De l'abbé Pierre Amar :
"Dieu a décidément une curieuse conception de la gestion des ressources humaines. Pour faire un chef de guerre, il prend une frêle jeune fille. Pour une mission qui est éminemment politique, il prend une petite bergère illettrée et complètement ignorante de toutes ces choses.
Dans un discours resté célèbre, André Malraux a su montrer ce que la force de son courage, la paix de ses convictions et sa confiance dans l'action ont pu réaliser : « dans ce monde où le dauphin doutait d’être dauphin, la France d’être la France, l’armée d’être une armée, Jeanne refit l’armée, le roi, la France ! ».
Toute la vie de Jeanne d’Arc est une leçon et un encouragement pour tous ceux et celles qui s’engagent au service de leurs concitoyens. En ce sens, Jeanne n’est ni de droite ni de gauche, elle appartient à tous les Français.
Elle rend toute sa noblesse et toute sa dignité à l’engagement politique. Après Saint Louis, elle annonce Saint Thomas More ce chancelier d’Angleterre décapité en 1535.
Au sens premier du terme, la politique est la gestion de la vie de la cité. Et Dieu, qui veut le bien des hommes, s‘y intéresse.
En son nom, l’Eglise ne se lasse pas de réclamer de tous ses vœux une génération d’hommes et de femmes qui soient prêts à comprendre que la politique est une voie exigeante de charité et qu’elle repose sur une conviction essentielle : le pouvoir est un service. Entrer en politique c’est un peu s’oublier soi-même, se dépouiller et prendre les habits du serviteur. Comme le Christ le soir du Jeudi Saint …"
Fêter la naissance de Jeanne d'Arc, qui affirmait que c'est le Christ qui est Roy de France, le jour de l'Epiphanie est assez symbolique :
"La fête de l’Epiphanie est du reste la vraie fête du Christ Roi. Du Roi Prêtre. Du… Roi Mage. La liturgie insiste sur ce point. On peut remarquer, par exemple, que l’antienne d’introït n’est pas, comme on s’y attendrait, un verset du psaume 71, mais un texte qui concentre encore davantage l’idée royale : « Voici que vient le Seigneur dominateur, et le règne est dans sa main, et le puissance, et l’empire. » Avec le jeu de mots sur « dominator Dominus », le mot regnum qui dit aussi bien le royaume que le règne, le mot potestas qui désigne à la fois le pouvoir et la puissance, le mot imperium qui indique le pouvoir impérial, l’autorité suprême et universelle. (Ce texte ne figure pas tel quel dans la Sainte Ecriture. C’est une composition ecclésiastique, inspirée par une formule de la fin du premier livre des Chroniques.) […]
L’évangéliste parle de mages pour insister sur le côté religieux, et non politique, de la venue du Seigneur. Mais ces mages sont bel et bien aussi des rois, car ils offrent au Nouveau Né de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or est ce que les rois offrent aux rois, l’encens est ce que les prêtres offrent aux prêtres, la myrrhe est ce que les humains offrent aux humains pour leur sépulture. Le Dieu qui naît à Bethléem est à la fois roi et prêtre éternel, et homme mortel."