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France : Politique en France

Jean-Frédéric Poisson demande que la France n’envoie pas de chars Leclerc à l’Ukraine

Jean-Frédéric Poisson demande que la France n’envoie pas de chars Leclerc à l’Ukraine

Entretien avec Jean-Frédéric Poisson, président de Via, La Voie du peuple :

Vous venez de lancer une pétition demandant que la France n’envoie pas de chars Leclerc à l’Ukraine. Pourquoi?

Nous avons lancé cette pétition pour deux raisons. D’abord, nous considérons que nos décideurs politiques devraient être entièrement tournés vers une solution de paix, seule condition d’une victoire pérenne. La situation actuelle qui voit se mettre en place une escalade du conflit sans que les peuples n’aient été consultés d’aucune manière est extrêmement préoccupante : le président Zelensky nous demandait hier des canons CAESAR, aujourd’hui des chars lourds et demain des missiles et des avions. Où cela s’arrêtera-t-il ? Ensuite, il est à craindre que cette nouvelle aide à l’Ukraine ne prive nos forces armées de leurs capacités d’action. La France possède à peine plus de 200 chars Leclerc avec un taux de disponibilité de 50%. En livrer une partie réduirait notre capacité à agir, et mettrait en péril notre propre défense déjà particulièrement affaiblie.

Ne pensez-vous que l’envoi d’armes lourdes serait la meilleure façon de terminer rapidement la guerre et donc de restaurer la paix en Europe?

Nous pensons au contraire que l’envoi d’armes lourdes alimente inutilement un conflit qui aurait pu se terminer à la table des négociations depuis plusieurs mois déjà. Plusieurs fois, le président Vladimir Poutine s’est dit prêt à négocier avec l’Ukraine et les forces coalisées qui nourrissent cette guerre. On sait également que les Ukrainiens étaient d’accord avec le principe d’une négociation. Mais la stratégie de Washington a prévalu, et la guerre continue dans l’intérêt des seuls décideurs de Washington. Je déplore que l’Union européenne, ainsi que les chefs d’États européens, se plient servilement à ces désidératas au lieu d’essayer de gagner les conditions de la paix. Quels seront les fruits de cette guerre ? L’installation d’une tension glaciale entre la Russie et l’Europe, et l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN : nous autres Français n’avons besoin ni de la première ni de la seconde.

De part et d’autre, beaucoup de commentateurs mobilisent les années trente et la dernière guerre. Comment appréciez-vous cette comparaison ?

Pour mémoire, cette “dernière guerre” n’est pas tout à fait la dernière, en tous cas pas en Europe. Il faut rappeler en effet que la Turquie occupe illégalement le nord de Chypre depuis près de 50 ans (où sont l’Europe et sa morale ?) et que nous avons bombardé la Serbie dans les années 1990 sous la bannière de l’OTAN et sans mandat de l’ONU ! Ce conflit russo-ukrainien (qui n’est pas une guerre faite au monde, ni même une guerre faite contre l’Europe) est d’abord la faillite de Bruxelles : incapacité à assurer la paix sur le continent, et alignement systématique sur les positions états-uniennes. Le contraire, en somme, de ce qu’a longtemps été la puissance française.

Alors, il est vrai que nous avons laissé dans les années trente Hitler remilitariser l’Allemagne sans réagir, de même que nous avons laissé l’Ukraine fouler aux pieds les accords de Minsk sans rien faire. C’est bien notre lâcheté qui est en cause dans les deux cas. Mais à part ça, les circonstances de 1938 et celles d’aujourd’hui sont infiniment différentes, et rendent caduque toute tentative de comparaison.

Pensez-vous que la France ait encore les moyens politiques et militaires d’une action autonome en faveur de la paix ?

En tout cas, si elle ne les a plus, elle doit impérativement se les donner. Il est vrai que les dernières décennies ont violemment raboté les moyens opérationnels de nos armées et décrédibilisé la France sur le plan diplomatique. Je pense, en revanche, qu’il nous reste un poids international indéniable : la France demeure une puissance moyenne d’influence mondiale. Elle a parfaitement les moyens, au nom de l’histoire, de notre propre culture, de faire entendre une voix différente – différente, mais probablement majoritaire aujourd’hui sur la planète. La France alors fidèle à sa propre tradition non seulement ne s’isole pas, mais parle au nom de ceux qui ont perdu la voix ou ne l’ont pas encore acquise. C’est précisément en étant non-alignée qu’elle regagnera son influence perdue.

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7 commentaires

  1. De même que les autres nations qui envoient des armes, la France se dégarnit et affaiblit sa propre défense. Les décideurs sont en train de livrer tous ces pays aux mains des envahisseurs qui ne vont plus guère tarder à venir s’emparer de ces proies juteuses.
    Est-ce le but masqué poursuivi ?

  2. Monsieur Poisson, vous avez parfaitement raison.
    Au surplus, personne n’en parle, mais sans soutien, un char lourd ne sert pas à grand chose. Formations emploi et maintenance, DTU et outillages, rechanges NTI1 et NTI2, soutien industriel, transport… Je sais bien que c’est du jargon mais les initiés comprendront. C’est de l’esbroufe à la mode technocrate/sciences Po/ENA, rien que d’la gueule !
    Abrams, Challenger, Léo II, on va voir la réalité au combat, le seul critère. Ma grande peur, c’est l’envoi de soldats français, en cachette… Les gibiers de potence aux manettes sont capables de tout.

    • J’avais cru comprendre qu’il y avait des membres de la DCSE à Mariupol (cf. Courrier des Stratèges, Profession Gendarmes ou encore Pierre Jovanovic)

  3. Il vit comment ce monsieur, il n’est ni député ni sénateur, son parti il est le président mais il y a combien d’adhérents, donc il vit d’amour et d’eaux fraîches, mais je m’aperçois il a toujours des bonnes idées

  4. M. Poisson nage dans les eaux troubles de ce conflit avec une vue très claire.
    Quel grand homme politique !
    Si on continue, Zelensky va finir par nous demander nos S.N.L.E.
    Le pire, c’est que Macron en serait capable, trop fier de prêter ses joujous d’enfant gâté.
    Quel petit homme politique !
    Pour rajouter une note de sérieux à ce mauvais humour exaspéré, rappelons quand même que le France et l’Allemagne étaient garants du respect des accords de Minsk.
    Quelle honte !

  5. Vous avez parfaitement raison , Honte à ces chefs d’états qui n’ont pas tenu leur promesse . Ou pire ont signé en sachant pertinemment qu’ils n’en avaient rien à “foutre” . Ils ont combien de morts sur la conscience .

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