Explications de Jacques Garello, économiste libéral :
"(…) Quel langage ont donc tenu la gauche, modérée ou extrême, et l’extrême droite ? Il faut changer de système. C’est le capitalisme qui serait la cause du chômage, de la stagnation, des inégalités sociales, de la dette publique. Le capitalisme c’est la mondialisation, c’est la finance, c’est la pollution. Il faut donc s’affranchir des marchés, se protéger contre les concurrents, ou les étrangers, mettre fin à la loi du profit, aux immenses bénéfices des multinationales et aux scandaleux revenus de leurs dirigeants.
Quel langage ont donc tenu les candidats de droite ou du centre ? Il faut réglementer, encadrer le système. C’est le capitalisme sauvage qui est à l’origine de la crise financière, spéculateurs et banquiers ont été laissés trop libres. Il faut taxer, contrôler les transactions financières. Les échanges internationaux sont faussés par la concurrence déloyale de pays qui sous-payent le travail (quand ils ne maltraitent pas les travailleurs), qui créent des paradis fiscaux, qui massacrent l’environnement et gaspillent les ressources naturelles. D’où la nécessité de mettre en place un protectionnisme concerté au niveau européen. Dans l’entreprise capitaliste, la répartition de l’effort collectif est favorable au capital, aux actionnaires, et défavorable aux salariés : la justice sociale n’est pas assurée. Il faut protéger les uns contre les autres, limiter les plus values. Vive la réglementation !
La réglementation s’accompagne naturellement de la régulation : le capitalisme non encadré est sujet à des fluctuations conjoncturelles. L’État a pour mission d’harmoniser la croissance, de relancer en cas de dépression et de freiner en cas de surchauffe. La monnaie et le budget sont des armes privilégiées pour mener les politiques conjoncturelles. Vive la régulation !
(…) Il a souvent fallu faire le grand écart entre les électeurs entreprenants et les électeurs assistés, entre ceux qui possèdent un patrimoine et ceux qui n’en ont pas, entre ceux qui ont la sécurité de l’emploi et ceux qui s’inquiètent pour leur situation professionnelle. Mais qu’importe : l’essentiel est de changer de système ou de changer le système.
C’est l’erreur fatale. Erreur car la crise n’a pas pour origine le capitalisme, mais l’étatisme.
Origine lointaine, car voilà plusieurs décennies que les États vivent au-dessus de leurs moyens. Voilà plusieurs décennies que les États Providences ont donné une prime à l’incurie, à la tricherie. Voilà bien longtemps que les services publics ne sont plus au service du public. Qui va nous faire croire que c’est la mondialisation ou le krach boursier qui aurait tout déclenché un beau jour de 2008 ?
Il est vrai que la vigueur et la longueur de la crise ont pour origines immédiates les faillites bancaires et l’envolée de la dette publique. Mais les faillites sont à mettre au passif de la politique de la FED, et aux subprimes inventées par l’administration américaine. Quant à la ruine complète des finances publiques, elle a été due à la politique de « stimulus » et de relance pratiquée avec une belle unanimité sur les conseils du G20. On a soutenu des pans entiers de l’industrie et du secteur bancaire, on a encouragé la consommation et épuisé l’épargne par de nouveaux emprunts, par de nouveaux impôts, on a déployé toutes les mauvaises armes pour lutter contre le chômage. L’erreur a consisté à ne pas comprendre les dégâts causés par des politiques qui aboutissaient à vider le capitalisme dans ce qu’il a d’efficace et de juste : l’initiative, la responsabilité, le respect des conventions, l’état de droit.
Erreur fatale, et doublement fatale. D’une part, elle prolonge à coup sûr la crise, car la France et certains pays européens n’ont pas compris que le reste du monde est à l’heure de l’adaptation et de la compétitivité. Donc le chômage et les dettes continueront à s’accroître.
D’autre part, elle dresse les gens les uns contre les autres, ravive la lutte des classes et la lutte des races, et prépare une explosion sociale destructrice de l’économie, nous privant des effets apaisants du capitalisme, car la libre entreprise et le libre échange, débarrassés de l’État providence, crée une communauté d’intérêts et engendre le progrès social. L’économie de libertés n’est pas affrontement, elle est harmonie.
Fatale dans ses effets, l’erreur peut être salvatrice quand on en prend conscience. Je souhaite qu’il en soit ainsi dans les prochains mois, peut-être hélas à la lumière des nouvelles épreuves que la France va rencontrer. Je conseille même au Président candidat, s’il veut l’emporter, de la reconnaître entre les deux tours et de tenir un discours plus lucide et plus mobilisateur parce que plus libéral."
Pierre
Belle erreur d’appréciation de l’exact etatisme enfin, centralisme néfaste.
C’est bien l’etatisme qui est le maux, mais l’etatisme mondialiste, européiste.
Il est intéressant de remarquer que les etatistes, au sens stricte du terme, favorable à plus de pouvoir central, en France, par exemple, sont actuellement des libéraux, en comparaison des ultra libéraux, qui est plus un ultra jacobinisme.
André Paul
Je suis d’accord avec ce que vous dîtes. C’est dommage qu’Alain Madelin n’ait pas poursuivi son oeuvre. Jacques Garello est certainement un des meilleurs économistes de notre temps.
Je le connais depuis 1985 et me rendais régulièrement à ses Universités d’Eté à Aix en Provence. D’ailleurs j’y suis retourné en 2011.
Amitiés Jacques
André DUHAMEL
Sancenay
je rejoins Pierre, ceci est un playdoyer sensiblement abusif:
Car en effet, sans empêcher nullement l’hyper-concentration des richesses que nous constatons , c’est une euphémisme, force est de constater que l’ultra-libéralisme a dilué les responsabilités des états dans le package manifestement très alléchant proposé à des vrp de l’ europe et de la mondialisation sans condition, si pressés d’exister qu’ils vendent désormais ouvertement père et mère , et l’enfant avec, entier ou même en kit!
Ceci après s’être empressés de jeter aux orties, on comprend pourquoi, les si embarrassantes racines chrétiennes!
Bien sûr la production de richesses peut avoir de bienfaits pour la société, c’est même un lapalissade que de la dire, mais à condition toutefois qu’elle soit encadrée et inspirée notamment par des états non moins inspirés dont c’est le devoir.
Il est clair qu’à cet égard les états en question ont grandement besoin de soins palliatifs pour être réanimés au sens littéral du terme.
Si un certains nombre d’acteurs politiques commencent à s’en apercevoir, fût-ce tardivement pour certains , il convient de ne pas les dissuader, car il y aura bien besoin de toutes les bonnes volontés dont la provenance ne saurait se limiter à la pitoyable mise en scène matérialiste autant convenue que désuète, “droite” contre “gauche”, pour s’opposer au désastre.
Pour tous les hommes de bonne volonté il y a un guide pratique commun: c’est l’ordre naturel.Malheur à ceux qui persisteraient à le braver ou à prétendre en aggraver la sinistre “évolution”.
lavandin
La crise que nous vivons est une crise provoquée par les emprunts excessifs et répétitifs des états . Le surendettement des etats n’est pas la faute des marchés financiers mais des différents états qui en ont usé et abusé, tout en spéculant sur des rentrées fiscales depuis 30 ans, et qui n’ont jamais été au rendez vous
VD
Crise de l’étatisme, mais aussi crise de l’éducation qui ne remplit pas son rôle d’éveil de l’intelligence à la vérité.