Jean-Frédéric Poisson a été interrogé dans Politique Magazine. Extraits sur La Manif Pour Tous puis Sens Commun :
"Quel bilan faites-vous de la Manif pour tous dont vous êtes, comme homme politique, une des figures de proue ?
Vous connaissez ma passion pour le rugby. En tant que pilier gauche du quinze parlementaire, je dirai que l’essai a été aplati mais qu’il n’a pas été transformé. Grâce à la mobilisation, toute une France a acquis une certaine forme de conscience politique. Des gens, qui, sans doute, ne s’étaient jamais posé la question, ont compris qu’en se mobilisant, il était possible d’engager un débat public et de créer un rapport de force en manifestant une volonté collective. En revanche, peu des participants ont compris que le prolongement naturel de la mobilisation était d’investir massivement les partis politiques qui, malgré tous leurs défauts, demeurent le seul moyen d’expression des opinions publiques dans le cadre institutionnel français. Il y a eu Sens commun. Mais la moitié de ses adhérents était déjà encarté dans un parti. Cela ne constitue pas, à proprement parler, un renouvellement de l’engagement militant.
D’autant plus qu’après leur soutien à François Fillon, on peut se poser des questions sur l’efficacité de leur stratégie d’entrisme…
Sens Commun a eu une première déconvenue avec Nicolas Sarkozy. J’ai beaucoup de respect pour eux, mais il était naïf de croire à une quelconque forme d’engagement de sa part quand il a prononcé le mot « abrogation ». En fait, si certains ont voulu l’entendre comme l’affirmation d’une conviction, c’est qu’il justifiait a postériori leur stratégie politique qui est d’avoir les deux pieds chez les Républicains. Comment faire pression et rester soi-même tout en respectant les structures du parti et les grandes orientations de ses dirigeants ? Je sais par expérience que la position n’est pas facile à tenir.
En choisissant de soutenir François Fillon, Sens commun commet cependant une erreur d’appréhension tactique et confond le premier tour des primaires avec le second tour de l’élection présidentielle. La primaire permet d’exprimer des convictions, de faire valoir le choix de société qu’on veut pour la France, ce que je fais au nom du PCD. Il y a une différence de degré avec l’élection présidentielle qui, elle, suppose un choix de conciliation par nécessité. Sens commun évacue l’expression de la conviction. C’est dommage. La recomposition de la droite que beaucoup attendent – et dont il est encore trop tôt pour savoir quelle forme elle prendra – doit être transfrontalière, précisément parce que sa raison d’être sera de mettre la conviction avant la conciliation."