Interrogé à propos de son livre dans l’Incorrect, Philippe de Villiers déclare :
[…] La construction européenne est ontologiquement conspirationniste. Elle s’est faite avec des versements secrets en dollars venant de la CIA et des officines qui lui sont liées, moyennant des opérations d’influence au service des intérêts américains. C’est ce vice constitutif que j’ai voulu viser et je publie, en annexes, plus d’une centaine de pages de documents qui sont autant de preuves irréfutables de la conspiration menée contre les nations d’Europe.
Voilà soixante-dix ans que l’on nous parle d’Europe-puissance, or il n’y en a jamais eu, et pour cause: le gène déconstructeur qui fragmente et mine l’Union européenne d’aujourd’hui était dans l’ADN du corps d’intention des Pères fondateurs. Voilà soixante-dix ans qu’on nous dit que la construction européenne a été portée par la ferveur populaire, or les Mémoires de Monnet, qui ont été financés par la CIA, montrent qu’il n’y a jamais eu de ferveur de cette sorte et que l’Europe est une commande américaine. Voilà soixante-dix ans qu’on nous dit que l’idée européenne a germé dans la Résistance, or je montre que c’est une imposture et qu’elle vient au contraire de Vichy.
À tous ceux qui accusent les eurosceptiques ou les «populistes» d’être des crypto-nazis faisant résonner de nouveau le bruit des bottes des années 1930,
je réponds que c’est une insulte incroyable quand on découvre que l’architecte du traité de Rome fut un des juristes d’Hitler ! […]Vous êtes sévère avec Schuman…
Il faut entrer un peu dans la psychologie des personnages. Schuman, c’est un homme qui ne sait pas ce que c’est qu’une nation. Il est un traumatisé des confins: il change trois fois de nationalité avant l’âge de 32 ans. Il ne cesse, dans sa jeunesse, de courir après le pacifisme de Marc Sangnier. Il soutient les accords de Locarno et les accords de Munich, et, dans son idée, il faut absolument un accord avec l’Allemagne. Il passe son temps en oraisons. C’est un neutre. S’il faut un saint pour les neutres, il faut le béatifier. Lui comme Monnet n’avaient pas la passion de la France.
En quoi croyaient-ils alors ?
Jean Monnet, qui était anglo-saxon de culture, et Robert Schuman, qui était démocrate-chrétien, avaient trois croyances:
1. Que les nations étaient des survivances du passé;
2. Qu’il fallait faire sauter la frontière sémantique entre la politique et l’économie ;
3. Que l’Europe n’était qu’une « étape vers les formes d’organisation du monde de demain ».
Nous y sommes. L’Europe sans corps, sans tête, sans racines, cette fabrique de l’homme de sable, c’est ce qu’ils ont voulu faire. Je crois qu’une nation, c’est une famille de familles, et que, quand on fait sauter la frontière physique et la frontière anthropologique en même temps, comme c’est le cas en ce moment, il ne reste plus rien. Le mondialisme hédoniste fait le vide et le mondialisme islamiste fait le plein. […]