Dans Le Vrai génie du christianisme, Jean-Louis Harouel traite longuement de la distinction entre Dieu et César, qui a constitué une véritable nouveauté dans l'Histoire et a permis la prodigieuse réussite économique, scientifique, technique et sociale de l'Occident. Hélas, cette distinction est aujourd'hui remise en cause, non pas seulement par l'islam, mais par la religion d'Etat :
"Officiellement, la France est un pays laïque, un pays de séparation de l'Etat et des religions, un pays de séparation du politique et du religieux. Mais cela ne vaut pas pour les religions séculières.
Cela ne vaut pas pour l'"écologisme", ce millénarisme dans lequel se sont réfugiés un certain nombre d'orphelins du millénarisme communiste, qui ont trouvé là "un nouvel idéal de ocntrainte et de planification auquel il faudrait bien, selon l'inquiétante formule de Nicolas Hulot, "se résoudre de gré ou de force"". […]
Aussi bien la religion politique d'Etat par excellence est-elle indiscutablement la "religion qui est sortie du retrait du divin". C'est cette religion là qui est entièrement au pouvoir. Là, il n'y a aucune laïcité, aucune séparation du politique et du religieux. Socle d'une extension indéfinie des droits de l'homme, la religion de l'humanité est la religion officielle, tout particulièrement en France. […]
Selon Ferdinand Buisson, la morale laïque est "la plus religieuse des morales" en même temps que "la plus morale des religions". […] Comme le souligne Vincent Peillon, les objectifs de la "religion laïque" étaient clairs : "le salut de la société et non de l'individu, le paradis sur terre, la rédemption de tous, l'effort et la justice". […]
Ce n'est que dans le courant du second XXe siècle que la religion de l'humanité va devenir la religion d'Etat que nous connaisson : un système politico-religieux réglementariste, coercitif et répressif. […] [L]'Etat n'est même plus le double de l'Eglise, comme sous l'Ancien Régime, il est aussi l'Eglise. […]
Des pans entiers du droit sont devenus une religion séculière d'Etat, avec en guise de prêtres les magistrats […]".