Extrait d’un entretien donné par le cardinal Burke à Philippe Maxence :
Dans un entretien donné à ACN, le 10 août dernier, vous disiez qu’une grande partie de la tourmente actuelle est associée à une rhétorique populiste sur l’Église, y compris sur sa discipline. Qu’entendez-vous par là ?
Cardinal Burke – Nous observons malheureusement que de nombreux membres de l’Église (parfois ayant des responsabilités très élevées dans la hiérarchie ecclésiastique, et à ce titre particulièrement responsables de la conservation et de la diffusion du dogme de la Foi) ne proclament plus clairement la Foi mais au contraire affirment de manière ambiguë ce qu’une frange de la société et des médias voudraient entendre. C’est précisément une forme de populisme, dans le sens où l’objectif est de plaire à cette minorité et non plus de proclamer la Foi – c’est-à-dire le Credo, les commandements, la discipline constante de l’Église depuis les Apôtres, etc. – et de l’expliquer.
Vous écrivez dans la préface que vous avez donnée à l’ouvrage de Julio Loredo et Jose Antonio Ureta, Processus synodal : une boîte de Pandore (TFP, 2023), que la « synodalité » et l’adjectif « synodal » sont devenus de véritables slogans. N’est-ce pas un procédé typiquement révolutionnaire appliqué à la doctrine de l’Église : avancer des slogans en lieu et place de concepts théologiques pour faire avancer un bouleversement ecclésiologique ?
La confusion en matière de théologie, de morale et même de philosophie élémentaire dans laquelle nous vivons est nourrie par un grand manque de clarté dans le vocabulaire utilisé, et c’est probablement délibéré de la part de certaines personnes. Nous assistons à un glissement sémantique de certains mots ou expressions, ce qui rend l’enseignement de l’Église incompréhensible sur certains points. Je pourrais citer à ce propos l’expression miséricorde de Dieu par exemple. Mais parfois, de nouveaux mots sont introduits ou utilisés à l’extrême sans définition claire, c’est le cas du mot synodalité.
Dès lors que ces concepts deviennent centraux et ne sont pas clairement définis, la porte est ainsi ouverte à qui veut les interpréter de manière à rompre avec l’enseignement constant de l’Église sur ces thèmes.
L’Histoire de l’Église nous enseigne que la résolution des pires crises, comme la crise arienne par exemple, commence toujours par une grande précision dans le vocabulaire et dans les concepts employés.