De Rémi Fontaine dans Présent :
"Tandis que Renaissance catholique nous annonce le thème de sa prochaine Université d’été : « Après la Chrétienté ? », les éditions de L’Homme nouveau publient « Chrétienté, réveille-toi ! »
du converti britannique Aidan Nichols (o.p.). Alors : hier ou demain la
Chrétienté ? Et pourquoi pas aujourd’hui, comme le propose l’abbé de
Tanouärn, qui nous tient (sur son blog) des paroles pleines d’espérance
sur le « Printemps français » et sa sève catholique. […]Si la Chrétienté est « tout simplement une société que l’Eglise a informée »,
comme le dit Christina Scott (au sens philosophique), on ne peut que
constater qu’on s’en éloigne de plus en plus politiquement. Si l’Eglise
en effet est la communauté nécessaire à notre salut qui agit
(sur)naturellement dans la Cité en Chrétienté, c’est à condition d’y
trouver une cause matérielle, c’est-à-dire des mœurs et des
institutions temporelles adéquates qu’elle puisse précisément informer,
animer, comme l’évoque admirablement Péguy. Sinon, n’en déplaise à
Mgr Vingt-Trois, l’Eglise agit forcément en « contre-culture ». N’en demeure pas moins que, même dans cette contre-culture minoritaire qu’elle développe sous forme d’une dissidence
dans divers Etats totalitaires, elle agit toujours en vue d’une
nouvelle Chrétienté, en vue d’une renaissance à la fois spirituelle ET
temporelle, selon le propre de la vie chrétienne.
En lisant les chapitres du P. Aidan Nichols, qui sont autant de voies pour le réenchantement de la Chrétienté, nous pensions au livre du P. Paul Doncoeur (s.j.), Retours en Chrétienté,
en réponse à Mounier, après une seconde guerre mondiale
particulièrement ravageuse. Aidan Nichols explore les domaines de la vie
humaine que l’Eglise est appelée à redynamiser de l’intérieur sous
forme d’une diffusion d’anticorps dans un organisme agonisant :
réassocier foi et culture, réenchanter la liturgie, reconstituer une
société de familles, resacraliser la culture matérielle…[…] Au creux de l’apostasie des masses, une source juvénile de
Chrétienté pourrait jaillir du Printemps français, avec ce qu’on a
appelé les générations Jean-Paul II et Benoît XVI,
si l’on réussit à réunir intimement ces éléments constitutifs de toute
reconstruction : foi, sacrements, mœurs, institutions. Rendez-nous la
messe, le catéchisme et les Ecritures… mais rendez-nous aussi nos
écoles, notre scoutisme, nos entreprises : des institutions éducatives,
économiques, politiques conformes à la doctrine sociale de l’Eglise ! […]Si la (micro)Chrétienté est tout simplement une société que l’Eglise a informée, nous avons aujourd’hui beaucoup de sociétés (certes imparfaites
au sens philosophique), comme ces écoles indépendantes, ces unités
scoutes, ces diverses associations civiques et culturelles…, qui sont de
petits points lumineux, appelés, si Dieu veut, à devenir des taches et
des faisceaux de lumière de plus en plus grands dans les ténèbres de
notre monde sécularisé. Ne nous y trompons pas : ce sont les membres de ces multiples structures de bien, ces anticorps de la dissociété, qui sont au cœur de ce « Printemps français » en manque encore de formes
et de chefs. Notre sain et légitime communautarisme, national et
catholique, n’est pas un exil des faibles cherchant dans le passé et
l’imagination où construire ses enchantements particularistes. Il est au
centre de la Cité et des réalités de ce monde en ruines, comme le camping pour tous de ces veilleurs s’opposant au « mariage » gay envers et contre les CRS
et le monde politico-médiatique. Il est une force, une sève et un
levier chrétien, seul capable de soulever les pierres brisées, écarter
les branches mortes de leur mensonge relativiste. Affirmant en effet pour tous un printemps contre-révolutionnaire : il faut que France et Chrétienté ressuscitent !"