Le président du Parti chrétien-démocrate (PCD) et candidat à la primaire de la droite et du centre, Jean-Frédéric Poisson, est à son tour interrogé par Famille chrétienne à propos du ralliement de Sens Commun à François Fillon :
"Je n’ai pas de commentaire à faire sur la décision politique d’un mouvement qui n’est pas le mien. Je suis dans une démarche qui consiste à examiner les projets politiques des différents candidats à la primaire. Dans ce contexte, je constate que, premièrement, j’ai une différence de convictions très nette avec M. Fillon sur les sujets qui me sont les chers, c’est-à-dire sur celui du respect de la vie. François Fillon dit partout que l’avortement est un droit fondamental, ce n’est pas mon avis. Il l’a écrit, l’a confirmé et il l’a même voté. Il fait partie des 27 députés Les Républicains (sur 200) qui ont voté pour ce texte en novembre 2014.
Deuxièmement, sa position sur la filiation est extrêmement ambiguë. Moi, je continue de considérer que la Loi Taubira doit être abrogée purement et simplement parce, premièrement, elle nie la différence des sexes, deuxièmement elle prive un certain nombre d’enfants de la reconnaissance et de la connaissance de leur filiation, et, troisièmement, parce qu’elle provoque la possibilité de la gestation pour autrui (GPA), qu’on le veuille ou pas. Tout ce qui n’est pas l’abrogation pure et simple de cette loi maintient en l’état une législation délétère pour le corps social.
Troisièmement, M. Fillon n’a pas les mêmes conceptions que moi sur l’Europe, l’Etat et les relations avec l’Islam. Pour toutes ces raisons, je ne comprends pas ce choix, qui s’apparente en fait à un calcul politique. Je comprends les calculs politiques, mais je pense que le premier tour d’une primaire n’est pas le lieu pour cela. Je crois au contraire que la primaire ne sert qu’à une chose : à voter pour le candidat qui porte le projet le plus en adéquation avec ses convictions. Ensuite, il sera toujours temps de regarder comment influer ou peser.
Pourtant, Sens Commun vous considère comme étant le plus proche de leurs convictions…
Quand vous regardez les choses de près, y compris sur l’Europe, l’économie, l’éducation, la culture… Nous avons exactement le même type de convictions. Ce choix est d’autant plus incompréhensible que François Fillon a déclaré que, s’il ne gagnait pas la primaire, il arrêtait la politique et que son choix au second tour irait vers Alain Juppé.
Ils vous reprochent d’être un « petit candidat ».
Si tous ceux qui auraient pu faire le choix de soutenir un candidat ne le font pas, il est évident que ce candidat restera petit. C’est bien dommage car, à l’occasion de cette primaire, il y a la possibilité de commencer à préparer ce que nous sommes nombreux à appeler de nos vœux : la recomposition de la droite. C’est le moment – et un moment privilégié –, pour montrer aux appareils politiques, Républicains et centristes, que cette recomposition peut se faire, et se faire en dehors d’eux. C’était l’occasion rêvée de montrer que nous pouvions travailler de manière transpartisane en gommant un peu les frontières des partis politiques, sans pour autant tomber dans des positions extérieurs intenables.
Quel message adressez-vous aux adhérents de Sens Commun ?
J’ai cru comprendre que ce choix était une décision des instances dirigeantes et qu’à ma connaissance la base n’a pas été sollicitée. Et je constate depuis deux jours de vifs échanges entre les adhérents sur les réseaux sociaux. Je répète la règle que nous connaissons tous : chaque militant de chaque formation politique conserve un plein libre-arbitre. Je redis aux adhérents de Sens Commun que le premier tour primaire n’est utile que s’il est un marqueur de positions. Il est impossible de rentrer dans des négociations pour la suite si vous ne commencez pas par marquer vos convictions. Servez-vous de cette primaire pour exprimer votre proximité avec le candidat que vous estimez le plus proche de vos convictions. Le seul vote utile, c’est un vote de convictions."