Dans Présent d’aujourd’hui, Jean Madiran remarque que les textes mis en cause par les historiens ne sont pas tous de la même nature : remettre en cause la loi Gayssot, c’est simplement revenir à la liberté d’expression; mais en remettant en cause l’article sur l’enseignement du "rôle positif" de la colonisation, les historiens s’opposent à ce que le politique fixe les programmes scolaires. Madiran pousse leur raisonnement jusqu’au bout :
[L]’Etat républicain a pris la responsabilité d’être patron et maître de l’Education nationale, c’est-à-dire de la totalité de l’école publique et des écoles sous contrat [sur ce point, voir ici]. C’est l’Etat seul, en dernière analyse, qui possède aujourd’hui l’autorité de fixer la "vérité historique" enseignée en classe et dont l’acquisition fidèle est vérifiée par les examens. Si les dix-neuf veulent vraiment que la "vérité historique" échappe au pouvoir politique, qu’ils y réfléchissent donc, et qu’ils réclament une loi fondamentale, une loi nécessaire, une loi de Séparation : la séparation de l’école et de l’Etat.
Szymański
Arrêtez-moi si je me trompe, mais si M. Gollnisch est poursuivi sur le fondement de la loi Gayssot, n’est-ce pas parce qu’on lui reproche d’avoir nier l’existence des chambres à gaz pendant la seconde guerre mondiale? En même temps que la loi punit le fait de nier un fait historique, elle le rend incontestable, et donc l’établit (ou l’établit de manière incontestable). Cette loi fait donc plus que limiter la liberté d’expression.
Szymański
d’avoir nié, pardon.
Henri Védas
L’article sur la colonisation est moins large que la loi Gayssot, parce qu’elle s’applique à l’enseignement (de manière très symbolique, d’ailleurs… à quoi un improbable décret d’application ressemberait-il ?)
Cet article ne fait pas d’une critique unilatérale et injuste de la colonisation par n’importe quel historien un délit – elle n’est donc pas le symétrique de la loi Gayssot.
Remettre en cause le droit de l’Assemblée de fixer l’esprit de l’enseignement de l’histoire dans le service public d’éducation a donc des conséquences plus larges que de remettre en cause la loi Gayssot. C’est cela que remarque Madiran – même si on devine que les 19 historiens n’ont pas mesuré où les menait leur logique…
Anonyme
Séparer l’école de l’état ne serait pas une mauvaise idée… Mais bon, on ne peut pas tout avoir du premier coup. Souhaitons déjà que l’appel de ces 19 historiens ait une certaine portée parmi nos faiseurs de lois.
florent
Séparer l’école de l’état me semble même nécessaire tant que nous vivrons dans ce régime post socialiste. Sinon, le but des historiens en question est surtout de ne pas laisser les politques réécrire l’histoire, ce qui me semble absolument nécessaire et pas seulement pour la loi Gayssot, mais aussi pour la loi Taubira de 2001 sur l’esclavage, votée par une élue gauchiste de Guyane. Espérons au moins que ce mouvement ne s’éteindra pas et sera suivi. Les historiens se réveillent, c’est une chance. Soutenons aussi Pètré Grenouilleau attaqué en justice pour avoir…écrit un livre sur l’esclavage qui dit quelques vérités inconfortables.L’article 4 de la loi sur la colonisation aura eut au moins cet aspect positif.