L'abbé de Tanoüarn est interrogé dans L'Action Française 2000. Extraits :
"Il y a une connivence mystérieuse entre l’islam et la République, qui ne se ressemblent pas quant au fond mais qui réalisent deux formes analogiques. L’islam et la République sont fondés sur l’idée que la loi est absolue et qu’elle n’a pas à en référer ni à un ordre naturel, ni encore moins à un ordre divin : Allah est en dehors de sa création qui, dirait-on, ne le concerne pas. La religion islamique, culte de la loi (charia) sans cesse réinterprétée par des fatwas, a ce point commun fondamental avec la République : l’une et l’autre érigent la loi positive au dessus de tout, par delà même le bien et le mal. Pour un républicain, le bien est ce qui est légal, pour un imam, ce sont les fatwas précisant la charia qui permettent aux fidèles de faire le bien en toute tranquillité même quand elles sont sanglantes et quand le bien qu’elles proposent paraît contraire à l’élémentaire instinct moral, à la common decency, comme disait Orwell.
Et le catholicisme ?
Il est difficilement soluble dans la République parce que ce n’est pas une religion de la loi. Nous savons depuis saint Paul que l’observance de la loi rend fou. Il en a tiré les conséquences en donnant son cœur au Christ. Ce que l’ on reproche au catholicisme aujourd’hui est d’être la religion du cœur, la religion qui ose continuer à dire que le cœur a ses raisons que parfois la loi ne connaît pas. Rousseau, déjà, dans le dernier chapitre du Contrat social, s’offusquait de cette autorité spirituelle capable de contredire tous les absolutismes politiques. À cet égard, il donnait nettement sa préférence à l’islam sur le christianisme.
Le catholicisme est-il pour autant antisocial, comme le pense Vincent Peillon ?
Pas du tout. La vraie sociabilité ne vient pas de la loi mais du cœur. On disait des premiers chrétiens, dans les Actes des apôtres, qu’« ils ne font qu’un cœur et qu’une âme ». Le christianisme est tellement convaincu, depuis toujours, de sa vocation à donner un cœur à la société des hommes, qu’il s’est autoproclamé depuis le premier siècle (depuis au moins Ignace d’Antioche) catholique, c’est-à-dire universel. Cette universalité n’est pas l’universalité autoritaire de la loi, mais l’universalité ouverte du respect mutuel et de l’amour."