Roland Hureaux, agrégé d’histoire, ancien élève de l’École normale supérieure et de l’ENA, vient de publier un bel ouvrage sur Jésus de Nazareth, Roi des Juifs. Livrant une approche originale, essentiellement historique, l’auteur tente de montrer qui était Jésus Christ, ce qu’il a dit et fait. S’appuyant largement sur les quatre évangiles canoniques – Matthieu, Marc, Luc et Jean –, mais également sur le Testament juif, les autres textes du Nouveau Testament, Roland Hureaux présente, en plus d’une véritable anthologie des passages essentiels, une image de la personnalité de Jésus de Nazareth et de son enseignement.
Historien, il a nourri son récit d’une évocation approfondie du contexte historique du Ier siècle, juif et romain. Et au-delà de cette connaissance, il s’appuie sur son expérience personnelle des mécanismes du pouvoir pour éclairer les ressorts cachés de la vie publique de Jésus. L’auteur replace les évènements dans leur contexte : l’occupation romaine, succédant à l’occupation grecque, les divisions internes au peuple juif, les différents groupes rencontrés (pharisiens, sadducéens, zélotes, hérodiens, samaritains…), l’entourage de Jésus, sa personnalité… A propos de la Cène, l’auteur se demande pourquoi elle se déroule un jeudi, “veille de la Pâques”, et non le vendredi :
Pour le judaïsme officiel, pour les autorités du Temple, la Pâque a lieu le samedi. Mais certains juifs n’acceptent pas ce calendrier : c’est le cas des Galiléens et aussi des Esséniens : pour eux la Pâque de cette année-là est le vendredi. Ils pensent que le report d’un jour opéré plusieurs dizaines d’années auparavant par le haut sacerdoce avait pour but d’adapter les fêtes juives au calendrier hellénistique et que c’était là une mauvaise raison. Jésus fait partie des “intégristes” qui tenaient à l’ancien calendrier.
Ce décalage lui permet non seulement de célébrer la Pâque le jeudi soir mais permet aussi qu’on le mette à mort le vendredi, qui n’est pas le jour de la Pâque pour les autorités mais qui l’est pour lui : il apparaît ainsi comme la victime expiatoire, l’Agneau par excellent, immolé le jour de la vraie Pâque, ce qui n’aurait pas été possible si les autorités avaient, aussi, considéré ce jour comme un jour sacré.