Depuis De Gaulle, la droite avait abandonné la culture, laissée à la gauche, qui a pu ainsi faire prospérer ses idées, aboutissant à la révolution culturelle de Mai 68. Les temps changent et désormais, c’est la droite qui est créatrice sur le terrain culturel. Voici des extraits d’un article intéressant du quotidien Le Monde, qui s’inquiète du succès du Puy du Fou :
L’affrontement idéologique se déroule sur le terrain esthétique. L’opposition entre progressistes et nationalistes se joue à travers des mises en scène spectaculaires du patrimoine et de la culture populaire. Du Puy du Fou à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, le conflit des imaginaires politiques se livre désormais à travers de gigantesques scénographies historiques. A tel point que le défilé olympique du 26 juillet sur la Seine fut qualifié de « troisième tour esthétique » par la philosophe Sandra Laugier. Comme si cette parade fluviale était un condensé des valeurs du front républicain en 3D. Une réplique esthétique à la guerre culturelle menée par la droite conservatrice, réactionnaire et identitaire qui étend son emprise dans la sphère médiatique. […]
Concepteur du Puy du Fou, inauguré en 1978, parc à thème consacré notamment à l’histoire vendéenne et attaché à figurer les racines chrétiennes de la France, Philippe de Villiers ne s’y est pas trompé. Dans Mémoricide (Fayard, 384 pages, 21,90 euros), ouvrage suscité par la « rage » éprouvée lors de cette soirée de cérémonie olympique, le président du Mouvement pour la France évoque une « blessure esthétique » provoquée par cette « bascule » vers le « grand renversement », celui de la « défrancisation » et de l’ « expatriation mémorielle ». Ce défilé fut globalement considéré par l’extrême droite comme une « propagande woke », selon le mot de Marion Maréchal. Et, si Jordan Bardella salue la « réussite » des Jeux olympiques dans Ce que je cherche (Fayard, 324 pages, 22,90 euros), le président du Rassemblement national (RN) regrette la « privatisation idéologique d’un événement mondial » par « des mises en scène militantes ». […]
Y a-t-il une politisation de l’art humaniste ? « C’est notre défi », reconnaît Patrick Boucheron après ce pari réussi. « La cérémonie d’ouverture a montré qu’une monumentalité républicaine et inclusive était possible », ajoute Thomas Jolly. Mais l’heure n’est plus à la fanfaronnade. La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques fut une incontestable victoire idéologique. Mais le couvercle ne s’est-il pas refermé ? « La gauche gagne les grandes batailles culturelles, mais elle ne sait pas les exploiter, ni gérer la guérilla d’usure qui abîme l’éclat d’un moment de concorde et de joie », constate Patrick Boucheron. Il y eut bel et bien un « troisième tour esthétique » , mais aussi un « quatrième tour de reprise en main idéologique », observe Sandra Laugier. « Cette cérémonie nous a fait plaisir, mais la bataille des idées est loin d’être gagnée », renchérit Mathilde Larrère. En résumé, déclare Patrick Boucheron, « les Jeux sont faits, mais qu’est-ce qu’on fait » ?
L’envie est grande de transformer l’essai. D’où la volonté de l’historien de créer, avec le metteur en scène Mohamed El Khatib, un son et lumière en dix tableaux consacrés à l’histoire de France au château de Chambord, à l’été 2027. […]
Si le soufflé des cérémonies comme celle des Jeux olympiques retombe rapidement, explique-t-il, c’est parce qu’elles s’absorbent « comme du sucre rapide », alors que l’art travaille « comme une taupe » dans les consciences, par infusion lente. Sans parler de la façon contemporaine d’envisager la scène comme un espace de réparation et de réconciliation, alors que « la théâtralité met en jeu le négatif et la conflictualité », fait-il observer : « On ne peut pas opposer aux images d’une France éternelle et identitaire celles d’une France des Lumières consensuelle sans donner l’impression qu’une bourgeoisie sociale-démocrate fait la leçon. » […]
Thomas Jolly estime, de son côté, qu’il faut « repartir à la conquête des publics, investir de nouveaux lieux, toucher les gens plus largement, comme les pionniers de la décentralisation théâtrale l’ont fait, à l’image de Jean Vilar, directeur du Théâtre national populaire, qui jouait pour le public des usines Renault » . « On ne peut pas continuer à jouer nos pièces devant des cercles d’habitués en attendant que le RN monte inexorablement, il faut œuvrer à davantage de mixité sociale », poursuit Mohamed El Khatib.
