Dans l’éditorial de L’Homme Nouveau, Philippe Maxence revient sur la consultation effectuée auprès des paroisses en vue du synode romain sur la synodalité
[…] Il faudrait certainement pouvoir étudier comment la consultation a été menée, qui a pris part à la rédaction des résumés diocésains, comment furent nommés les rapporteurs. Mutatis mutandis, il y a fort à parier que nous sommes ici face à un processus, parfaitement mis en évidence par Augustin Cochin à propos des cahiers de doléances, à travers l’action de groupes réducteurs et de noyaux dirigeants, censés exprimer les désirs de la masse. À ce sujet est très révélateur le constat établi par Mgr Joly, « responsable de l’équipe Synode 2023 » : « toutes les sensibilités ne se sont pas exprimées et il nous manque une génération, les 25-45 ans ». En gros, celle qui se retrouve sur les routes de Chartres à la Pentecôte. Autre aveu de taille, celui de la démission de l’autorité, comme l’admet implicitement le même Mgr Joly :
« nous n’avons pas choisi de réajuster théologiquement le contenu du document issu des réunions synodales dans les diocèses, par souci d’écoute et de transparence et pour que les gens ne disent pas qu’ils n’auraient pas été entendus. Cela nous bouscule mais rien n’a été occulté par respect de la démarche synodale. »
À l’heure même où la démocratie moderne cogne contre le mur de sa faillite (révélée par les énormes taux d’abstention aux élections), l’Église s’enfonce encore plus dans ce processus qui ne peut que ruiner son assise, et pourrait la réduire, nonobstant sa constitution divine, à n’être plus que l’équivalent de la confession anglicane à l’échelle universelle.
Sensus fidei !
Face à cette situation, la solution ne réside certainement pas dans un simple processus de réaction ou dans le retour à un statu quo ante. La crise que nous traversons touche principalement la foi. Il faut en rétablir les conditions, et ce devoir appartient au magistère. Pour ce qui nous concerne comme fidèles, nous devons plus que jamais nous appuyer sur le sensus fidei, non comme expression de l’opinion majoritaire, mais comme une sorte d’instinct qui incline le croyant à poser des actes d’adhésion à la vérité révélée. Dans un document publié en 2014, la Commission théologique internationale (CTI) rappelait que « dans l’histoire du peuple de Dieu, ce fut souvent non pas la majorité, mais bien plutôt une minorité qui a vraiment vécu la foi et qui lui a rendu témoignage ». Notre route est ici clairement tracée.