Suite à ses voyages en Russie et en Serbie, voici un entretien avec Jean-Frédéric Poisson sur la Serbie, la Russie et les relations catholiques, orthodoxes.
Après votre voyage en Serbie et en République serbe de Bosnie, vous êtes-vous intéressés au référendum en République Srpska ?
Evidemment. La question du référendum a été au cœur des échanges avec les hommes politiques et acteurs de la société civile lors de mon voyage en Republika Srpska. J’ai pu remarquer à quel point les Serbes de Bosnie étaient méfiants et craintifs vis à vis décisions de Sarajevo et du haut représentant international – qui par ailleurs n’a rien à faire ici. Les Serbes de Bosnie ont peur de perdre leur identité à cause des décisions de la fédération de Bosnie-Herzégovine. Ils demandent que leur fête nationale soit maintenue le 9 janvier, jour de la Saint Stéphane. La volonté populaire a choisi de conserver le 9 janvier comme jour de la fête nationale de la Republika Srpska. La communauté internationale doit accepter la volonté des Serbes de Bosnie de préserver leur identité.
Que pensez-vous des résultats des élections locales qui ont suivi la Bosnie ?
Les partis patriotiques serbes, croates et bosniaques ont largement remporté les élections sur leurs territoires. Cela montre bien que les Serbes orthodoxes, Croates catholiques et Bosniaques musulmans souhaitent conserver leurs identités respectives. Le rêve de l’OTAN et de l’ONU de créer en Bosnie, un État unitaire et de constituer une identité bosniaque a échoué. Les Serbes de Bosnie sont des Serbes et ils ne seront jamais des Bosniaques au sens où le pense l’ONU.
Milorad Dodik, président des Serbes de Bosnie souhaite réaliser un référendum sur l’indépendance de la Republika Srpska, qu’en pensez-vous ?
C’est une décision qui revient au gouvernement de la Srpska et au peuple serbe de Bosnie. Je vois que les deux entités regardent dans des directions totalement opposées. La fédération de Bosnie-Herzégovine —peuplée majoritairement de musulmans — souhaite que la Bosnie adhère à l’Union européenne, à l’OTAN. À l’inverse, la Republika Srpska n’est pas très enthousiaste vis-à-vis d’une adhésion à la l’UE et elle est surtout très proche de la Russie. Au-delà des 3 identités qui existent, il y a donc 2 représentations géopolitiques du monde. Ainsi, je comprends que la Republika Srpska ait envie de prendre son indépendance. La France et de nombreux pays occidentaux ont reconnu un narco-Etat qui est le Kosovo, alors qu’il est le cœur historique de la Serbie. Pourquoi empêcherions-nous la Republika Srpska et les Serbes de Bosnie de prendre leur destin en main et se rapprocher davantage de la République de Serbie ? Il s’agit d’un même peuple qui a été séparé.
Avez-vous suivi les élections au Monténégro ?
Oui, c’est d’ailleurs une transition intéressante avec le précédent sujet. Le Monténégro a eu le droit de prendre son indépendance, mais la République serbe de Bosnie n’aurait pas le droit ? Le parti de Milo Djukanovic a une nouvelle fois remporté les élections. Je trouve la politique internationale du Monténégro dangereuse pour la stabilité régionale. La Serbie, comme le Monténégro doivent être des pays jouant sur les deux échiquiers, à savoir l’Europe de l’Ouest et la Russie. Je m’inquiète de voir que sa décision de rejoindre l’OTAN puisse être prise comme une provocation vis-à-vis de la Russie.
Vous avez voyagé en Serbie, en Russie, ces deux voyages vous réconfortent-ils dans votre volonté d’œuvre au rapprochement entre catholiques et orthodoxes ?
Catholiques et orthodoxes ont été trop longtemps divisés. Les catholiques et les orthodoxes ont tous les deux leurs traditions, rites… qui sont différents, c’est ce qui fait la richesse de ces deux branches du christianisme. Mais nous devons réapprendre à nous parler davantage, aussi bien les responsables religieux, les hommes politiques, que les simples croyants afin de voir que nous sommes très proches. Aussi bien les Serbes que les Français doivent voir qu’ils doivent faire face à un même ennemi sur leur sol, l’islam conquérant. Je garde l’espoir, malgré les souffrances du passé, que les chrétiens de cette région puissent travailler ensemble bientôt. Il n’y aucune raison que ce que les Allemands et les Français ont réussi à faire ensemble soit impossible pour les Croates et les Serbes.
Vous êtes candidat à la primaire de la droite. Quel message souhaitez-vous porter dans ce contexte ?
Je veux avant tout porter un message de cohérence. Tous les autres candidats à la primaire ont alimenté, activement, la diplomatie, les politiques d’immigration et de complaisance à l’égard de l’islam dont nous payons les conséquences aujourd’hui. J’ajoute que leur conception de l’Europe, qui renonce à faire du continent autre chose qu’un espace de commerce, est clairement contraire aux intérêts européens, y compris donc ceux du peuple français et du peuple serbe. Mon ambition pendant cette élection est de dire aux Français que la croissance économique et la lutte contre les déficits publics ne peuvent pas être l’alpha et l’oméga des programmes de réformes de la France. Ces déplacements en Serbie, en République serbe de Bosnie et en Russie m’ont conforté dans cette vision : on ne réformera la France qu’en travaillant à reconstituer la solidité de notre peuple, de notre culture et de notre histoire. Et la France ne pourra y réussir vraiment qu’en étant ambitieuse pour elle-même et pour l’ensemble des peuples européens. L’échéance présidentielle française 2017 ne se résume pas à un enjeu de gestion : elle représente un enjeu de civilisation. C’est ce que me rappellent tous les interlocuteurs que je rencontre lors de mes déplacements à l’étranger, qui attendent parfois beaucoup plus de la France que les Français n’en attendent eux-mêmes. On pourrait s’en désespérer. J’en tire au contraire une détermination et une espérance renforcées. Mes récentes visites auprès des Serbes et des Russes m’ont clairement renforcé dans cette conviction.