Ce matin 28 septembre, à l'Assemblée nationale, la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances recevait des militantes pro-avortement, à l'occasion de la journée pour le droit à l'avortement :
- Mmes Laurence Esterle et Emmanuelle Lhomme, coprésidentes de l’Association nationale des centres d’IVG et de contraception (ANCIC),
- Mme Chantal Birman, membre du conseil d’administration de l’ANCIC et vice-présidente de l’Association nationale des sages-femmes orthogénistes (ANSFO) ;
- Mme Caroline Rehbi, coprésidente du Mouvement français pour le Planning familial, et Mme Sarah Durocher, membre du bureau national du Planning familial
Pour résumer les interventions reproduites ci-après :
1. Ce que demandent les militantes et qui devrait être développé bientôt :
- La pratique des avortements hors établissements de santé, par des sages-femmes, car les médecins qui acceptaient de pratiquer partent de plus en plus à la retraite.
- Le dépassement du délai : militantisme pour accompagnement au-delà de 14 semaines. Ces femmes ne se cachent pas de transgresser la loi concernant le respect du délai légal (12 semaines)
- Militantisme pour le genre de la plupart de ces structures et par l’éducation en général (recherche de subventions)
- Développement des revendications pour les avortements par aspiration par des non professionnels
2. A contrario, quelques aspects positifs ressortent :
- Perception d’une certaine inquiétude du fait que la vieille génération militante vieillit et part et montée d’une génération motivée… mais pro-vie.
- Relativisme sur la clause de conscience. Certaines considèrent qu’il s’agit d’une bonne chose car seules les militants vont accepter de pratiquer l’avortement alors que ceux qui ne veulent pas ne vont pas le faire et de facto « maltraiter » leurs patients.
Audition.
Marie-Pierre Rixain, présidente de la délégation. Indique les objectifs de cette audition soit la réaffirmation de
« notre engagement pour l’IVG et largement en faveur des droits sexuels et reproductifs, inaliénables. L’IVG est dangereusement remise en compte par la montée des conservatismes. Il existe aussi des accès difficiles à l’IVG (disparités territoriales,…). Chaque femme doit pouvoir disposer de son corps, nous devons lui permettre de faire un droit à l’avortement libre et sans entrave. »
Laurence Esterle : Je vais vous présenter l’ANCIC. Elle a été fondée en 1979 à l’occasion du vote sur l’avortement. Nous sommes une association de professionnels et nous travaillons dans les centres d’avortements, des hôpitaux. Bien évidemment, notre but c’est de promouvoir les structures qui octroient les soins (ndlr. parle de « soin » en parlant de l’avortement). La diffusion de l’information ; encourager l’enseignement à la sexualité ; lutter pour la défense des droits à l’IVG sont quelques-unes de nos missions. On a plusieurs formes d’activités :
- On participe comme experts à des groupes de travail (notamment au Ministère de l’a Santé, Haute Autorité de Santé, Agence du Médicament)
- On fait des réunions régulières avec d’autres associations au niveau nationale et international et notamment le planning familial
- On organise tous les 2 ans des journées nationales avec des professionnels et des chercheurs et d’échanger sur des pratiques.
- On fait aussi des plaquettes, comme « zoom sur l’avortement », en revenant sur les arguments des sites de désinformation.
- On a des outils de formation qu’on met régulièrement en œuvre.
- On réalise des enquêtes et des travaux à base d’éléments scientifiques (notamment sur l’homme et l’ivg) et là on travaille sur les IVG précoce.
