Tribune de Claude Meunier-Berthelot, qui tranche avec l'aura dont bénéficie Jean-Michel Blanquer :
L’éditorial d’Eric ZEMMOUR sur la politique éducative de JM BLANQUER au micro de RTL le 13/02/2018 laisse pour le moins sans voix et pantois ! Une telle prestation de la part d’un journaliste qui, par ailleurs, ne manque ni de talent ni de discernement fut une surprise et une déconvenue d’autant plus grandes et les erreurs énoncées trop conséquentes pour qu’il soit possible de garder le silence sur un discours qui ne peut qu’abuser un public nombreux. Au rendu d’une telle « copie » l’appréciation portée par un professeur pourrait être : « sujet non compris, trop de contresens, revoyez l’ensemble de votre travail. » « Errare humanum est », certes ! mais si l’on veut éviter la persévérance dans l’erreur, mieux vaut rétablir au plus tôt la vérité.
Les pédagogistes souffriraient de la politique éducative de JM BLANQUER
Eric Zemmour présente son éditorial comme une souffrance des pédagogistes – qui ont littéralement saccagé l’Education Nationale depuis des décennies – au vu des décisions que JM BLANQUER serait censé prendre : «…Chaque jour est un jour de souffrance, chaque jour est une torture, chaque jour sa catastrophe, chaque jour son offense, son humiliation … » dit-il… et faisant un inventaire à la Prévert , « …un jour c’est la méthode syllabique, le bon vieux B.A.BA qui revient en majesté ( ?!), un jour c’est la dictée, et maintenant les quatre opérations, même la division dès le cours préparatoire, demain peut-être, la fin du bac dans une pochette surprise et pourquoi pas la sélection à l’université…non ! c’est trop de douleur ! entendre un membre de la commission Villani dire « l’objectif de la mission est de rompre avec l’engrenage dans lequel l’enseignement est plongé depuis 40 ans, c’est plus qu’il n’en peuvent supporter… »
En tant que non-pédagogiste, c’est également trop ! vraiment trop de douleur qu’il ne soit possible de supporter en silence !
Le cynisme de JM BLANQUER
Certes, Eric ZEMMOUR a quelques excuses !
En effet, toutes les décisions prises par JM BLANQUER et qui s’apparentent à un projet « authentiquement réactionnaire » (sic) c’est-à-dire en réalité à des conceptions qui ont fait la gloire passée de notre Ecole, sont bien mises en œuvre, mais uniquement dans les « réseaux d’éducation prioritaire », c’est-à-dire uniquement en faveur des élèves issus de l’immigration, et le plus redoutable axe de communication de JM BLANQUER consiste à présenter avec le cynisme le plus éhonté, tous les dispositifs salutaires pour le système éducatif mais qui s’appliquent uniquement dans les REP (réseaux d’éducation prioritaire) comme s’ils étaient applicables et appliqués à tous, c’est-à-dire également à nos enfants.
Et quand il visite des écoles où il met en évidence, la lecture acquise dès le CP dans des classes dédoublées et avec des méthodes éprouvées, les dictées, les fables de la fontaine, les leçons de morale, les chorales, les cours de latin-grec…il se situe toujours dans les écoles des réseaux d’éducation prioritaire.
Deux systèmes éducatifs aux objectifs et moyens diamétralement opposés
A cet égard, rappelons qu’en vertu de la loi de refondation de l’école du 7 juillet 2013, loi résultant de l’aboutissement d’un lent processus de bi-partition qui a pris naissance depuis plusieurs décennies, il existe deux système éducatifs qui fonctionnent en parallèle avec des objectifs et des moyens éducatifs diamétralement opposés:
Un système éducatif pour nos enfants
. Un pour nos enfants, basé sur des méthodes anti-pédagogiques destructrices de l’intelligence et de la formation intellectuelle et notamment sur les méthodes de lecture de nature globale qui perdurent avec JM.BLANQUER – dont la dernière supercherie en date est de qualifier « syllabiques » les méthodes « semi-globales » – et sur le constructivisme, autrement dit, système où la transmission des savoirs et la formation intellectuelle disparaissent et où les élèves sont censés construire leur savoir à travers des activités diverses et variées, suivant un parcours qui leur est personnel, sans obligation de résultat. « Et çà ne marche pas … » , comme l’a déclaré JP. Chevènement le 4 septembre 2017 sur LCI au micro d’Audrey Mara mais méthodes que JM BLANQUER ne remet absolument pas en cause contrairement à ce que prétend JP. Chevènement, puisque le ministre a dit qu’il conservait l’interdisciplinarité – marque du constructivisme – « qui va dans le bon sens »(sic).
