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Valeurs chrétiennes : Culture

La bibliothèque idéale d’un catholique français en 2022

La bibliothèque idéale d’un catholique français en 2022

Charles-Henri d’Andigné, journaliste, notamment à Famille chrétienne, propose une sorte de bibliothèque idéale pour un catholique français en 2022, avec un ouvrage intitulé Cent livres pour comprendre le monde, petite bibliothèque pour un catholique d’aujourd’hui.

Frappé par le manque de culture de nombreuses personnes diplômées, qui s’intéressent à l’actualité mais ne connaissent pas les philosophes, historiens, sociologues, penseurs qu’elles devraient connaître étant donné leur niveau intellectuel, Charles-Henri d’Andigné propose une liste d’ouvrages majeurs, qui aident à comprendre de manière claire, simple, pédagogique, le monde de plus en plus compliqué dans lequel nous vivons.

Sans repères culturels solides, il est difficile d’appréhender les grands enjeux de notre société, prise en étau entre un islam conquérant et des idées déconstructrices de plus en plus sectaires.
100 petits chapitres pour donner des armes intellectuelles face à une réalité complexe et hostile.

Les auteurs étudiés sont modernes, des XXe et XXIe siècles, croyants et non-croyants, de droite comme de gauche. Pêle-mêle : Brague, Orwell, Delsol, Viguerie, Gauchet, Debray, Bloom, Lasch, Michéa, Leys, Bernanos, Claudel, Houellebecq et bien d’autres.

Nous l’avons interrogé pour comprendre comment il a effectué ce choix cornélien :

Vous publiez un ouvrage recensant Cent livres pour comprendre le monde, avec en sous-titre “Petite bibliothèque pour un catholique aujourd’hui”. Faut-il comprendre qu’un catholique serait moins enclin à comprendre le monde ? Quel est ce monde que nous devons comprendre ? Cette bibliothèque ne peut-elle pas servir à un non-chrétien ?

Non, bien sûr, les catholiques ne sont pas moins enclins que les autres à comprendre le monde. Il se trouve que c’est à eux que je m’adresse plus particulièrement, et j’annonce la couleur avec ce sous-titre dont vous parlez. Je pars d’une idée fort simple : le monde qui nous entoure est beaucoup plus complexe qu’autrefois. Ce qui était évident ne l’est plus : la répartition sexuelle des rôles, qui autrefois allait de soi, n’est plus acceptée ni comprise ; le mariage, la famille sont bouleversés par les évolutions « sociétales » récentes, au point que certains veulent mettre un « s » à famille, pour signifier qu’il en existe de nombreux modèles. Pareil pour les sexes, que l’on appelle désormais « genres », et dont on nous assure qu’ils sont innombrables… L’autorité des parents, des professeurs, est remise en question. Les institutions séculaires sont menacées, d’autres sont à terre, je pense à l’Université. Nous n’avons plus de principes communs sur lesquels tout le monde était d’accord. Face à cela, les catholiques, qui ont pourtant tout ce qu’il faut pour réagir et être « droits dans leurs bottes », sont perdus. Beaucoup n’ont plus de repères. L’ambition de ce livre est de leur en donner. Cela me frappe, chez ceux des catholiques qui ont des responsabilités familiales, professionnelles, paroissiales, associatives : ils n’ont pas, en général, la culture générale qui va avec. Je leur donner quelques pistes, dans quatre domaines : religion, philosophie, histoire et société.

Quant aux non-chrétiens, ils peuvent lire ce livre, bien entendu, beaucoup des ouvrages dont je parle leur seront accessibles et devraient les intéresser (tout ce qui concerne l’histoire et la sociologie notamment, mais aussi des livres qui concilient foi et raison, je pense au chapitre sur Tresmontant – Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu -, et à celui consacré à l’abbé Laurentin, Science, Philosophie, Révélation, qui sont lisibles par des croyants et des non-croyants). Mais comment les non-chrétiens recevront-ils les chapitres consacrés à Bernanos, Péguy, Claudel, sainte Thérèse ? Je l’ignore. Cela m’intéresserait beaucoup de le savoir.

Dans le choix des ouvrages, vous déclarez en introduction vous cantonner à des ouvrages des XXe et XXIe siècles, afin d’éviter la liste des classiques trop connus. Mais on ne trouve pas pour autant d’encycliques pontificales, ni même, horresco referens, de textes du Concile Vatican II. Ces textes ne nous permettent-ils pas de comprendre le monde ?

Je me suis en effet cantonné aux XXe et XXIe siècles, sans quoi il aurait fallu 1000 livres… Sur les encycliques, il y aurait un livre passionnant à écrire : les grandes encycliques de l’histoire… Je laisse cela à plus savant que moi. Le concile Vatican II est en effet très important pour comprendre notre époque, et il est présent dans au moins deux ouvrages dont je parle : Rome et les lefebvristes, de Gérard Leclerc, livre synthétique, très juste à mon avis, à la fois honnête intellectuellement et bienveillant, ce qui n’est pas très courant ; et Mon concile Vatican II, de Joseph Ratzinger, recueil de conférences données à l’époque par le jeune et brillant théologien qu’il était, texte très éclairant sur l’interprétation traditionnelle qu’il convient de donner aux textes du concile. Il ne parle pas encore d’« herméneutique » de la « continuité », mais l’esprit y est. Joseph Ratzinger se sera battu toute sa vie, comme théologien et comme pape, pour faire nettement la différence entre le vrai concile Vatican II, celui des textes, et le concile à la sauce médiatique, colporté sans vérification à gauche comme à droite.

Votre ouvrage liste donc un certain nombre d’oeuvres, par thèmes, pour comprendre la philosophie, la religion, l’Histoire, la société. Mais les récents volumes de Patrick Buisson, La fin d’un mondeou La cause du peuple, ni ceux d’Eric Zemmour, comme Le Suicide français ou Destin français en sont absents, tout comme Maurras et Madiran. N’ont-ils rien à nous faire comprendre du monde d’aujourd’hui ?

On remplirait une bibliothèque avec les livres dont je ne parle pas ! C’est une tentation bien naturelle, avec ce genre d’ouvrages, de s’étonner des livres qui n’y sont pas… Je fais d’ailleurs la même chose avec les livres des autres, comme je le dis dans le chapitre sur Les grandes personnalités catholiques de France de François Huguenin : il en a choisi quinze, ce qui est peu ! Pourquoi celles-là et pas les autres ? L’absence de certaines personnalités n’enlève rien à la valeur de son livre.

Les auteurs dont vous parlez, je les connais, je les lis et je les apprécie. Mais il bien fallu faire un choix, et exclure bien d’autres auteurs excellents. Ce qui fait que mon livre est incomplet, par nature, il a un côté personnel, subjectif, discutable… Mais plutôt que d’insister sur les absents, je préfère mettre l’accent sur les présents : philosophes, comme Rémi Brague ou Thibon, théologiens, comme Bernard Sesboué ou François Jourdan, romanciers, comme Camus ou Genevoix, historiens, comme Jean de Viguerie ou Jean-Christian Petitfils, sociologues, comme Mathieu Bock-Côté ou Christopher Lasch, inclassables, comme Simone Weil ou Hélie de Saint-Marc… Comme vous le voyez, les lecteurs seront en très bonne compagnie !

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1 commentaire

  1. En revanche avoir mis Simone Weil et Hélie de Saint Marc dans la classe des “inclassables” me ravit.

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