Depuis novembre, les épiscopats ont lancé des consultations sur la base d’un questionnaire communiqué par le Vatican, en vue de préparer le Synode sur la famille qui s’y tiendra du 5 au 19 octobre 2014. La conférence des évêques suisses a rendu public le 4 février l'une des consultations menées dans ce cadre. Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, et vice-président de la conférence des évêques suisses répond à Famille chrétienne :
"Les résultats de l’enquête menée par l’Institut suisse de sociologie pastorale expriment une opposition forte, y compris chez les catholiques, à la doctrine de l’Église sur les divorcés remariés, les unions homosexuelles…… Comment réagissez-vous ?
Tout le monde se doutait que les résultats n’auraient pas une tonalité de nature à satisfaire les évêques. Ce qui apparaît clairement, c’est que l’enseignement moral de l’Église n’est pas bien reçu, du moins ce que croient en connaître les personnes. En fait, beaucoup de gens croient connaître l’enseignement de l’Église alors que ce n’est pas le cas. C’est un clair défi sur le plan de la formation chrétienne. Toutefois, nous avons précisé qu’il ne s’agissait pas d’une consultation populaire : on n’a pas fait voter le peuple, comme cela se fait beaucoup en Suisse. On voulait avant tout avoir une vision assez générale de ce que les gens pensaient.
L’opposition à la doctrine de l’Église est-elle liée à une génération ?
La réaction vive, voire critique, à l’égard de l’enseignement de l’Église, on la sent en particulier chez les personnes âgées. Celles-ci sont marquées par une attitude de rejet à l’égard de l’Église, dont elles considèrent qu’elle « régentait » autrefois leur vie. Les jeunes sont plutôt indifférents ou, s’ils ont redécouvert la foi récemment, sont au contraire très attachés à cet enseignement. Mais ils sont nettement moins nombreux que leurs aînés. […]
Existe-t-il un risque que la liberté des travaux du synode soit entravée par la pression des médias ?
Ce risque existe. Le fait même qu’on ait lancé cette consultation a suscité l’idée que l’Église allait changer. Avec pour conséquence un autre danger : celui de décevoir.
Ce risque ne viendrait-il pas d’un malentendu sur le rôle de l’Église ?….
Lors de la conférence de presse sur les résultats du questionnaire, j’ai remarqué que les journalistes ne parviennent souvent pas à comprendre que nous cherchions avant tout à transmettre l’enseignement du Christ et non à le modeler selon notre bon plaisir. Or, celui-ci est assez exigeant dans le domaine du mariage. Je constate une sorte d’incapacité à accepter comme sincère la position de la personne qui parle. Les journalistes ont l’impression que nous avons besoin d’exprimer notre jargon interne, mais que nous ne pensons pas ce que nous disons. Les propos que j’ai tenus, destinés à expliquer le message de l’Église sur la famille, n’ont généralement pas été retenus. Cela renforce mon impression qu’il y a besoin de formation. On le voit d’ailleurs aussi au succès rencontré par les cycles de formation chrétienne pour les adultes. C’est un défi très intéressant et tout sauf déprimant ! […]"