Un système éducatif pour les élèves issus de l’immigration
. Un système éducatif pour les réseaux d’éducation prioritaire ( REP et REP+ – 1100 sur le territoire national scolarisant 1 200 000 élèves), autrement dit pour les élèves issus de l’immigration y compris les enfants de clandestins scolarisés dans les REP+ c’est-à-dire les REP renforcés ; dans ce système, est dispensé un enseignement de qualité accompagné d’un soutien personnalisé, avec un personnel spécifiquement formé, des méthodes pédagogiques efficaces (sic), l’acquisition d’une « culture solide » (sic), l’objectif d’excellence de résultats rigoureusement contrôlés (avec remise de prix, d’excellence notamment). C’est le point le plus important. (cf. « Ecole, la haute trahison » – Editions Apopsix 2017)
Autres erreurs …
Mais d’autres erreurs se sont glissées dans le discours d’Eric ZEMMOUR. Quand il encense Claude Allègre – en réalité, pédagogiste parmi les pédagogistes dont personne « n’a eu la peau » (sic) mais qui a « eu la peau » de l’Ecole, contrairement à une idée largement répandue – et attaque NV.BELKACEM – qu’il est de bon ton de critiquer si l’on veut faire apparaître JM BLANQUER comme un redresseur de torts – il est tout autant dans l’erreur.
Enfin, quand il dit que BLANQUER oblige les pédagogistes à démissionner de tous leurs lieux de pouvoir, il est encore dans l’erreur : Michel LUSSAULT, directeur du CSP (Conseil Supérieur des Programmes) a été poussé à la démission tout simplement parce que sa mission de refonte des programmes des collèges était terminée, mais pas une seule décision prise par JM BLANQUER ne s’est démarquée fondamentalement de la politique de son prédécesseur, contrairement aux annonces faites dans la Presse ; seuls, de simples assouplissements ont été apportés et encore ! (le prétendu rétablissement des classes bi-langues qui n’avaient jamais été supprimées, le prétendu retour du latin sans aucune disposition de fond correspondante, etc…)
Conclusion
Alors, quand Eric ZEMMOUR prétend que JM.BLANQUER « reconstruit l’Ecole pierre après pierre, l’ « Ecole d’avant » qu’ils (les pédagogistes) ont tant haïe » , il faut bien s’imprégner de cette réalité catastrophique pour l’avenir de nos enfants et de la société française : cette politique éducative de « l’Ecole d’avant » n’est pas pour nos enfants et JM BLANQUER ne fait que poursuivre et renforcer une politique déjà très aboutie en la seule faveur des élèves issus de l’immigration dans les réseaux d’éducation prioritaire.
Voici cette analyse d'Eric Zemmour :
Yann
Quand on voit des enfants de 9 ans apprendre des poésies sans queue ni tête, il y a de quoi dégoûter n’importe qui de la littérature.
Et que penser de ce nouveau bac qui ressemble étrangement à celui anglo-saxon ?
La France a-t-elle pour vocation d’être à la remorque des pédagogues anglicistes ?
Le Forez
Oh ce n est pas d hier car deja demon temps , en 76 , on “étudiait” en littérature ” plic et plock” en 4 ieme , avec tout le sérieux qui s imposait comme si on etudiait du Chateaubriand .
Au fait pourquoi cette voix off en anglais à la fin de la video ?
professeur Tournesol
Où cette dame a-t-elle vu que les réformes de JM Blanquer ne concernaient que les ZEP ?
Si les ZEP ou les REP c’est si bien, on se demande pourquoi les familles font des pieds et des mains pour contourner la carte scolaire et mettre leurs enfants ailleurs qu’en ZEP. Pourquoi les familles du centre-villes ne cherchent pas à envoyer leurs enfants dans les collèges de banlieue ???
Blanquer n’est sûrement pas parfait, mais Mme Meunier Berthelot me semble déconnectée de la réalité.
Olivier Monteil
Très bien vu.
De toutes façons, Blanquer est celui qui a validé la refonte des programmes scolaires du secondaire sous Luc Chatel (ministre de Sarkozy), laquelle a détruit l’enseignement factuel et chronologique de l’Histoire au profit d’un enseignement thématique imbuvable, destructurant et effaçant toute perspective historique de notre pays.
Un carnage dont Blanquer a déjà confirmé qu’il n’en changerai rien.
Olivier Monteil
Quant au nouveau Bac effectivement, il achève l’enterrement de première classe de cet examen, définitivement devenu sans valeur représentative des qualités et acquisisation des savoirs.
Il suffira des notes de contrôle continu établies durant l’année pour que Henri IV soit déclassé par n’importe quel lycée de banlieue faiblement francophone.
Une imposture de plus.
LdeM
S’il était bon pour la France, il ne serait pas ministre de Macron. Il faut vraiment arrêter de s’aveugler naïvement sur une phrase mielleuse de ce ministre : il a suffi qu’il dise “dictée hebdomadaire” pour que tous les électeurs de droite crie au génie.
Collapsus
Blanquer n’est que le pot à miel utilisé par Macron pour attraper les gogos naïfs de la droite. Lisez également Laurent Wetzel qui dévoile cette supercherie grossière (voir son interview éloquente sur TVL). Également le journal L’Express du 26 novembre 2017 qui relate ses accointances avec la franc-maçonnerie.
Comme le dit LdM, si c’était un bon, il serait obligatoirement dans l’opposition. La vraie. Pour une fois, c’est Zemmour qui se fait duper.