Bernard Cazeneuve a vivement critiqué mercredi la clause Molière, mesure qui vise à imposer le français sur les chantiers. Pour le Premier ministre, elle s’apparente à « une clause Tartuffe » dont les promoteurs visent « à tirer profit électoral ».
Cette clause a été créée en mai 2016 par l’adjoint au maire d’Angoulême Vincent You (ancien vice-président du FRS, l'ancêtre du PCD, et chef de cabinet de Christine Boutin au ministère du Logement). L’objectif était de s’assurer que les travailleurs puissent communiquer entre eux afin de renforcer la sécurité sur le chantier. Il s’agit par ailleurs d’éviter le recours aux travailleurs étrangers pour lesquels les entreprises peuvent payer des charges jusqu’à 30% moins chères qu’en France. 5 régions ont déjà adopté cette clause de préférence nationale sans le nom.
Imposer le français sur les chantiers publics pour compliquer l’emploi de travailleurs détachés inquiète Bruxelles, où les législateurs tentent de s’accorder sur un encadrement renforcé du détachement des travailleurs. La député européenne Élisabeth Morin-Chartier LR explique :
« J’ai alerté, y compris dans mon propre parti, sur le fait que cette clause contrevenait aux libertés fondatrices de l’UE, car elle rompt l’égalité entre citoyens de l’UE ». « Cette clause entérine une discrimination des travailleurs sous couvert de sécurité ».
Le président du Medef, Pierre Gattaz, s’est opposé à cette clause, car cela coûte plus cher aux entreprises d'embaucher des Français :
« Vous commencez comme ça, et puis après vous commencez à faire du favoritisme, et puis ensuite vous fermez les frontières françaises, et puis vous finissez par sortir de l’euro ».
Marine Le Pen a pour sa part estimé que
« c’est du patriotisme honteux. Comme on n’ose pas dire clairement les choses et demander la suppression de la directive détachement des travailleurs (…), on prend des chemins contournés ».