… selon Roland Hureaux, sur Liberté politique :
L’indépendance du Kosovo serait la première transgression d’une règle non écrite qui a prévalu partout en Europe depuis 1990. De même que les frontières entre États sont, conformément à la charte de l’ONU et aux accords d’Helsinki, tenues pour intangibles, l’éclatement des fédérations quand il a lieu doit suivre le pointillé des limites entre les entités antérieurement fédérées. C’est dans le respect de cette règle qu’ont éclaté l’URSS, la Yougoslavie puis la Tchécoslovaquie.
Les effets en sont sans doute discutables […]. La Bosnie-Herzégovine et la Macédoine, dépourvues d’homogénéité sont devenues des États, le minuscule Monténégro aussi parce qu’ils étaient fédérés au sein de l’ensemble Yougoslave, à la différence du Kosovo qui n’était, lui, qu’une province autonome de la Serbie.
Mais pour discutable que soit cette règle, sa transgression aurait d’immenses conséquences : elle ouvrirait vite la voie à toutes les revendications sécessionnistes et appellerait à terme un immense redécoupage de la carte politique de l’Europe qui ne pourrait se faire que dans le sang.
Ces inquiétudes sont un aspect de cette éventuelle indépendance ("inéluctable", dixit le Président Sarkozy). Un autre est que, pendant la campagne de bombardements contre la Yougoslavie en 1999, l’OTAN avait nié avec véhémence que l’issue en serait l’indépendance du Kosovo.