibitoire. Idem avec Juppé sur les questions d'islam et de laïcité. "NKM a une vision très ubérisée de la société", estime cet homme attaché aux traditions. Pour cette même raison, il se sent le plus proche d'Hervé Mariton, dont il ne partage pas, en revanche, les options libérales. "Moi, je suis pour l'économie du partage des richesses, le respect des partenaires sociaux. Pour ce qui est des autres, je me sens à équidistance car je suis le seul à ne pas avoir confiance dans le modèle européen actuel."
Sur l'Europe, il opte clairement pour une Europe des nations qui ne confierait à l'UE que les tâches essentielles : prise en charge des migrants, sécurisation des frontières extérieures, lutte contre la prévarication des acteurs américains du numérique… "Au lieu de se consacrer aux dossiers importants que les États ne peuvent résoudre seuls, l'Europe se mêle du nombre de champignons au centimètre cube dans le roquefort, du volume des chasses d'eau ou des surfaces en jachère agricole !" peste celui qui, avec une belle constance, a voté contre le traité de Maastricht, contre le traité de Lisbonne et contre le pacte de stabilité budgétaire présenté par François Hollande (alors que ses camarades de droite l'ont soutenu).
[…] ce gros bosseur a été rapporteur pour le contrôle parlementaire de l'état d'urgence. Ses calculs sont prêts : s'il est élu, il entend consacrer 2 milliards d'euros de plus par an à la justice, passer progressivement mais rapidement de 35 à 50 milliards d'euros sur le budget de la Défense, consacrer plusieurs autres milliards d'euros au relèvement des effectifs de police et de gendarmerie et rétablir le service national ("3 milliards d'euros par an mais bien plus de bénéfices sociaux", souligne-t-il). En bon élu local, il lui semble urgent de redonner aux collectivités locales les moyens de réinvestir.
[…] Autre différence notable avec ses concurrents de la droite : la dénonciation farouche de l'atlantisme de François Hollande et de ses concurrents de droite (un bémol pour Fillon). Une politique extérieure qu'il juge "catastrophique" mis à part les interventions militaires au Mali et en Centrafrique. "On pouvait difficilement être plus atlantiste que Sarkozy. Et pourtant, Hollande a réussi à gravir une marche de plus. C'est un exploit !" ironise-t-il. Poisson prône tout au contraire un renversement d'alliance à travers la signature d'un accord-cadre entre l'Union européenne et la Russie, ne serait-ce que pour mettre fin à cet embargo qui pénalise l'agriculture française."