Emmanuelle Lhomme. Il y a des problèmes d’accès à l’IVG. L’acte à 100% remboursé a contribué à l’amélioration la prise en charge ; comme la possibilité pour les sages-femmes de pratiquer ; la suppression du délai, qui a amélioré la prise en charge également, ainsi que la loi sur le délit d’entrave qui a bien permis d’améliorer l’accès et enfin la loi qui va permettre les IVG pratiquées hors établissements de santé. Mais il reste des problématiques. Ce qui nous semble important c’est le problème d’accès des femmes à l’IVG et la parité quant aux différentes méthodes. Il y a des difficultés sur certains territoires. L’IVG médicamenteuse tend à faire disparaître l’IVG instrumentale. Si on continue sur cette avancée, ça risque de pénaliser les femmes sur l’accès à l’IVG. L’IVG dans les centres de santé pourra pallier ça. Il manque des décrets d’application. Les IVG instrumentales pourraient être pratiquées par les sages-femmes ; la certification des conseillères conjugales n’est pas reconnue alors qu’elles sont un maillon essentiel de la chaîne. Le maintien dans les centres d’IVG doit bénéficier de moyens dédiés (structures, accueil, praticiens ,…). Car ne pas faire d’espace dédié amoindrit la qualité de la prise en charge et ne facilite pas l’accès à l’IVG. Il subsiste des difficultés pour les femmes en situation précaire ; difficultés de prise en charge pour les mineurs : confidentialité ; professionnels qui ont du mal à les prendre en charge notamment les anesthésistes.
Je parlerai aussi des femmes qui dont des demandes au–delà de 14 semaines. Il y a manque d’accompagnement. La loi prévoit qu’on peut faire une demande médicale de grossesse mais ce n’est pas mis en œuvre dans les centres. Il est indispensable de travailler en réseau avec les ARS, les réseaux d’IVG médicamenteuse en ville et d’assurer les financements pérennes pour ses activités pour améliorer la situation.
Caroline Rehbi. Le planning a eu 60 ans l’année dernière ; c’est un réseau militant, féministe, on est 76 associations métropoles, outre-mer. On était à 400 000 personnes reçues l’année dernière, 60 000 consultations effectuées sur l’IVG. Pour les activités générales, on s’occupe de :
- L’éducation à la sexualité (prévention ; information sur les méthodes de contraception, égalité homme femme et genre)
- Consultations médicales pour la contraception, l’avortement médicamenteux mais pas encore l’avortement par aspiration parce que le décret d’application n’a pas encore été publié.
- Numéro vert qui permet d’avoir des informations objectives (27 000 appels par an)
Au quotidien, on a des salariés et des bénévoles. On intervient dans nos centres mais aussi à l’extérieur car on se déplace en métropole et en outre-mer ; on a des sages-femmes des médecins et des conseillères conjugales. On veut donner une information claire et objective. C’est important, car beaucoup de femmes nous disent avoir eu des contacts avec des sites de désinformation qui les relancent pour qu’elles n’avortent pas avant de rencontrer le planning familial. […]
On accueille les femmes qui arrivent à 14 semaines et on les oriente vers les cliniques à l’étranger.
Sarah Durocher. >Malgré les progrès de la loi, beaucoup d’éléments ne sont pas mis en place pour un meilleur accès à l’IVG. Notamment pour les remboursements à 100% : pour les femmes « sans papières » (sic) ou étrangères qui doivent payer si elles veulent avorter. Par ailleurs, il y a des personnels qui vont rendre la procédure compliquée. Il y a en fait des pratiques latentes, qui ne sont pas ouvertement déclarées, par des opposants ouverts, du type Manif pour tous. Mais par des professionnels qui ne veulent plus entendre que les femmes ne veulent plus être enceintes. […] La clause de conscience est une menace. En France elle n’est pas appliquée directement mais en Italie, elle est appliquée directement et les italiennes viennent en France à cet effet.
Questions
- Député Sophie Panonacle (LREM). Déplore que toutes les européennes ne puissent bénéficier de l’avortement. Comment pourrions-nous imposer que l’avortement soit dans la charte européenne. Notre pays ne pourrait-il pas être à l’initiative de ce mouvement ?
- Marie-Georges Buffet. Approuve que la question soit posée à l’échelle de l’UE. Ces derniers jours je lis dans la presse des changements de contraception, notamment les inquiétudes sur la pilule…
- Député Annie Chapelier (LREM). Interroge sur les méthodes de « résistance passive » des professionnels – mentionne notamment la demande répétée de « l’échographie pour culpabiliser les femmes » et leur montrer la présence de l’enfant. Peut-on les évaluer ? Infirmière, j’ai beaucoup de collègues qui émettent la clause de conscience ; elles s’arrangent pour ne pas être en charge des IVG . A-t-on commencé à les évaluer ?
