Mercredi dernier, Tony Blair et José Luis Zapatero on lancé un appel, un peu nébuleux, à créer une "alliance des civilisations" occidentale et islamique contre le terrorisme, pour remplacer le paradigme du "choc des civilisations." L’idée, reprise par Kofi Annan, avait à l’origine été présentée par Zapatero et le premier ministre turc Erdogan. On devine derrière ce beau concept l’argument-massue, dans les années à venir, en faveur d’une entrée de la Turquie dans l’UE (exemple, en anglais.)
Dans Présent de vendredi, Jeanne Smits proposait, à propos de cet appel, une réflexion sur la "civilisation." Mais en prenant le terme dans son sens de "contraire de la barbarie", plutôt que dans le sens de classification empirique qu’avait pris Huntington :
(…) De quelles civilisations parlons-nous ? Peut-on encore qualifier de "civilisation" une culture qui détruit ses propres enfants, qui glorifie le néant à travers son propre suicide, et qui (comme en Espagne) a totalement détruit ses propres fondements et fondations en annihilant le mariage et la famille ? (…) Comment s’opposer à la "barbarie du terrorisme" en s’appuyant, même ensemble, sur la barbarie de la culture de mort ?
L’alliance des civilisations dont parlent Blair et Zapatero a toutes les allures d’une caricature, d’une singerie. Elle passe à côté de la seule alliance de civilisations possible – y compris aujourd’hui, le cas échéant, avec les pays musulmans – qui passe par le respect d’une transcendance, et d’une loi naturelle s’imposant à tout homme parce qu’elle lui vient de Dieu. (…) Le Vatican n’a pas attendu Blair et Zapatero pour faire cette "alliance" sur le plan naturel, en coopérant au cas par cas devant les instances internationales avec des pays musulmans pour faire empêcher telle ou telle avancée de la culture de mort. (…)