D’autant que d’autres productions grand public ne cessent de voir le jour. A l’image de Raconte-moi la France, nouveau spectacle mis en scène par le scénariste Bruno Seillier, qui considère, dans Le Figaro Magazine du 11 octobre, nécessaire non seulement de recourir au fil chronologique afin de faire comprendre et aimer l’histoire de France, mais aussi de « mesurer la force de nos racines chrétiennes que certains voudraient aujourd’hui oublier ou moquer ». Créé le 21 octobre au Zénith d’Auvergne, à Clermont-Ferrand, ce show qui réunit 100 comédiens, cavaliers, cascadeurs et danseurs avec la voix d’André Dussollier et un final musical conçu par Vianney tournera dans 42 grands lieux de diffusion.
Afin de faire du plateau de Gergovie une « destination touristique de premier plan », Laurent Wauquiez, ancien président (Les Républicains) de la région Auvergne-Rhône-Alpes et député de l’Assemblée nationale, souhaite développer ce « site mythique », notamment avec un spectacle immersif destiné à « rendre hommage à la civilisation gauloise ».
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La bataille culturelle ne se livre pas uniquement sur le terrain des spectacles grandioses ou présentés devant de petites jauges. Les séries télévisées sont toujours des « vecteurs d’inclusivité », avec des héros gay, trans ou issus de l’immigration, analyse Sandra Laugier, mais on observe un « backclash venu de la contre-offensive trumpiste », qui a, notamment, conduit Hollywood et Disney à « mettre de l’eau dans leur vin sur la question des minorités », sans compter que le livre autobiographique du futur vice-président des Etats-Unis, J. D. Vance, Une ode américaine, fut porté à l’écran par Amy Adams et Glenn Close, et reste disponible sur Netflix, fait-elle remarquer. En France, une série documentaire de Canal+ adaptera Le Suicide français (Albin Michel, 2014), d’Eric Zemmour.
Après des années de domination culturelle de la gauche, les répliques esthétiques humanistes sont aujourd’hui fortement concurrencées par les représentations nationalistes. Nous ne sommes plus au temps où la Confédération générale du travail pouvait financer La Marseillaise(1938), un film de Jean Renoir aussi bien consacré à la Révolution française qu’au Front populaire, observe Mathilde Larrère. Mais nous assistons à la volonté de réinventer non seulement un théâtre, mais aussi un art « élitaire pour tous », comme disait le dramaturge Antoine Vitez, même si celui-ci passe désormais par d’autres formes, comme celles des musiques urbaines ou de la bande dessinée, d’autant que, poursuit l’historienne, « le monde de la culture reste majoritairement mû par le souci d’accompagner les nouvelles vagues de l’émancipation face aux ritournelles de la réaction ». La guerre culturelle est déclarée, mais la résistance esthétique est en train de s’organiser. Car la bataille des imaginaires ne fait que commencer.
Sophie
Eh bien, je choisis de prier pour que les artistes, les cinéastes voulant mettre leur talent au service d’idéologies mortifères, malsaines, se retrouvent privés de leur talent, afin qu’ils ne séduisent personne, ou du moins un minimum de gens.
Collapsus
Il est assez jouissif et même un tantinet comique de voir les z’élites “intellectuelles” se rendre compte que leur bazar de pacotille mêlant en vrac le wokisme, le transhumanisme, le genre, la repentance, le laid leur reste sur les bras. Ils ont beau essayer de s’auto-convaincre que la cérémonie des Jeux fut un grand succès, il leur est difficile de masquer le bide flagrant de leurs théories fumeuses et déjantées auprès du grand public. L’événement incontestable de la réouverture de Notre-Dame leur reste irrémédiablement dans le gosier.
Décidément le succès sans cesse grandissant du Puy du Fou sera toujours pour eux l’épine dans le pied qui marque le tournant irréversible des idées vers leurs racines, vers la spiritualité et vers l’Histoire qui ont marqué la grandeur de la France.
Australe
les progressistes n’apportent rien à l’attente des jeunes à la recherche de beau et de repères.
La gauche est estérile, elle veut faire table rase de notre histoire.
Comment peut-elle expliquer le code napoléonien sur les (non)droits des femmes?
les femmes sous l’ancien régime étaient plus libres qu’au XIXème, elles ne voterons qu’en 1945
BMN
De Gaulle parlant de la gauche : « Laissons leur la culture, cela leur fera un os à ronger ».
Il a de la sorte initié les prémisses de la révolution culturelle de 1968, dont dont savourons(!) aujourd’hui tous les fruits mûrs que sont les idéologies telles que gauchisme, wokisme, transhumanisme, genrisme, écologisme, etc …
Voir également la notion « d’hégémonie culturelle » développée par le marxiste italien Gramsci (années 1920).