Chantal Birman. Je représente une minorité de sage femmes engagées et clairement féministes. Les sages-femmes sont soumises à la pensée unique des gynéco obstétriciens. Clairement et majoritairement l’avortement a été une forme de bizutage des internes. Les sages-femmes ont toujours été du côté de la naissance ; l’engagement des sages-femmes du côté de l’avortement est un retour historique à ce qu’elles ont été à l’origine. Ce qui est une très bonne chose pour le maillage de la population. C’est très bien que les sages-femmes militantes retournent vers l’avortement et que certaines génèrent des clauses de conscience. Donc il faut que ce soit une population qui l’a choisie sinon il y a aura maltraitance de la population.
Emmanuelle Lhomme. Sur la question des praticiennes. Ce sont souvent des médecins généralistes et des gynécos. Ce sont des praticiens militants. Mais beaucoup arrivent à l’âge de la retraite. Il y a un problème de recrutement et de relève de ces médecins et de ces personnels militants. Il y a tous les freins de ces autres personnels qui sont bien présents qui peuvent par méconnaissance entraîner des freins à l’avortement. Elle déplore le cas italien pour ce qui concerne la clause de conscience. Sur l’évaluation des freins à l’IVG: je pense que le planning a plus de retours parce qu’il fait des enquêtes. L’ARS Ile-de-France a mis en place des plateformes en ligne pour faire part des difficultés locales. Sur les subventions et les moyens financiers des locaux ; il y a une répercussion sur l’accès à l’IVG qui est réelle.
Laurence Esterle. Sur la résistance passive : au cours du cursus médical, l’IVG et la contraception constituent un tout petit module. Il y a de la formation à faire pour sensibiliser les jeunes médecins.
Caroline Rehbi. Il reste des personnes anti avortements qui viennent dans nos locaux. Qui mettent des affiches de fœtus. Qui viennent donner des chaussons ou des médailles de la Vierge Marie aux patientes. Les femmes ont encore le courage de porter plainte. Il faut dire aux femmes victime du délit d’entrave sur internet, qui ne font pas forcément cette démarche, qu’elles sont en capacité de le faire. Par rapport au financement : la tête de réseau des financements du PF est nationale (2,6 millions) ; on a des financements des ministères et de l’Europe. Suivant les régions et les départements c’est indépendant (conseils départementaux, ARS, conseils régionaux,…. […] Au niveau des subventions, on a un retour en arrière dans la région PACA, Rhône Alpes, Ile de France. […] On a des budgets de l'Etat pour les centres d’informations et de conseils conjugales. On est financé de manière morcelée ; avec la suppression des contrats aidés, il va y avoir des pertes d’emplois dans quelques plannings.
Sarah Durocher. Déplore beaucoup d’attaques sur les contraceptifs à l’aide :
- D’une argumentation sur la nature (je ne veux pas que mon corps subissent les effets des hormones)
- Argument contre la contraception. Que les femmes veuillent choisir (sic, condescendance), qu’elles demandent que la contraception masculine soit déployée, nous on en est ravis. Ce qui nous ennuie c’est que les arguments utilisés contre les méthodes anciennes soient des arguments qui ne sont pas fondés scientifiquement. Diaboliser la pilule va engendrer une recrudescence du calcul et de l’interruption du coït.
Questions
- Député Trastour-Isnard. S’interroge sur le taux de mineurs avortant et demande : « comment renforcer la prévention ? Quelle est le degré de confidentialité ? Les parents sont parfois informés du fait des écoles… »
- Cécile Muschotti [Ex communiste / PS / militante depuis de nombreuses années]Député du Var, région PACA. L’IVG pendant les élections départementales, on a eu des questions graves sur le sujet du fait du FN. La résistance des praticiens ? a-t-on une possibilité de connaître de manière chiffrée ce taux ? Les femmes qui procèdent à l’IVG bénéficient de l’ensemble du kit pour les femmes enceintes. Est-ce qu’on ne pourrait pas de proposer aux praticiens une autre forme de docu ? Ou interdire de donner aux femmes ce genre de documents ?
