… analysée par Jean-François Kahn, ex-directeur de Marianne, aujourd’hui à la retraite :
"Sur les dix dernières années, la baisse d’écoute des télévisions et des radios est aussi très frappante. C’est une crise cataclysmique, le mot n’est pas trop fort. Les gens ne s’en rendent pas toujours compte car cette crise a été progressive. Mais si nous étions dans une pure économie de marché, il n’y aurait plus de quotidiens. C’est une crise de la démocratie, la télévision étant par ailleurs contrôlée par le pouvoir, soit en raison des liens d’amitié du patron de TF1 avec Nicolas Sarkozy, soit parce que la télévision publique est une télévision d’Etat. […]
Il faut tout remettre à plat. D’abord sur un plan technique : il n’y a pas de concurrence dans l’imprimerie […] La presse a beaucoup perdu en abandonnant la polémique. […] Aujourd’hui, le consensus général est mortifère. […] Dans certains hebdomadaires, les recettes publicitaires ont atteint 80% des recettes globales. On a donc gonflé artificiellement les ventes pour justifier les tarifs de vente des pages de publicité. […]
Internet est un formidable contre-pouvoir et aussi un véhicule étonnant de haine. Mais comme la presse s’est interdit le discours agressif, il faut un exutoire. Si les médias avaient accepté de mener eux-mêmes la critique des médias, ils auraient eu la crédibilité pour ensuite dire aux gens : cette rumeur est bidon."