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La chrétienté : un temporel dans lequel tout homme peut respirer, s’il le veut bien, l’air sain et vivifiant de la vérité et des vertus

La chrétienté : un temporel dans lequel tout homme peut respirer, s’il le veut bien, l’air sain et vivifiant de la vérité et des vertus

Voici l’homélie prononcée par l’abbé Jean de Massia, aumônier général de Notre-Dame de Chrétienté, lors de la messe d’action de grâce du 42e pèlerinage :

Dieu est bon : à lui la Gloire, pour les siècles des siècles ! Voilà ce que nous voulons retenir de ce 42ème pèlerinage de chrétienté. Quel moment, chers amis, quel bonheur de faire à nouveau cette expérience de la chrétienté missionnaire ! C’est la joie – joie au milieu de l’épreuve et de la pénitence – qui a été cette année le témoignage visible le plus éloquent de l’action divine, et nous espérons qu’il aura convaincu d’autres âmes du bonheur que c’est de suivre Jésus-Christ. Comment résumer en quelques mots ce que nous avons vécu ? Tout le monde a cité les éléments marquants, visibles de cette édition : la jeunesse, la joie, l’amitié, le nombre des pèlerins, la pénitence, la pluie et le beau temps, la qualité de l’organisation – bravo à eux –, la messe traditionnelle diffusée à la télévision – historique, la venue du Cardinal Müller, tant d’éléments qui contribuent à la beauté de cet évènement et à son rayonnement. Mais il est une chose invisible que chacun de nous a perçu avec certitude, sans pouvoir toujours l’exprimer : c’est l’irruption de l’action divine dans le cœur des hommes.

Car on a beau préparer un pèlerinage quinze mois à l’avance, organiser tous les détails, prévenir toutes les difficultés… arrive le samedi matin, à St Sulpice, et là comme chaque année survient quelque chose d’étonnant, de difficilement mesurable, une chose à laquelle on ne pourra jamais s’habituer : Dieu se mêle de nos affaires, il déjoue nos plans, sa grâce intervient, et toute la préparation matérielle et même ses défauts et ses imperfections, se trouvent alors sublimés par un supplément d’âme non prévu et non maitrisé qui nous rappelle que Dieu est à l’œuvre, pourvu que nous remettions nos œuvres entre ses mains. C’est un sentiment imperceptible pour le regard extérieur, qui anime cette microchrétienté dans laquelle la grâce joue à plein régime, parce qu’on la laisse jouer, parce qu’on a essayé de réunir les conditions favorables afin qu’elle joue. Tel pèlerin, venu en touriste, craque sous l’assaut divin et confesse toute sa vie au pied de la cathédrale ; tel moment difficile, comme cette messe du soir à Choisel sous l’orage menaçant après 40 kms de marche, devient un instant hors du temps et peut-être l’un des moments les plus priants du pèlerinage ; tel membre des soutiens qui nous confie avoir retrouvé l’espérance lors de l’élévation d’une brève messe privée à 4h30 du matin le dimanche… et tant d’autres. Oui, ce qui compte à Chartres c’est ce qui est invisible, ce sont ces fioretti célestes que la souffrance et la peine mais aussi la prière et la joie ont rendues possibles, et chacun de nous ce soir a un motif précis que lui seul connaît dans le fond de son cœur pour rendre grâce à Dieu, car malgré la faiblesse de ses ouvriers, la force divine s’est manifestée dans nos âmes et nous a fait faire un pas de plus vers le Ciel : et c’est la seule chose qui compte, en réalité.

Chers amis, la grâce de Dieu agit partout ; mais l’expérience humaine nous montre que la grâce agit mieux lorsqu’on y est disposé, lorsqu’on se trouve dans un contexte et un environnement qui nous prépare, lorsque l’âme est préservée de l’intoxication mortifère du monde, lorsque comme dit Péguy, « rien ne cache plus l’homme de devant Dieu ». C’est cela, l’expérience de Chartres. Au pèlerinage, nous essayons de créer les conditions favorables, et Dieu fait le reste. Et alors, quelle respiration ! Et cela, ces conditions favorables, ça n’est rien d’autre, mes amis, que la chrétienté : un environnement social dans lequel, sans forcer quiconque, on dispose tout ce qu’il faut pour que le Christ soit reconnu, un temporel dans lequel tout homme peut respirer, s’il le veut bien, l’air sain et vivifiant de la vérité et des vertus qui l’environne, une société dans laquelle le bien est encouragé et le mal réprimé, où l’âme est soutenue par des règles, des exigences, des lois, toute une ambiance naturelle et chrétienne qui rend plus aisée la noble vie d’homme et de chrétien. Le pèlerinage est cet essai de chrétienté, et les fruits qui en découlent alors qu’il ne dure que trois jours, nous font penser que le combat en vaut la peine, et que si la société ressemblait un peu plus au pèlerinage, les hommes iraient mieux. C’est en tout cas ce que nous dit Jésus-Christ : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la Terre : allez, enseignez les nations, les baptisant, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé. » Voilà pourquoi l’an prochain nous marcherons sur ce thème : « Pour qu’il Règne, sur la terre comme au Ciel », renouant avec les origines mêmes du pèlerinage, avec la conviction que la société, et non seulement l’âme, peuvent et doivent être imprégnées de la douce loi de Jésus-Christ. Comme l’écrivait Jean Madiran,

« nous sommes faits pour vivre notre temporel en chrétienté. Sinon, ce sont les âmes qui n’arrivent plus à respirer ! »

On parle peu des hommes dans les sermons tradis, et encore moins des hommes vivants, et l’on a bien raison car Dieu est bien plus intéressant. Cependant je pense que le Ciel ne nous en voudra pas de savoir rendre grâce aussi pour le bien qui passe par ses bons et fidèles serviteurs, ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui, organisateurs du pèlerinage. C’étaient, et ce sont des laïcs, et cela est bien : immergés dans le temporel, eux dont la mission est de construire la société de demain, eux qui sont pères et mères de familles, ils savent par connaturalité l’importance de la transmission de la foi, et ont un droit naturel à choisir catholiquement les instruments de transmission qui fonctionnent. Merci aux organisateurs d’hier, dont certains sont parmi nous ce soir, pionniers du pèlerinage. Merci aux organisateurs d’aujourd’hui qui ont œuvré toute l’année, et spécialement à notre président, Jean de Tauriers, pour ce 12ème pèlerinage conduit avec une énergie jamais entamée, une vigilance assurée contre toute sorte d’affadissement et d’erreur, une attention particulière à l’unité, au rayonnement missionnaire, le tout dans la joie que seule procure l’amitié chrétienne authentique.

À la jeune génération qui se lève et s’engage, il appartient de continuer l’œuvre dans la fidélité. C’est une grande mission que de transmettre la foi reçue. Une mission qui rend heureux. Confions cette mission, et l’avenir du pèlerinage, entre les mains de la Vierge Marie. Elle dont la beauté est précieuse car elle ne cherche pas à séduire, à attirer vers elle, mais nous renvoie constamment au modèle : Dieu, nous montre son fils et nous dit, comme à Cana : « faites tout ce qu’Il vous dira. » Car nous ne voulons pas enseigner notre propre doctrine, mais celle de Jésus-Christ ; et nous ne voulons pas ramener à nous les personnes, les éloges, la reconnaissance : mais tout rendre à Dieu, car tout est pour lui. À cela, nous saurons que notre œuvre est juste, et qu’elle est agréable au Seigneur.

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