Emmanuelle Lhomme. Déplore des méthodes intrusives des sites «de désinfo » sur internet. Sur la question des mineurs : la loi prévoit que si un mineur désire garder le secret et ne pas être accompagnée de ses parents c’est possible. En général ça se passe bien. Il y a des associations qui se proposent d’accompagner les mineurs. On trouve souvent un majeur qui devient accompagnant. Il y a aussi les infirmières scolaires qui font un gros travail. Il y a des possibilités. Reste le problème des facturations. Il y a un système qui fait que la carte de sécurité sociale fasse en sorte que çà n’apparaisse pas sur le décompte. Déplore ensuite les examens corolaires (prise de sang). Les femmes qui veulent le secret devront tout de même user de cette facturation. Sur la prévention dans des établissements scolaires : on manque de financement pour faire ces interventions scolaires.
- Marie-Pierre RIXAIN. Sur les délais : « Quelles méthodes / interventions seraient possible que le délai de prise en charge des femmes à partir du moment où elles expriment le souhait d’avorter : le délai de 5 jours est-il respecté ? »
Emmanuelle Lhomme. Il y a des problèmes structuraux du fait des périodes de l’année. Mais aussi un manque de moyens. S’il n’y a pas de structure dédiée, les femmes ne trouvent pas la porte d’entrée. C’est un vrai souci car avec la diminution des moyens dans les hôpitaux il y a diminution des personnels. Beaucoup de sage femmes se forment mais peu se forment à la pratique. Avec les départ à la retraite, il y a une délégation aux sage femmes sur la prise en charge des IVG qui ne peut se faire que pour l’IVG médicamenteuse.
Caroline Rehbi. On est sur une réponse entre deux et trois semaines. Faut pas avorter au mois d’août ou au mois de décembre. L’IVG médicamenteuse est choisi parce que ça va plus vite. Et comme ça peut être douloureux, elles préfèrent souvent la méthode par aspiration. Sur le nombre de mineurs : on est en dessous de 10 % de mineurs. Le groupe majoritaire c’est les 20 à 24 ans.
Sa voisine (du planning) : déplore l’absence de médecins à Orléans qui fait que pendant 1 ou 2 mois il n’y a pas eu d’avortements. Avec la loi du Mariage pour Tous, on ressent quelque chose autour du genre. On nous demande ce qu’on fait dans nos interventions ; cela ne nous dérange pas. Mais les mots sexualité, genre, sont de plus en plus difficiles à dire. Je fais un lien direct avec les anti choix que je surveille de près (sourire de part et d’autre) qui sont de plus en plus sur les réseaux sociaux. Ils s’adressent directement aux professionnels. Aujourd’hui, des associations ou des mouvements font de l’éducation à la sexualité où il y a de la désinformation comme AFTER BAIZ (Bravo Emile ! NDMJ).
Merci à AB
Semper Fidelis
Mais au nom du Ciel, quelle est cette folie furieuse qui pousse quelques uns à vouloir encore et toujours plus de massacre d’enfants innocents ?
Les constantes reculades des catholiques depuis des lustres sur tous les sujets “sociétaux” comme on dit aujourd’hui, n’explique pas tout ?
oxygène
les anti choix que je surveille de près…
La clause de conscience est une menace.
Décidément, la conscience leur pose problème.
c'est ici
Présidentes de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale et de cette fameuse Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes de l’Assemblée nationale : le couple actuel, LREM, constitué, respectivement, par Mme Brigitte Bourguignon et par Mme Marie-Pierre Rixain, sera -t-il moins néfaste que le couple, socialiste, précédent formé, respectivement, par Mme Catherine Lemorton (au centre sur la photo) et par Mme Catherine Coutelle (à gauche sur la photo ; à droite, la ministre Madame Rossignol), dont le rôle, au sein de l’Assemblée nationale, a été primordial pour faire passer (souvent nuitamment, en Commission des affaires sociales, où elles débordaient par leur extrémisme, les ministres socialistes, sans que les rares députés républicains présents ne réagissent) toutes les funestes lois sociétales du quinquennat Hollande, notamment celles concernant l’IVG ?
http://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/haute-garonne/toulouse/legislatives-catherine-lemorton-sortie-au-1er-tour-cabare-tete-1273739.html
Papon
Au XIX° siécle, lorsque la France etait encore civilisée, on disait d’une femme qui n’avait pas d’enfant qu’elle etait une femme manquée.