D'Aymeric Pourbaix dans Famille chrétienne :
"Jeanne d’Arc fait partie de ces étoiles à contempler. Parmi toutes les belles paroles prononcées lors du 600e anniversaire de sa naissance, il est un fait, moins éclatant que la prise d’Orléans, mais qui met particulièrement en lumière la vie intérieure de la sainte. Début septembre 1429. Après le sacre du roi, Jeanne veut marcher sur Paris, afin de poursuivre la reconquête du royaume. Devant la ville fortifiée, elle fait halte au village de La Chapelle, pour une veillée d’armes et de prière dans l’église Saint-Denys. L’assaut échoue, Jeanne est blessée. Ce sera son premier échec, avant d’être prise et vendue aux Anglais, neuf mois plus tard. « Cette nuit est dans son existence le passage des mystères de joie aux mystères de douleur, en attendant la consommation dans les mystères de gloire », expliquera le dominicain Ambroise-Marie Carré. Chaque fois, « en ses peines comme en ses joies, elle fit la volonté de Dieu . Voilà en quoi consiste sa sainteté ».
Il faut noter aussi, à l’attention des parents d’aujourd’hui, que ce « primat intense de la vie intérieure» chez Jeanne, relevé par le cardinal Jean Daniélou, s’enracine dans la bonne éducation religieuse reçue au sein de sa famille. Cela lui permit de ne pas céder au découragement, même quand ses « voix lui faisaient défaut. Comme ses parents le lui avaient appris, elle invoquait sans cesse le «Nom de Jésus» , jusqu’à sa dernière heure sur le bûcher… Pour autant, il ne faudrait pas faire de la Pucelle une sainte évanescente et réfugiée dans le spirituel. Grâce à cette riche vie intérieure, elle fut bien « la sainte du temporel » décrite par le même Daniélou, capable par sa trajectoire lumineuse de restaurer le lien sacré entre Dieu et la France. Et son échec devant Paris ne sera que provisoire, puisque six ans après sa mort, la capitale sera effectivement libérée. […]"