En septembre 1823, sur le Mont des Alouettes, la duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI, demandait la construction d’une chapelle du souvenir en l’honneur des soldats de la grande guerre et du martyre de la Vendée. A la demande de l’évêque de Luçon, l’association du « Souvenir Vendéen » achevait la chapelle en avril 1968 et conviait des milliers de personnes pour sa bénédiction.
Afin de commémorer cet événement historique, l’association « Jubilé de la Vendée », soutenue par plusieurs organisations attachées au maintien de la mémoire et à sa transmission dans les jeunes générations, tiendra le 2 septembre 2023 une journée de jubilé des 200 ans en présence de personnalités.
Le matin : cérémonies d’hommage à la duchesse d’Angoulême dans la chapelle Notre-Dame de la Vendée puis à son père devant la stèle qui lui est dédiée, messe et allocutions. L’après-midi : animations festives et familiales, rencontres avec des associations historiques et culturelles. En fin d’après-midi aux Herbiers : cocktail à l’espace Herbauges, puis concert spirituel église Saint Pierre.
Les monts, lieux d’élévation spirituelle
C’est sur le mont Moriah, en Judée, que Dieu demande à Abraham le sacrifice de son fils pour éprouver sa fidélité. C’est sur le mont Sinaï, en Egypte, que Dieu s’adresse à Moïse dans un buisson ardent pour lui révéler qui Il est, et qu’Il lui transmet par la suite les dix commandements. C’est du haut d’une montagne, près du lac de Tibériade, que Jésus proclame les béatitudes : « Heureux les doux car ils recevront la terre en héritage… ». C’est au Mont Tabor, près de Nazareth, que Jésus manifeste sa divinité par la Transfiguration…
Bien des sommets constituent, après les efforts nécessaires pour les atteindre, des lieux d’élévation de l’esprit qui permettent de contempler et de méditer face aux horizons qui se découvrent, sous un ciel qui semble plus proche. Des lieux où l’homme peut découvrir sa juste mesure, devant l’immensité de la création manifestant la puissance du Créateur. Dans la Bible, la montagne est ce lieu où l’homme rencontre Dieu, une sorte de lien entre Ciel et Terre, où l’homme s’élève vers Dieu, et où Dieu se penche vers l’homme.
De nombreuses régions ont leur « colline inspirée », selon l’expression de Maurice Barrès qui introduit dans son roman éponyme la Colline de Sion, en Lorraine. La Normandie a le Mont Saint-Michel, recevant en 966 des moines bénédictins traduisant les textes d’Aristote, et tournant leur âme vers l’archange qui combattit les démons par ce cri d’humilité « Qui est comme Dieu ? ». La Provence à la colline de la Garde, à Marseille, où fut érigée au XIIIe une chapelle dédiée à la Vierge Marie, protectrice des marins, puis au XIXe siècle la basilique Notre-Dame de la Garde. Cette région a aussi le massif de la Sainte-Baume, en haut duquel se trouve la grotte où vécut Sainte Marie-Madeleine.
Paris a le mont des martyrs, Montmartre, où Saint-Denis fut décapité vers l’an 250, avant de rejoindre plus au nord le lieu où fut érigée la basilique Saint-Denis, sanctuaire des rois de France. Paris a aussi la Montagne Sainte-Geneviève, où Clovis et son épouse Clotilde firent élever un monastère que fréquentait Geneviève, et où Louis XV fit construire l’église Sainte-Geneviève à la gloire d’un Dieu fait homme, devenue aujourd’hui Panthéon, à la gloire d’hommes qui se voudraient un peu comme des dieux.
Et la Vendée a le Mont des Alouettes !
Au Mont des Alouettes : fidélité à l’histoire
A l’origine mont nourricier par ses sept moulins produisant le froment, il devint dans la tourmente de 1793 mont protecteur, véritable observatoire, et messager prévenant par les ailes de ses moulins, comme des sémaphores, les campagnes environnantes des mouvements des Bleus.
