Tribune de l'abbé Houard pour votre blog :
"Que faire demain ?
Brûlante question qui hante légitimement l’esprit de la jeunesse. Et qui taraude les parents. Enfin pas tous, quand le niveau scolaire a donné accès à l’une ou l’autre de ces écoles supérieures qui combinent formation et orientation.
Pour les autres, c’est, comme on disait, « la bouteille à l’encre »[1]. Ils sont « désorientés » (c’est un comble !) par la forêt dense des orientations à choisir et souvent très tôt. Tout commence évidemment par des préférences personnelles, qui évoluent avec l’âge et le hasard des rencontres. Quel garçon n’a pas rêvé d’être pompier ?
Avec l’entrée au collège, se présente une double alternative : enseignement technique ou enseignement général. À l’entrée au lycée, les choses se compliquent encore avec la multiplication des filières et des options. Là aussi, il faut choisir sans y voir clair dans les contraintes et les débouchés.
D’ailleurs, remarquons-le, tous ces choix sont guidés par des convenances personnelles. On oublie que la société a ses propres exigences et nous invite à poser le problème en d’autres termes. « Ne demandez pas ce que l’Amérique peut faire pour vous, disait le président Kennedy, demandez vous ce que vous pouvez faire pour l’Amérique ». Les besoins de la société sont des guides autant que nos talents. Si développés qu’il soient, ces derniers ne répondent pas obligatoirement aux propositions du marché du travail. Ainsi la société ne peut-elle pas forcément offrir à chacun ce à quoi sa formation lui permettrait de prétendre… En perpétuelle évolution, le marché abandonne des propositions qu’il faisait hier. Plus que la formation professionnelle ce qui va compter désormais, c’est l’adaptabilité, la souplesse, bref la culture générale plus que la spécialisation.
Qu’elles puissent le comprendre, les familles n’en sont pas rassurées pour autant. Elles restent attachées à une nomenclature des professions où elles pensent trouver des emplois prometteurs. Des gourous, souvent autoproclamés, se nourrissent de l’inquiétude d’un monde inquiet. Le conseil est devenu, comme on dit aujourd’hui, un « créneau porteur » où se bousculent les inactifs. Peut-on s’empêcher d’y voir, dans bien des cas, « un délit de faiblesse » ? Par conséquent, prudence… « les conseilleurs ne sont pas les payeurs ».