Le 17 septembre 1823, il y a juste 200 ans, Marie-Thérèse de France, duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI, est reçue avec beaucoup d’émotion dans la ville de Bourbon-Vendée, aujourd’hui la Roche-sur-Yon. Le 18 septembre, au Mont des Alouettes, elle honorait plus de 12 000 anciens combattants, et exprimait le désir de voir ériger une chapelle du Souvenir à la mémoire des soldats ayant combattu pour Dieu et pour le roi.
Le 6 juillet 1828, Marie-Caroline de Bourbon, duchesse de Berry, épouse du fils de Charles X, par la suite héroïne de la dernière guerre de Vendée de 1832, est venue se recueillir dans ces contrées. Elle y reçut un accueil triomphal, et, entre Madame de Charette et Madame de la Rochejaquelein, décora de nombreux vétérans de la « Grande Guerre ».
En avril 1968, à la demande de l’évêque de Luçon l’association du Souvenir Vendéen achevait la Chapelle du Souvenir, et conviait des milliers de personnes pour sa bénédiction, puis pour une Grand-messe. Laissé depuis 1830 à l’abandon, le monument de pierres vide, ouvert à tous vents, aurait pu disparaître. En protégeant l’autel consacré par des vitraux évocateurs, et par un portail surmonté de l’inscription : « 1793, la Vendée fidèle », la chapelle dédiée à Notre-Dame de la Vendée ressuscite. C’est aussi un peu toute la Vendée, fidèle à ses traditions, qui renait.
En mai 1993, devant plus de 10 000 personnes, eu lieu la bénédiction d’une stèle dédiée au roi Louis XVI, suivie d’une Grand-messe, prières aux intentions du roi martyr et de toutes les victimes de la Grande Guerre, dans un esprit de réconciliation. La stèle présente avec la figure du roi ses dernières paroles de charité : « Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis ». Face au calvaire de la mission de 1920, encadré par les deux moulins, le souvenir du père et de la fille se trouve ainsi rassemblé.
Philippe de Villiers, signant l’avant-propos de son dernier livre « La valse de l’adieu » au Mont des Alouettes, révèle que dans sa jeunesse, en route vers ce mont, ses parents rappelaient le souvenir de “la Hussarde” qui introduit son livre, jeune héroïne de la Vendée revêtue d’un uniforme pris sur un hussard. Le père Argouarc’h, de la Sainte Croix de Riaumont, commence son livre « Passion de la Vendée » par une évocation intime : « J’ai toujours aimé m’arrêter au Mont des Alouettes, en ces moments mon cœur bat un peu plus vite ». Livre à la mémoire du « corps mystique de la Vendée sanctifié par sa passion », demandant la béatification des enfants martyrs des Lucs-sur-Boulogne.
La déclaration du poète de la Vendée, Jean Yole, gravée au pied d’un moulin du Mont des Alouettes, est éloquente : « C’est le rôle de chaque génération de recueillir ce que la tradition retient de sages leçons, d’énergies accordées, pour ensemencer les réalités futures. La tradition c’est le pied mère, le progrès c’est le greffon ». Rien n’est plus moderne et riche de promesses que cet enracinement, la Vendée le prouve aujourd’hui.
Un jubilé de la Vendée tourné vers l’avenir
Le 2 septembre sera une journée d’unité, sous l’égide d’une association « Jubilé de la Vendée », faite pour rassembler dans un esprit non pas d’oubli mais de pardon, Vendéens natifs ou Vendéens de cœur, tout homme de bonne volonté soucieux du bien commun. Journée joyeuse et familiale, fondatrice, regroupant de nombreuses personnalités, autour d’une jeunesse sans complexe, fière de son histoire. Journée de témoignage, malgré toutes les difficultés, d’une espérance pour l’avenir de notre maison commune, notre patrie, la France. François Athanase Charette dans ses derniers jours déclare à l’officier bleu le conduisant : « Monsieur, rien ne se perd jamais ». A nous de le démontrer par notre mobilisation ce jour-là.